Ancien membre du bureau politique de l’UDH-Yuki, Justin Magloire Nzoloufoua pense que l’heure est venue de remettre les choses dans l’ordre et de reprendre l’ensemble des batailles et chantiers laissés par Guy Brice Parfait Kolélas, président-fondateur de cette formation politique ancrée à l’opposition. Pour lui, ce qui s’est passé lors de la tenue du congrès de leur parti suspendu est une honte. Tout en se disant offusqué, il a néanmoins apporté son soutien à Juste Ntoumi Kolélas qui, selon lui, est le seul président pressenti et incontestable de leur parti. Interview.

**Nous suivons tous avec attention ce qui se passe à UDH-Yuki. Comment décrivez-vous la situation actuelle au sein de votre Parti?
*Comme vous le savez, nous sommes allés au congrès; un moment très attendu par notre base. Ce congrès, nous l’avons tous voulu et attendu. Après la disparition du président-fondateur, l’heure est venue de remettre les choses dans l’ordre et de reprendre l’ensemble des batailles et chantiers qu’il nous a laissés.

**Juste Ntoumi Kolélas a été écarté de la course à la présidence du parti. Que s’est-il passé?
*Cette situation est un peu honteuse et, avec tout le respect que je vous dois, il me paraît difficile d’en dire un mot, tellement j’en suis offusqué. Je crois que ceux qui sont à la manœuvre tentent de saper la mémoire de notre feu président Parfait Kolélas et cachent forcément quelques desseins inavoués dont ils seraient les seuls à connaître la teneur. Mais il n’est pas trop tard de revenir à la raison et de faire en sorte que toutes ces contradictions futiles et insensées s’arrêtent. Notre parti a besoin de tous ses membres, d’où qu’ils viennent. Nous nous faisons appelés démocrates et c’est à juste titre. La tradition dans UDH-Yuki est que le parti appartient à la base composée des membres et sympathisants; elle seule est habilitée à désigner certains d’entre nous pour conduire les destinées de notre parti. C’est la raison même de la tenue d’un congrès.
Juste Ntoumi Kolélas est porté par une grande majorité de cette base. Je comprends, en passant, la frustration que cela génère auprès d’autres qui voudraient être à cette place, mais la volonté de la base doit être placée au-dessus de tout. L’actuel président par intérim qui, je le précise, n’a pas été élu, mais nommé, ne peut prétendre avoir plus de légitimité que tel ou tel autre. Il est temps qu’il le comprenne et retrouve son bon sens.

**Pourtant il y a quelques jours, le bureau politique a sanctionné d’autres membres importants du parti. Quel commentaire faites-vous?
*Je souris et vous pouvez comprendre pourquoi. L’adage dit: «Le mal est malheureusement condamné à mourir». On ne peut rien construire en s’appuyant sur la méchanceté et en se servant de la haine. Les multiples erreurs commises par nos aînés et qui allaient dans ce sens, devraient nous interpeller; la haine ne produit que de la haine et de la souffrance et rien d’autre. Je vous partage, ici, la conviction profonde de notre candidat, Juste Ntoumi Kolélas.
Ce fameux bureau politique est simplement fantôme et n’a plus lieu d’être. Pour la simple et bonne raison que l’acte n° 007 qui a convoqué notre congrès a fait tomber toutes les institutions ou organes du parti. Sans vouloir m’inscrire dans un débat juridique, vous pouvez donc comprendre que si décision a été prise par ce pseudo bureau politique, elle est nulle et de nul effet.
Cependant, quelque chose a attiré mon attention et je voudrais ici prendre notre base et toute l’opinion congolaise à témoin. Les cadres sanctionnés par Ngouanou et compagnies sont ceux qui gèrent les départements les plus stratégiques et qui concentrent plus de 70% de nos membres et sympathisants; il s’agit des président des fédérations de Brazzaville, de Pointe-Noire et de la Cuvette. En le faisant, ils ont malheureusement montré à ceux même qui pouvaient croire en eux, qu’ils sont impopulaires et qu’ils ont vraiment perdu la tête.
Mais celui derrière qui nous nous sommes rangés continue à garder son calme et demeure toujours prêt à s’asseoir avec eux pour l’intérêt supérieur du parti; j’ai cité Juste Ntoumi Kolélas. Il est, à mon humble avis, le président pressenti et incontestable de notre parti.

** Il y a comme un statu quo depuis l’arrêt des travaux de votre dernier Congrès. Quelles sont aujourd’hui vos perspectives ?
*Nous devons repartir au congrès et nous y travaillons. Mais avant, nous avons ouvert des voies de dialogue pour aller vers un apaisement. Il est vrai que certains d’entre nous essaient de trouver leur existence dans des positions conflictuelles qui leur permettent de faire valoir leurs propres intérêts au mépris même de toutes les règles qu’exige le vivre ensemble. Je crois qu’ils sont en train d’aller droit contre un mur. Il est urgent qu’ils se ressaisissent et reviennent rapidement au bon sens.

**Vous avez dit que vous êtes rangés derrière Juste Ntoumi Kolélas; quelle est sa vision de la politique et quel sera son projet une fois élu président?
*Une grande majorité des membres de notre parti se range derrière Juste Ntoumi Kolélas et c’est une bonne chose, à mon avis. Il a une vision noble de la politique. Il est partisan d’une gestion consensuelle de la chose publique. Il pense que l’homme politique congolais, quel qu’il soit, n’est pas foncièrement mauvais; mais que, comme toute activité humaine, tout est sujet à perfection. Cependant, au centre de tout, il y a la paix; grâce à celle-ci, suivra le développement social et économique de notre pays. Sur son projet, vous aurez la primeur de l’interviewer pour en savoir grand-chose.

*À qui Ntoumi Kolélas fait-il peur ?
**Certainement aux ennemis de la paix et de la concorde, aux chantres des malheurs qui s’efforcent à peindre M. Kolélas comme un belliciste, allant jusqu’à dire des grossièretés pour amener le président de la République à le prendre pour son pire ennemi. C’est vraiment insensé. Mais l’homme qui dirige ce pays, le Congo, n’est pas dupe. Il appréciera.
L’UDH-Yuki a été créé par un fils du Pool, mais nous tenons à signaler avec force que notre parti est national et tient une base composée des Congolais de tout bord: du nord, du sud, de l’est et de l’ouest. Juste Ntoumi Kolélas a souvent l’habitude de s’insurger contre ceux qui, pour des raisons qui leur sont propres, pensent que nous sommes des pyromanes. Mais en tant que responsables politiques, nous restons profondément attachés à la paix. La violence, quelle qu’elle soit, verbale ou physique, n’a pas de place dans nos esprits et nous invitons nos frères à faire de même. Les déclarations tapageuses, des manœuvres d’exclusions, les insultes ou encore la délation dont ils font montre, ne serviront à rien. Nous devons nous asseoir et regarder ensemble, comment avancer.

Propos recueillis
par KAUD