Nous en serions venus à devoir appliquer l’éteignoir sur les tombereaux d’insultes et de boues, de vantardises et de flagorneries qu’un universitaire a déchaînés la semaine dernière en insultant, avec des mots sans filtre, le Chef de l’Etat. Avec encore plus de maladresses qu’il n’en avait peut-être conscience, il a expliqué par la suite que son insulte n’en était pas une mais seulement la qualification d’une pathologie «qui peut être totale ou partielle».
Dans le dernier épisode, ce célèbre professeur de criminologie s’excuse auprès de notre Président et auprès du sien, avant d’expliquer encore que son insulte n’était que la désignation d’une maladie et d’inviter, enfin, à arrêter le déferlement des insultes de part et d’autre du grand fleuve. Analysant ce qu’il a dit, ce qu’il a voulu dire, ce que cela a réveillé en nous tous dans la mémoire et l’orgueil, nous serions tentés de rétorquer qu’on n’arrête pas un sentiment national par le simple fait de le demander.
Et, d’ailleurs, dans un climat où les sentiments de supériorité et les nationalismes se sont exprimés, décréter que les éventuelles blessures ouvertes et les humiliations causées doivent s’éteindre à la commande est aussi ajouter aux inconvenances. Mais, c’est vrai, il nous faut bien tourner la page et retourner à nos préoccupations de peuples souverains, assaillis par des défis que ne résoudra pas un professeur de criminologie de cette rive-ci ou de cette rive-là.
Retournons au calme et retrouvons le sens des réalités, avec cette obligation de convenances à l’égard des institutions, bonnes ou non, aimées ou contestées. Même quand un Congolais de l’opposition pourra traiter ses propres dirigeants de tous les noms d’oiseaux, les mêmes mots ne passeront pas dans la bouche d’un voisin connu sur une chaîne de télévision. Ceci dit, puisque c’est le Rwanda qui crispe les esprits, il nous faudra aborder cette question pour voir comment rester des voisins et ne pas jeter de l’huile au feu.
Il nous faudra rechercher et trouver le créneau par lequel éteindre l’incendie qui embrase l’Est de la RDC. Et dans lequel même l’ONU reste convaincu que le Rwanda est mêlé. La paix doit revenir non pas à coups d’insultes, mais à coups de sagesse sur nos priorités.

Albert S. MIANZOUKOUTA