La société civile monte au créneau. Un groupe de 60 ONG d’Europe et d’Afrique, parmi lesquelles les Amis de la Terre, ATTAC ou encore Extinction rebellion, ont appelé mercredi 10 avril 2024, les banques et investisseurs à ne plus prêter d’argent au groupe français TotalEnergies. La firme, très influente auprès des chefs d’Etat, est souvent taxée d’injonction dans les affaires politiques en Afrique.

Elles sont près de 60 ONG, qui ont appelé les grandes banques et des gestionnaires d’actifs à ne plus injecter d’argent frais dans l’entreprise TotalEnergies via des prêts. Ces organisations dénoncent les effets néfastes sur l’environnement de la stratégie de l’entreprise française. Elles exhortent à couper le financement du groupe en refusant de lui prêter de l’argent.
Ces ONG proposent de «ne pas participer» à l’apport d’argent frais de l’entreprise qui continue «sa stratégie climaticide». Venant principalement de France (les Amis de la Terre, ATTAC), d’Afrique (Justiça ambiental du Mozambique, le CECIC en Ouganda), les 60 organisations sont aussi implantées à l’international (Reclaim finance, Extinction rebellion).
Selon ces organisations, près de 70% du financement de l’entreprise vient de ses levées de fonds sur les marchés financiers, via les émissions d’obligations. Et que TotalEnergies compte actuellement 45 emprunts sur les marchés, dont 10 «doivent expirer entre 2024 et 2025». L’entreprise doit les rembourser, soit avec ses fonds propres, soit plus couramment, en contractant un nouvel emprunt.
Les 60 ONG ont écrit à 24 banques, dont BNP Paribas, HSBC, JPMorgan pour qu’elles «s’engagent publiquement à ne plus souscrire ou faciliter l’émission d’obligations» et à six gestionnaires d’actifs (Amundi, Blackrock, Allianz) pour «refuser d’accorder un nouvel emprunt» à TotalEnergies. Ces organisations estiment qu’«en aidant TotalEnergies à lever de l’argent sur le marché obligataire, lui permettent alors indirectement de financer» ses nouveaux projets pétroliers et gaziers.
«Les obligations sont un vrai eldorado financier, plus discret que le financement de projet, pour TotalEnergies. Les acteurs financiers qui y participent doivent se rendre compte de leur responsabilité dans le financement de la stratégie climaticide de l’entreprise», défend Lara Cuvelier, chargée de campagne investissements soutenables pour Reclaim finance.
Si le processus aboutit, les ONG défendant cette campagne auront permis de faire avancer une cause que beaucoup pourront saluer chapeau bât à travers le monde, notamment en Afrique où l’entreprise française, autrefois connue sous l’appellation d’ELF est souvent citée pour être à l’origine des destitutions des régimes.

Azer ZATABULI