Photographe de Nelson Mandela, Peter Magubane est décédé le 1er janvier 2024 à l’âge de 91 ans. «Il a couvert les moments les plus historiques de la lutte de libération contre l’apartheid. Par ses clichés, cet homme a immortalisé la violence et l’horreur de l’oppression raciale de l’apartheid en Afrique du Sud. Il avait été chargé de documenter les premières années de liberté de Nelson Mandela après sa sortie de prison», a annoncé le Gouvernement sud-africain.

Excellent photographe, Magubane débute sa carrière au magazine sud-africain Drum. Il se fait connaître au journal Rand Daily Mail; le Time magazine et Sports illustrated, avec à la clé, une reconnaissance internationale. Il a photographié 40 ans d’apartheid en Afrique du Sud, y compris le massacre de Sharpeville en 1960, le procès de Mandela et bien d’autres événements, en particulier, le soulèvement de Soweto en 1976, lorsque des milliers d’étudiants noirs ont protesté contre la loi du gouvernement d’apartheid rendant la langue afrikaans obligatoire à l’école.
Les photographies primées de Magubane ont raconté ces meurtres au monde. En 1969, Magubane est devenu une cible du gouvernement de l’apartheid après avoir photographié une manifestation devant une prison où était détenue Winnie Madikizela-Mandela, alors épouse de Mandela. Emprisonné à plusieurs reprises au cours de sa carrière, il a été maintenu en isolement pendant plus d’un an et demi, avant d’être soumis à une interdiction de cinq ans l’empêchant de travailler ou même de quitter son domicile sans autorisation de la police.
Dans l’une de ses déclarations, Magubane avait indiqué «avoir été pris pour cible 17 fois au fusil de chasse par la police de l’apartheid lors de ses missions et qu’il avait été battu». Ajoutant que la police lui avait cassé le nez lorsqu’il avait refusé de rendre les photographies qu’il avait prises des soulèvements de Soweto. Marqué par le régime ségrégationniste et face à la solution de l’exil, il a choisi de rester dans son pays et de continuer à photographier. «Je lutterai contre l’apartheid avec mon appareil photo», martelait-il.

Alain-Patrick
MASSAMBA