Il y a des jours comme ça où la vie politique congolaise affiche un électrocardiogramme plat : pas de querelles entre ce qui reste de l’opposition et la majorité affichée ; pas de montée de tensions au sein de celle-ci ; pas de surchauffe aux frontières ou avec les institutions financières internationales : sages. C’est le Congo idéal de toujours, qui n’entretient aucune source de conflit à l’intérieur ou à l’extérieur. Le Congo qui gère sa vie nationale au petit bonheur la chance ; qui se réveille dans ses 342.000 Km² d’espace de souveraineté et s’y endort paisiblement le soir, ventre creux ou rebondi.
Mais il y a, par contre, des jours où tout donne à penser que la crise est ce qui nous fait vivre ; que nous ne pouvons pas vivre sans la permanente montée d’adrénaline du catcheur ; que les parcs à urticaires ont laissé leurs portes ouvertes et lâché les fauves. Ces jours-là, il vaut mieux ne pas avoir envie de se gratter, ce serait pris pour geste d’hostilité. Et comme les intentions pèsent moins lourd que les accusations, passer le temps à se défendre vous conduirait forcément vers les endroits où ces choses peuvent s’évaluer, toujours à charge.
Nous avons traversé l’épisode Aimé Hydevert Mouagny, député de la majorité lâché par ses pairs au Parlement, pour s’être montré trop volubile sur les réseaux sociaux et menaçant de l’être davantage. Son immunité parlementaire a été levée ; du sparadrap a été collé sur sa bouche : une foire d’empoigne en perspective. Entre ceux qui ne voulaient pas de cette levée (très peu) et ceux qui ont joué le jeu de la majorité solidaire contre lui, je vois d’ici les joutes que nous réservent les jours à venir. Le marigot va s’agiter de belle manière, surtout si la justice s’en mêle à sa manière, c’est-à-dire en dépit des règles du droit déjà piétinés, soutiennent quelques spécialistes (très peu) !
Il y a eu l’affaire Lydia Mikolo et le FIGA. Il y a eu l’affaire des accords de cession des terres supposée aux Rwandais. Il va y avoir l’affaire Claude Alphonse N’Silou, montée de toutes pièces sur ses anciens écrits rassemblés en fascicule… Ainsi va la République : quand l’actualité s’endort trop, il faut la réveiller à coups de triques, de brûlots et de faux procès. Car, en apparence, la paix finit par ennuyer ceux qui se plaignent de la guerre.

Albert S. MIANZOUKOUTA