La tragédie survenue au stade Michel D’Ornano à Brazzaville dans la nuit du 20 au 21 novembre 2023, qui a coûté la mort à plusieurs jeunes gens et filles, a suscité la compassion et la mobilisation de l’Eglise. Solidaire des victimes et de leurs familles, l’Eglise catholique au Congo a célébré des messes de suffrage pour manifester sa communion à tous ceux qui sont morts et ceux qui sont gravement blessés à la suite de cet incident. A Brazzaville, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain, a présidé une messe en la cathédrale Sacré-Cœur mardi 28 novembre, jour où se commémore la proclamation de la République du Congo.

L’ambassadeur du Cameroun au Congo Louis-Marie M. Nkoum-Me-Ntseny et son épouse, étaient parmi les participants à cette célébration eucharistique. «Rassemblés en cette douloureuse heure pour notre nation, nous élevons notre prière de confiance vers Dieu, comme le psalmiste en son temps (Ps 121). Les événements qui endeuillent notre pays nous invitent à prier pour les défunts, ces jeunes arrachés trop tôt à l’affection de leurs parents. Ils nous invitent aussi à prier pour les familles des victimes et pour tous les rescapés gravement blessés», a compati Mgr Manamika. «De même, a précisé l’archevêque de Brazzaville, les évêques ont voulu que nos prières s’élèvent vers le ciel, en ce jour anniversaire de proclamation de la République du Congo pour que le Seigneur répande sa consolation dans les cœurs et fortifie l’unité nationale, car la mort n’a pas choisi de frapper une région particulière. Ceux qui sont morts proviennent de toutes les régions de notre pays». Les textes liturgiques portaient sur la mort des fils et filles de Job sur qui s’est écroulée la maison où ils se trouvaient, ainsi que sur les Galiléens massacrés par Pilate dans le temple de Jérusalem pendant qu’ils étaient en prière et sur les victimes de la chute de la tour de Siloé qui fit 18 morts.
Face aux multiples interprétations malencontreuses générées par cet évènement funeste, Mgr Manamika a tenu à éclairer les consciences: «Nous savons aussi que Jésus va à l’encontre de toutes les questions qui établissent un lien de causalité mécanique entre les tragédies et ceux qui les subissent. En d’autres termes, nous savons que Jésus réfute les considérations hâtives sur la corrélation entre le mal et le péché, lorsqu’on recherche la culpabilité chez les victimes de malheurs. Les Saintes Ecritures nous appellent plutôt à la conversion en considérant notre fragilité humaine et le caractère souvent imprévisible de la mort comme le relatent ces récits qui exposent les situations dramatiques face auxquelles Jésus lui-même manifeste sa plus grande attention envers les victimes et leurs proches».
L’initiative de ces messes est une disposition de la Conférence épiscopale du Congo, qui comme toujours, n’est pas restée indifférente à ce drame qui frappe la nation. En effet, les jeunes qui ont trouvé la mort s’étaient rendus avec enthousiasme au stade D’Ornano dans l’espoir de se faire enrôler dans les rangs des Forces armées congolaises. Mais, à la place du bonheur, ils ont plutôt été précipités à la tombe.
Dans une circulaire datée du 24 novembre 2023, signée de Mgr Manamika, président de la Conférence épiscopale du Congo, les évêques ont tenu à préciser l’esprit dans lequel étaient organisées ces messes de suffrage célébrées le jour où le Congo commémore son érection en République. Elles avaient pour but de porter dans l’eucharistie le repos des âmes des victimes et prier pour la paix et l’unité nationale, avec entre autres dispositions: destiner les quêtes de ce jour aux rescapés qui sont gravement blessés, en vue de contribuer à leurs soins. Ces quêtes étaient censées parvenir aux économats diocésains au plus tard mercredi 29 novembre, lesquels devraient à leur tour les acheminer aux bénéficiaires.
Chaque évêque ou son vicaire général devrait célébrer dans sa cathédrale une messe de suffrage à cette intention. Tout en confiant les victimes à la miséricorde de Dieu, les évêques du Congo ont adressé leurs condoléances aux familles des défunts, et exprimé leur profonde union de prière à tous ceux que touche la disparition inopinée de ces forces vives de notre cher pays.
Suite à ce drame, une cellule de crise a été mise en place sous l’autorité du Premier ministre, chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso.
S’unissant au peuple congolais dans ces instants douloureux, le Pape François et le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat, lui ont manifesté leur proximité à travers des messages de condoléances et de soutien, adressés à Mgr Manamika.

Aristide Ghislain NGOUMA