Placée sous la coordination de Mgr Daniel Franck Nzika, évêque d’Impfondo et président de la Commission épiscopale de l’éducation catholique, la 17e session du Conseil national de l’école catholique s’est tenue du 2 au 4 novembre 2023 au Centre interdiocésain des œuvres, à Brazzaville, sous le thème: «La synodalité comme mode de gouvernance de l’école catholique au Congo». Sœur Agnès Clarisse Nkourissa, religieuse de la Congrégation des sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé et secrétaire générale de la Commission épiscopale de l’éducation catholique (C.E.EDU.C.) et l’abbé Vivien Carol Etouolo, secrétaire général de la Conférence épiscopale du Congo (C.E.C) y étaient présents.

C’est après deux années de passage à vide (2020-2021; 2021-2022) à cause de la pandémie du Coronavirus, du manque de logistique à la C.E.EDU.C et la nomination des nouveaux directeurs diocésains dans la quasi-totalité des diocèses du Congo, que la C.E.EDU.C renoue avec les sessions. La 17e du genre a connu la participation de près d’une cinquantaine de délégués venus de tous les diocèses, hormis l’archidiocèse d’Owando (absent), les inspecteurs, les supérieurs majeurs et des partenaires des Eglises Evangélique et Kimbanguiste des écoles conventionnées.
S’exprimant à l’ouverture des travaux, sœur Agnès Clarisse Nkourissa a réaffirmé: «La synodalité nous amène à avoir une même vision, un même idéal et les mêmes objectifs. L’école catholique est un sujet ecclésial, un service qui doit avoir un projet éducatif qui a de l’éthique: enseigner, éduquer et évangéliser. La Commission épiscopale de l’éducation catholique se déploiera dans tous les diocèses pour rappeler toutes ces vertus cardinales de vivre ensemble pour une école de référence, de préférence et d’excellence», a-t-elle déclaré.

Les participants a la session
Les participants à la session posant avec l’évêque président

