M. Charles M’ba, ministre des Comptes publics de la République Gabonaise, a présenté aux investisseurs congolais, samedi 30 mars 2024, à Brazzaville, le rapport d’émission des valeurs du trésor au titre de l’année 2024. Le ministre était accompagné de deux directeurs généraux: Luther Steeven Abouna Yangui, chargé de la comptabilité publique et du trésor, et Jean Gaspard Ntoutoune Ayi, chargé de la dette. Ceci rentre dans le cadre de la mobilisation des finances au plan national pour soutenir les efforts de redressement économique du Gouvernement de transition enclenché par le Général Olingui Nguema, président de la transition depuis le 30 août 2023 après la chute du président Ali Bongo Ondimba. Selon la loi de finances 2024, les autorités de la transition en République Gabonaise se sont fixés pour objectif d’améliorer les marchés du trésor au sein de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

Les deux directeurs généraux qui se sont relayés à tour de rôle ont signifié que le contexte macroéconomique a donné des indications de l’année 2023 dont la production nationale de pétrole brut évoluait de 3,7% pour se situer à 10,8 millions de tonnes métriques (78,5 millions de barils), contre 10,4 millions de tonnes métriques à l’exercice 2022 (75,7 millions de barils). Le marché pétrolier est soutenu par la conjonction entre l’allègement des restrictions sanitaires en Chine, la confirmation par l’OPEP de sa politique de réduction de l’offre, l’entrée en vigueur de l’embargo européen sur le pétrole russe et l’accord international sur le plafonnement du prix du brut venu de la Russie. Le prix du brut gabonais s’établirait à 80,1 dollars Us le baril, en baisse de 19,9% par rapport à 2022. Dans le cadre des objectifs des émissions des valeurs du trésor de 2024, après une nette amélioration du cadre macroéconomique en 2021, l’activité économique mondiale a été marquée en 2022 par le conflit russo-ukrainien et ses conséquences sur le commerce international, entraînant un ralentissement de la croissance globale. En 2024, les priorités du Gouvernement de transition seront axées sur l’amélioration des conditions de vie des populations et de développement économique dans un contexte de consolidation budgétaire. Ainsi, sur le volet des finances publiques, il s’agira de poursuivre les efforts de maîtrise des dépenses publiques de subventions aux opérateurs et entreprises publiques, la réduction de la charge d’intérêts et du niveau de remboursement du principal pour endiguer le risque «d’effet boule de neige» et rassurer les marchés sur la capacité du Gabon à honorer ses engagements pour refinancer la dette à des taux soutenables. Conformément à la stratégie d’endettement et au projet de loi de finances 2024, l’Etat gabonais a prévu de mobiliser des ressources d’emprunt intérieur d’un montant global de 578,1 milliards de francs Cfa. La stratégie 2024 prévoit un montant global d’émissions de 854.000 millions de francs Cfa réparti en 434.000 millions de francs Cfa en bons trésor assimilables (BTA) et 430.000 millions de francs Cfa en obligations du trésor assimilables (OTA). Parmi les 16 engagements que s’est assigné le Gouvernement de transition dans le plan de développement économique gabonais figure l’agriculture qui restera un des moteurs clé de l’activité.
Le ministre gabonais des comptes publics a indiqué que «l’enlisement de la crise russo-ukrainienne en 2023 continue d’affecter le commerce mondial avec comme conséquences la persistance de l’inflation à l’échelle mondiale et la poursuite du durcissement des conditions de financement, notamment aux Etats unis et en zone Euro. Parallèlement, le ré-confinement en Chine et l’aggravation de la crise immobilière ont pesé également sur la dynamique de l’économie mondiale». Il a souligné que l’activité économique mondiale a significativement ralenti à 3,0% en 2023 contre 3,5% en 2022, imputable notamment à la décélération de l’activité économique aux Etats unis, en Chine et en Europe. Dans ce contexte, l’économie nationale gabonaise, affectée par la baisse de la demande extérieure et des prix des matières premières, devrait enregistrer un ralentissement de son activité de 2,3% en 2023 contre 3,0% en 2022. L’apport des investisseurs congolais intervenant dans la zone CEMAC est sollicité.
Après le Gabon, le Cameroun et le Congo, ce rapport sera présenté très prochainement en Guinée Equatoriale.

Pascal BIOZI KIMINOU