Sous la direction du Dr Jean Pierre Nkara, maître de Conférences CAMES, Mesmin Gaston Obambe a récemment défendu publiquement sa thèse de doctorat unique de l’Université Marien Ngouabi en linguistique anglaise. « Investigating onomastics of ambosi people : a case of Oyo district » est le titre de cette thèse. Devant un jury composé de : Pr Basile Marius Ngassaki, président (Université Marien Ngouabi) ; Paul Achille Mavoungou, maître de Conférences CAMES, rapporteur externe (Université Omar Bongo du Gabon) ; Pr Yvon Pierre Ndongo Ibara, rapporteur interne (Université Marien Ngouabi); Pr Basile Torozoni Ngama Nzombio, examinateur, (Université pédagogique nationale de Kinshasa), l’impétrant s’est employé à présenter ses travaux fondés sur l’analyse de la morpho sémantique, syntaxique, sociolinguistique et la pragmatique des toponymes et des anthroponymes du district d’Oyo. A l’issue des échanges avec le jury, Mesmin Gaston Obambe a été déclaré docteur de l’Université Marien Ngouabi en linguistique anglaise, mention très honorable, avec les félicitations du jury.

Il s’est agi pour Mesmin G. Obambe de décortiquer les toponymes (noms des lieux) et les anthroponymes (noms des personnes) du district d’Oyo qui ont été torpillés phonétiquement et formellement. Une situation qui a des répercussions sur la signification des noms.
Dans sa défense, l’impétrant a passé en revue les différents procédés morphologiques qui concourent à la formation des toponymes et des anthroponymes afin de constituer leurs sens perdus du fait de l’influence coloniale. Ces procédés morphologiques sont la préfixation, la suffixation, la troncation, l’hybridation, la composition, le dédoublement et l’emprunt.
Le désormais docteur Obambe a soutenu dans son exposé que la préfixation par le ‘’O’’ placé devant les patronymes Ndinga, Mbouma, Bouya, et Boule exprime l’appartenance ou la possession. Ainsi, Ondinga, Ombouma, Obouya, et Oboule sont des termes appartenant à Ndinga, Mbouma, Bouya, Boule.
Le préfixe ‘’O’’ exprime l’appartenance, lorsque la racine à laquelle il est rattaché est un nom. Par contre, quand sa racine est un verbe, le préfixe ‘’O’’ exprime l’agent. Par exemple : O placé devant Bambi, Sebi, donne respectivement Obambi et Ossebi qui signifient fabriquant de calebasses et récolteur de vin local. Employé dans le cadre de la pragmatique, Obambi désigne une personne sage, qui réconcilie ceux qui ont des différends. La troncation, quant à elle, est beaucoup utilisée par les jeunes pour former leurs pseudonymes. Ils suppriment souvent une partie de leurs patronymes pour ajouter un suffixe fantaisiste, pour s’arrimer à la modernité. Pour ce faire, Debi, Dekambi, Ollessongo, et Morotsangue deviennent : Debis, Dekambis, Olles et Moros. Parfois, Ils suppriment la dernière syllabe du patronyme pour obtenir des pseudonymes. Par exemple : Dekambi et Morotsangue deviennent Deka, Moro.
Par ailleurs, certains toponymes et anthroponymes sont des phrases affirmatives ou négatives lexicalisées. C’est-à-dire, des phrases transformées en un seul mot. Exemple : « Opaa ma edi ba okania ka » en français : « il n’est pas aisé de vivre hors de ses terres…parce que privé de ses droits », en un seul mot on dit « Opokania ». Il s’agit donc d’un toponyme proverbial et historique, car les populations des villages environnants ont été contraintes par le colon à vivre à Opokania pour une meilleure collecte d’impôt de capitation.
Dans le cadre de l’analyse sociolinguistique des toponymes et anthroponymes Mesmin Gaston Obambe est arrivé à l’évidence qu’il y a des toponymes et des anthroponymes de la nature et des activités humaines comme la végétation, les cours d’eau, les montagnes, la chasse, la pêche, la cueillette, etc. Okombi par exemple, désigne une personne qui recueille les termites des termitières.

Gaule D’AMBERT