Nous jouons au yoyo avec nos Constitutions. L’Afrique semble marquée par l’attrait des régimes à longue durée, voire à durée indéfinie et osciller devant les obligations qu’impose la démocratie que nous avons tous à la bouche. Les opinions semblent ballotées entre la volonté de brider les régimes qu’elles élisent (parfois) et le risque de voir ceux-ci se comporter en propriétaires de la volonté de leurs peuples.
Ce dilemme est parfaitement illustré au cours de ce mois de juillet par les derniers événements au Sénégal, au Gabon et en Centrafrique. Il y a deux semaines, le Sénégal était en ébullition autour de l’intention prêtée au Président Macky Sall de briguer le mandat de trop. On le sait maintenant : il ne se succédera pas à lui-même et, en principe, laissera jouer le jeu de la démocratie comme le préconisent les textes. Mais, entre l’accusation d’une partie de la classe politique et les éclaircissements portés, les tensions ont fait plus de 16 morts.
Dans deux semaines, la République Centrafricaine se risque dans un exercice qui pourrait la rapprocher du temps d’agitation que vient de vivre le Sénégal. Le référendum constitutionnel de la fin de ce mois invite les Centrafricains à préférer le septennat au quinquennat présidentiel actuel. Il les invite aussi à ne pas limiter le nombre de mandats pour le Président Faustin-Archange Touadera. Dans les faits, le président centrafricain se hissera au diapason de ses confrères d’Afrique Equatoriale. Ils se démarquent du reste de l’Afrique avec des régimes dont la moyenne au pouvoir dépasse largement la décade.
Le Gabon prend lui aussi la voie de la durée. Le Président Ali Bongo Ondimba, 14 ans au pouvoir, a déclaré la semaine dernière, qu’il était candidat à un troisième mandat (que la Constitution ne lui interdit pas). Donc : pas de troisième mandat au Sénégal ; vers un troisième mandat au Gabon, et vers un mandat illimité en Centrafrique. C’est l’Afrique de la démocratie qui s’illustre ici. Partout, la proclamation de la démocratie comme mode de gouvernement est le leitmotiv de la théorie. Aucun de nos pays ne s’y dit opposé, mais tous rusent pour se donner un succédanée d’équivalence : avenir d’incertitudes.

Albert S. MIANZOUKOUTA