Mgr Daniel Franck Nzika a rappelé quant à lui, que la synodalité a pour définition de marcher ensemble. «Ce thème fédérateur peut être reformulé comme suit: marchons ensemble pour une meilleure gestion de l’école catholique comme il est écrit dans le texte de Luc 5, 4: Il a dit à Simon: Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher et comme le rappelle aussi le Pape François».
La leçon inaugurale ou exposé de cadrage a été donnée par le frère père Armel Badi Bilombo, franciscain, sur la synodalité comme mode de gouvernance de l’école catholique. Droit canon à l’appui il a démontré combien ce thème était révélateur et important alors que l’école congolaise dans l’ensemble traverse des moments difficiles, surtout avec le phénomène de la délinquance juvénile en milieu scolaire. Il a rappelé la nomenclature de la communauté éducative qui est composée de l’évêque ordinaire du lieu, du vicaire épiscopal, des directeurs diocésains, des coordonnateurs, des commissions diocésaines, des directeurs chefs d’établissement scolaire, du personnel administratif, des enseignants, des élèves et des parents d’élèves. «La synodalité comme volonté qu’a l’Eglise de cheminer ensemble pour faire face aux défis de son époque. Les concepts de gouvernance et d’éducation sont des modalités qui accompagnent l’élaboration des politiques éducatives», a-t-il indiqué.
Pendant trois jours des travaux, les participants ont été édifiés et ont pris connaissance des réalités des diocèses, à travers l’état des lieux et la radiographie faits par les directeurs diocésains de l’école catholique (DDEC), suivis de quelques suggestions. Dans l’ensemble, ils ont déploré le manque d’infrastructures viables pour une éducation de qualité, notamment la précarité des bâtiments devenus vétustes et délabrés dont certains datent de l’époque coloniale; le manque de matériel logistique; l’épineux problème d’immatriculation du personnel à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS); l’épineux problème des bénévoles et vacataires dont le recrutement serait imminent à la Fonction publique selon le quota disponible, fixé par le ministère de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’alphabétisation; la non application de l’accord-cadre signé en 2017 entre le Saint-Siège et l’Etat congolais; le licenciement abusif des enseignants sans tenir compte du cahier de charge; les salaires impayés en dessous de la grille fixée par l’Etat. A cela s’ajoute l’enclavement des diocèses ruraux par manque de voies d’accès. En tout cas, de nombreux problèmes freinent l’évolution de l’école catholique. Pourtant, au niveau des examens d’Etat, dans l’ensemble, les résultats sont satisfaisants. Aussi, pour un meilleur suivi de l’élève, chaque diocèse devra mettre en place un bureau diocésain des parents d’élèves. Outre les communications faites par les directeurs diocésains, il y a eu d’autres intervenants. M. Bernard Kouba de la C.E.EDU.C a fait une mise au point sur les activités du projet «Ecole verte» lancée en 2017 lors du Conseil national de l’Enseignement catholique tenu à Djambala. Il a mis en relief les différents aspects qui caractérisent ce projet, notamment: l’hygiène, l’assainissement, la lutte contre les maladies des mains. Le directeur de l’Enseignement protestant a exposé sur le réseautage des écoles confessionnelles en s’appuyant sur la mise en place d’une structure d’ensemble afin de bien relever les défis qui s’imposent aux écoles. Les supérieurs majeurs du Congo ont axé leur communication sur la définition des concepts de synodalité, de gouvernance et d’éducation.
La communication de l’école technique des métiers et de la pharmacie était axée sur sa genèse, ainsi que sur les opportunités d’apprentissages. Le groupe NSIA, une société d’assurance, a présenté aux participants sa gamme de produits. Le représentant de l’université catholique d’Afrique centrale -l’institut catholique d’arts et de métiers (U-CAC-ICAM) a parlé des différents types de formations qui s’articulent autour de l’ingénieur en informatique et généraliste avec des volumes de formations respectives. Sœur Agnès Clarisse Nkourissa et M. Raoul Sika, tous de la C.E.EDU.C, ont fait le compte rendu de l’assemblée générale de l’organisation internationale de l’Enseignement catholique-Afrique centrale (OIEC-AC) tenue à Bata, en Guinée Equatoriale. L’institut supérieur catholique Mater Dei dont le siège est basé à la cathédrale Sacré-Cœur (Place mariale) a présenté les filières dans leurs spécificités. Enfin, sœur Rolande Solange Milandou, Franciscaine missionnaire de Marie, a parlé de la drogue et ses méfaits en milieu scolaire et familial.
Mgr Urbain Ngassongo, évêque de Gamboma et vice-président de la Conférence épiscopale du Congo, invité surprise, a exhorté les participants à travailler ensemble et en synergie pour être plus efficaces dans le combat spirituel et de l’éducation.
Au terme de cette session, les participants recommandent: l’uniformisation du document sur l’enseignement de la culture religieuse; la mise en place d’une plateforme des écoles confessionnelles pour le suivi des prescriptions des conventions auprès du Gouvernement; la digitalisation de l’enseignement catholique; la prise en compte des personnels de l’école catholique dans la Fonction publique territoriale.
A la cérémonie de clôture, sœur Agnès Clarisse Nkourissa a souligné qu’au «sortir de ces assises, il nous faut entreprendre cette marche synodale que nous appelons de tous nos vœux, en mettant en place un espace de concertation pour affronter avec davantage de chance de succès les défis qui se signalent, mieux s’imposent à nous au quotidien», a dit la secrétaire générale de la C.E.EDU.C.
Mgr Daniel Franck Nzika a indiqué que l’heure est maintenant au travail et personne n’a le droit de dormir sur ses lauriers. «Les défis à relever sont énormes et cela ne peut se faire que si nous marchons ensemble». L’évêque président a rendu un hommage à M. Pierre Nzila, ancien ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et supérieur, décédé la semaine dernière, suite à un accident de circulation.
A signaler que M. Pierre Nzila a rendu d’énormes service à l’Eglise catholique dans la retrocession des écoles.

Pascal BIOZI KIMINOU