C’est la confusion au Gabon! Après la victoire annoncée pour la réélection d’Ali Bongo, avec 64% des voix, des militaires sont apparus mercredi 30 août 2023 à la télévision annonçant l’annulation du scrutin, ainsi que la dissolution des institutions en place. Parmi les militaires qui ont pris la parole à la télévision Gabon 24, figurent des membres de la Garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence (bérets verts), ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers.

Le coup de force annoncé au Gabon est un nouveau putsch sur le continent, alors que la situation au Niger continue de défrayer la chronique. Il est intervenu quelques heures après la réélection d’Ali Bongo à la tête du Gabon, annoncée ce mercredi 30 août au milieu de la nuit. C’est un groupe d’une douzaine de militaires qui a annoncé, sur la chaîne de télévision Gabon 24 abritée au sein de la Présidence, l’annulation des élections et la dissolution de «toutes les institutions de la République», du gouvernement à l’Assemblée nationale en passant par la Cour constitutionnelle.
Les mutins dénoncent «une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos». Ils annoncent avoir «décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place». «A cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés».
Les militaires gabonais indiquent s’exprimer au nom d’un «Comité de transition et de restauration des institutions», et annoncent, comme on l’entend désormais partout là où sévissent encore les coups d’Etat en Afrique, que les frontières du pays étaient «fermées jusqu’à nouvel ordre». Parmi eux, figurent des membres de la Garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la Présidence reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers. Pendant que les mutins faisaient leur déclaration, des tirs d’armes automatiques ont été entendus à Libreville.
Cette élection présidentielle déjà contestée par l’opposition, crédite Ali Bongo au pouvoir depuis 14 ans, pour un troisième mandat avec 64,27% des suffrages exprimés. Selon ces résultats officiels proclamés par le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, le président sortant aurait battu son principal rival Albert Ondo Ossa, candidat consensuel de l’opposition qui n’aurait recueilli que 30,77% des voix. Celui-ci avait dénoncé des «fraudes orchestrées par le camp Bongo» deux heures avant la clôture du scrutin samedi, et revendiquait déjà la victoire.
Ces résultats ont été égrenés en plein milieu de la nuit, sans qu’aucune annonce de l’événement n’ait été faite préalablement. Le Gabon se trouve en plein couvre-feu; l’internet est coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi avant la fermeture des bureaux de vote, afin de parer selon lui à la diffusion «de fausses nouvelles» et à d’éventuelles «violences».
L’annulation des élections, la dissolution de «toutes les institutions de la République» et la «fin du régime» au Gabon est une victoire pour l’opposition et bon nombre de Gabonais qui ne supportaient plus de voir Ali Bongo au pouvoir, depuis la perte de ses facultés physiques dues à son accident vasculaire cérébral (AVC) il y a cinq ans.
Les mutins appellent la population au calme et à la sérénité et réaffirment leur attachement au respect des engagements du Gabon à l’égard de la communauté internationale. Cette tentative de coup d’Etat, intervenue après celle d’il y a quelques années rend la situation politique incertaine au Gabon et compromet sans doute le processus électoral.
A la tête du Gabon depuis 2009, Ali Bongo a réussi à réduire au silence l’un des ténors de l’opposition gabonaise, Jean Ping.

Aristide Ghislain NGOUMA