Dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale, l’Assemblée nationale a organisé le 11 août dernier une séance des questions orales avec débats au Gouvernement conduit par le Premier ministre en personne. La municipalisation additionnelle, la concession des barrages hydro-électriques d’Imboulou et de Moukoukoulou, le problème des frontières terrestres et fluviales entre le Congo et la RDC, notamment à l’île Mbamou, et le contrat qui lie AVERDA à l’Etat congolais sont, entre autres, les sujets abordés au cours de cette séance, présidée par Isidore Mvouba.

Le chef de file de l’opposition, Pascal Tsaty-Mabiala, était le premier à ouvrir la série des intervenants. Il est revenu sur les municipalisations accélérées qui, selon lui, n’ont pas «atteint tous les objectifs escomptés et méritent une évaluation physique et financière des objectifs voire un audit».

Anatole Collinet Makosso
Anatole Collinet Makosso

«Vous avez lancé une deuxième phase avant qu’on n’ait tiré les leçons de la première expérience. Notre préoccupation porte sur la redéfinition, le recadrage, la cohérence avec la décentralisation et la transparence dans le financement de cette opération qui a mobilisé d’importantes ressources financières», a indiqué le député de Loudima.
Mme Esther Aïssatou Gayama a interpellé le Premier ministre sur la révision territoriale de l’île Mbamou, afin de redéfinir correctement ses réelles limites avec la RDC, dont les incursions sont légion dans la partie congolaise. «Elle s’impose de la manière la plus responsable», a-t-elle soutenu.
Le député du Club 2002 PUR, Louis Gabriel Missatou, est revenu quant à lui, sur le contrat qui lie la société AVERDA à l’Etat congolais, et qui a expiré pour Brazzaville depuis le 12 avril 2023. Avec la ville de Pointe-Noire, il expire le 2 mai 2024. «Les discussions pour son renouvellement sont dans l’impasse. Elles échoppent sur l’absence de propositions financières relatives au plan d’apurement de la dette et des encours. Par ailleurs, il semble que la société AVERDA serait réceptive à l’idée de baisser, non seulement les tarifs de tous les services tout en garantissant la même qualité des prestations en contrepartie des exonérations, mais aussi à réanimer cette dette».
Qu’est-ce qui explique la réticence du ministère des Finances et de l’économie, à aborder la partie financière des négociations ? «Avez-vous déjà envisagé une situation de substitution en cas d’arrêt définitif de la société AVERDA du fait de ce blocage?», a-t-on demandé au Premier ministre.
Les autres préoccupations des députés étaient liées au coût élevé du billet d’avion Brazzaville-Paris-Brazzaville de la compagnie Air France, et des billets Brazzaville-Pointe-Noire-Brazzaville des compagnies TAG et Canadian; les motivations du Gouvernement à mettre en concession les barrages hydro-électriques d’Imboulou et de Moukoukoulou. «Dans les quartiers, il n’est pas rare de voir les câbles électriques pendre jusqu’à mettre en danger la vie des populations. Pourquoi la mutation des poteaux électriques vers les poteaux en bois qui perdent leur solidité après quelques années?», a demandé le député Ulrich Goma.
Anatole Collinet Makosso a expliqué que la municipalisation accélérée a été initiée pour changer le visage des départements du Congo, en les dotant d’infrastructures modernes. «Vu de cet angle, elle a atteint son objectif. Elle a incontestablement transfiguré le territoire national. Les routes ont été construites, les infrastructures modernes construites et les projets socio-économiques réalisés. Comme toute œuvre humaine, il ne peut y manquer d’imperfections. Sur la base d’une évaluation, le Président de la République a jugé utile de parachever les travaux de la municipalisation en se servant des leçons du passé», a-t-il fait savoir.
S’agissant de la municipalisation additionnelle de Pointe-Noire, «le Gouvernement est à pied d’œuvre. Nous avons tiré les leçons de la première municipalisation. C’est à ce titre que nous avons redéfini et recadrer la municipalisation additionnelle de Pointe-Noire. Elle est en marche et se fait de façon méthodique, en commençant par les voiries urbaines», a précisé le Premier ministre.
S’agissant de la société AVERDA, «les services du ministère des Finances travaillent actuellement sur les différents scénarios d’apurement de la dette, en tenant compte des contraintes budgétaires. Néanmoins, le Gouvernement continue à effectuer les paiements mensuels pour lui permettre d’assurer ses prestations, y compris à Brazzaville, en dépit de l’expiration du contrat initial depuis le 12 avril 2023», a insisté le Premier Ministre.
Sur le renouvellement du contrat qui le lie avec l’Etat congolais, «il a été prorogé par le maire de Brazzaville. D’abord de 45 jours, puis de 5 mois dans les mêmes termes que le contrat initial. Cette période de prorogation est également mise à profit pour discuter d’un nouveau contrat avec AVERDA. La mairie de Brazzaville a conçu un cahier des charges et reste disposée à poursuivre les discussions. Seulement, AVERDA conditionne la reprise des discussions sur le renouvellement du contrat à la conclusion préalable d’un accord sur l’apurement de la dette qui, à notre entendement, doit faire l’objet d’un audit et d’une décompte», a déclaré le Premier ministre.
Il a indiqué que le Gouvernement est disposé à lancer un appel à manifestation d’intérêt pour ouvrir le marché à d’autres partenaires qui voudraient bien concourir. «Peut-être, du fait de la concurrence, il y aura une meilleure prestation et amélioration de la qualité du service».
Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.

Cyr Armel YABBAT-NGO