Le 20 mars de chaque année, le monde ayant en partage la langue française célèbre la Journée internationale de la francophonie. C’est ainsi que le bureau national de l’Agence universitaire de la Francophonie Congo-Brazzaville que dirige le Pr Edouard Ngamountsika a organisé, du 18 au 22 mars 2024 à son siège de Brazzaville, la semaine de la langue française et de la francophonie. Autour du thème: «Créer, innover, entreprendre en français».

Plusieurs activités ont gravité autour de cette célébration. Entre autres, les journées portes ouvertes, les causeries-débats, les conférences sur le français des apprenants congolais, la table ronde sur l’état de la langue française au Congo, les ateliers, etc.
Le choix du thème: «Créer, innover, entreprendre», a indiqué le responsable de l’AUF Congo, est un prélude au sommet de la Francophonie qui aura lieu en France, très bientôt. La particularité de l’édition de cette année s’explique par le verbe entreprendre. Et à travers le monde, ce mot est à la mode. «Je pourrais même dire que, entreprendre a pris une nouvelle coloration. Ça ne veut pas dire que le verbe n’existait pas, mais il est de plus en plus conjugué aujourd’hui, par tout le monde. Partout, on encourage les jeunes à entreprendre», explique le Pr Edouard Ngamountsika.
Pour lui, célébrer la langue française et la francophonie au Congo suppose, ‘’célébrer le français en francophonie’’. Faisant l’état des lieux de la langue française au Congo, les Prs Arsène Elongo, vice-doyen de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (FLASH), Alain Raoul Loussakoumounou, chef du département des masters de français à l’Ecole normale supérieure (ENS), et Edouard Ngamountsika, responsable de l’AUF-Congo ont chacun fait l’évocation de la complémentarité, sinon de l’apport des langues congolaises dans le français, pour son enrichissement.
Edouard Ngamountsika soutient que le français au Congo n’est plus la langue des Français; «c’est devenu notre patrimoine commun». Donc, «le français c’est notre langue à nous…nous nous exprimons en français…et la richesse de la francophonie au Congo est que le français est en partenariat avec les langues congolaises. Il est dit dans l’article 4 que le français est la langue officielle, le kituba et le lingala sont des langues nationales. A cela, il faut dire que nous sommes plurilingues. Et lorsque je dis que le français se congolise, c’est juste pour dire qu’il est devenu notre langue à nous».
L’universitaire s’est aussi exprimé sur le français des apprenants. Il reconnait que l’expression des étudiants en la langue de Molière est très relative. C’est-à-dire qu’on ne peut pas généraliser…s’il s’agit de l’orthographe, par exemple, avec les accents seulement, certains étudiants ont des problèmes, mais pas tous. Par exemple, dans l’usage de certains pronoms comme «le», «la», «je le parle», «je la parle», il y a certaines fautes qui sont dues, simplement, à la méconnaissance de la langue, ou de la règle, a-t-il fait savoir.
Et avec le Pr Arsène Elongo, les participants constitués d’étudiants membres de l’AUF et des citoyens ordinaires ont été édifiés sur l’enrichissement de la langue française à travers les langues congolaises. Les expressions utilisées par les Congolais, quoique difficilement compréhensibles sous d’autres cieux, sont propres à eux et facilitent la communication intercommunautaire. Les expressions telles: «katiser» (prendre un raccourci), «je suis déchargé» (pour parler de la batterie du téléphone qui est déchargée), «le courant est parti» (coupure d’électricité), «le courant est revenu», (rétablissement de l’électricité), «le grand-père a mangé mon enfant» (pour parler des cas de sorcellerie), etc. sont autant d’expressions qui illustrent cet apport des langues congolaises dans le français.
Enfin, pour le Pr Alain Raoul Loussakoumounou, le français a toujours été, depuis des lustres, un trait d’union, une langue d’intercompréhension qui permet aux Congolais dans leur diversité linguistique de communiquer et de se faire comprendre du nord au sud.

Gaule D’AMBERT