Quelques jours après le terrible tremblement de terre qui a fait près de 3 000 morts au Maroc, «le désespoir s’accroît dans les villages de montagne dévastés du Haut Atlas où l’aide n’arrive qu’au compte-goutte», d’après un témoin. Alors que les secouristes commencent enfin à arriver, après le long déblaiement des routes d’accès «l’étendue de la catastrophe apparaît» note ce témoin qui fait état «de centaines de villages presque entièrement détruits» où les survivants «dorment depuis trois nuits dehors dans le froid privé de tout, d’électricité, de téléphone et de soins» avec le sentiment «d’avoir été tout simplement abandonnés».
«Personne n’est venu nous aider», dénonce ainsi un survivant du village de Tarouiste, sur les contreforts de l’Atlas au Sud de Marrakech, «où les habitants racontent comment ils ont dû eux-mêmes porter des cadavres en bas de la montagne, car aucune ambulance ni aucune autre aide n’étaient encore parvenu jusqu’à eux». Dans sa voix, c’est tout le «chagrin voire la frustration» de ces villageois laissés-pour-compte qui s’exprime, selon un autre témoin.
Un nouvel abandon pour ces populations pauvres du Haut Atlas, souligne un observateur «où vivent des gens qui n’ont rien, et qui viennent de tout perdre», dans ces régions isolées que certains appellent avec mépris «le Maroc inutile». C’est le «Maroc des oubliés», rapporte l’écrivain marocain Abdellah Taïa dans le journal El Pais «des oubliés qui souffrent et qui tombent sans cesse, et qui plus que jamais méritent notre solidarité».
«A la grande surprise des responsables étrangers, le Maroc tarde à accepter les offres d’assistance humanitaire qui émanent du monde entier», souligne un confrère, n’acceptant jusqu’à présent que l’aide «des Emirats, du Qatar, de l’Espagne et de la Grande-Bretagne», même les Nations unies sont en attente «d’une demande d’assistance de Rabat», note-t-il, mettant en cause «la gouvernance fortement centralisée du Maroc, autour de son roi sans qui rien ne peut se faire».
La réponse relative à la proposition d’aide de la France aussi se fait toujours attendre. «De quoi en tout cas créer un sentiment de malaise», estime une opinion, «les secouristes actuellement déployés ne peuvent suffire à la tâche, face à l’ampleur des destructions dans le Haut-Atlas». Et le silence du roi devient gênant, commentent certains. Alors qu’on apprenait mardi 12 septembre dernier qu’il allait procéder à la visite des accidentés dans un hôpital de Marrakech.

Gaule D’AMBERT