Il semble désormais acquis que le principal parti de la Majorité, le PCT, se mobilise pour gagner la prochaine échéance électorale. Les slogans qu’il fait diffuser ne trompent pas sur la volonté de triomphe de «son candidat naturel», c’est-à-dire le Chef de l’Etat. Les fameux «un coup K.O.» qui fusent ici et là ne trompent pas sur cette détermination.
Détermination légitime au demeurant. A un an de l’élection majeure dans notre pays, aucune formation ne devrait se trouver en état de léthargie face à l’horloge qui tourne. Si l’impréparation devait surprendre une quelconque formation politique, de la majorité ou de l’opposition, la faute ne devrait en incomber qu’à elle-même. Pas au coronavirus !
Pourtant, une élection électorale devrait aussi connaître son «top, départ !». Toutes les formations politiques devraient se voir signifier le temps de se lancer dans la bataille. Car il ne serait pas juste et équitable que le starting-block soit à plus d’un talon pour les uns. Le leitmotiv répété est: pour des élections libres, transparentes et apaisées. Parce que l’histoire de notre pays est longue de violences autour d’un vote.
Toujours contesté et contestable dans sa préparation, son déroulement et ses résultats, le vote a assis en nous des réflexes pavloviens. Que se passera-t-il au lendemain du vote? Comment réagiront les protagonistes devant leur échec éventuel? Comment sera le pays pendant et après le vote: les fonctionnaires pourront-ils toucher leur paye avant? Etc…
Ces questions induisent ensuite un comportement, un état d’esprit. Il y a celui qui optera pour le repli de prudence sur le village, en attendant que «leur» vote se passe. Celui qui pariera sur la sagesse des politiques – «Après tout, ce sont des Congolais aussi !» – mais n’en remplira pas moins son congélateur de vivres, sait-on jamais! Il y aura l’agacé que tout ce tumulte insupportera au plus haut point et qui s’engoncera dans son indifférence blasée. C’est toujours la même chose!
Nous sommes donc en face d’un scénario qui nous laisse trop peu de surprises, bonnes ou mauvaises qu’elles soient. C’est pourquoi le refrain de cet hymne mobutiste, devenu celui du PCT, n’est en aucune façon valorisante. «Lokuta monene, oyo akanissaki, MPR (PCT) eko kueya»… «Celui qui avait parié sur la fin du MPR-PCT s’est fourvoyé. C’est un mensonge grossier», chantent les militants.
L’extension de cette proclamation peut induire des présages mauvais pour les votes du futur. Le PCT, naguère parti marxiste-léniniste, est-il à ce point à court d’inspiration qu’il ne peut recourir qu’aux oripeaux d’un parti capitaliste étranger? Et puis, répéter à l’envi que le PCT (MPR) ne sombrera pas, est-il pour se rassurer ou pour souligner qu’il court effectivement le risque de sombrer? Quand: avant ou après l’élection?
De quelque côté qu’on considère la question, il n’y a rien de glorieux à brailler et à accueillir les dirigeants d’un parti, qui sont aussi ceux du pays, à coups de glorioles mobutistes. Pour des élections libres, transparentes et apaisées, ne chauffons pas les militants à blanc à coup de slogans usurpés. C’est un mauvais signe. Pas très incitateurs pour le citoyen.

Albert S. MIANZOUKOUTA