Entrée dans le silence du rappel à Dieu, vendredi 10 mai 2024, au Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU-B), des suites d’une agonie qui s’est déclenchée, le jour de son anniversaire de naissance, dimanche 21 avril 2024, quatrième dimanche de Pâques; sœur Pauline de Jésus Moutombo, carmélite, avec ses 42 ans de vie religieuse au service des personnes vulnérables et démunies, couturière de carrière ayant habillé plusieurs générations de diacres et de prêtres; a été portée en terre, vendredi 17 mai 2024, dans l’intimité monastique au Petit cimetière du Monastère Notre-Dame du Mont Carmel de Kinsoundi.

La messe de requiem a eu lieu sur l’esplanade de la chapelle de ce monastère ayant quarante-cinq ans d’existence dont l’implantation à Brazzaville avait été voulue et négociée par le cardinal Emile Biayenda, alors archevêque de Brazzaville, de vénérée mémoire. Célébrée par Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain de Brazzaville, président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC), la messe a été concélébrée par plusieurs prêtres venus de divers horizons. Parmi eux: les abbés Antonio Mabiala, secrétaire général de l’Association des conférences épiscopales de la région de l’Afrique centrale (ACERAC), Vivien Carol Etouolo, secrétaire général de la CEC; Vincent Massengo et Félix Maboundou, vicaires généraux de Brazzaville et de Kinkala; Barthel Christel Ganao et Christophe Maboungou, recteurs du théologât et du philosophât; les pères Albert Tampwo Mulele, commissaire provincial des Carmes Deschaux des deux Congo; Raphaël Bazebizonza, vicaire épiscopal chargé de la Vie consacrée; Casimir Moukouba, directeur diocésain de la liturgie, etc.

Soeur Pauline de Jesus Moutombo
Soeur Pauline de Jésus Moutombo

Sœur Marie Agnès Atani, prieure générale du monastère en deuil, a lu la biographie de la religieuse que le Seigneur a consentie de rappeler à Lui. Père Jean Paul Tshisungu Mbuyi, de l’Ordre des Carmes Deschaux (OCD), a présidé le rite d’imposition des signes liturgiques ayant débouché sur le dépôt des gerbes de fleurs autour de la dépouille.
Plusieurs autorités civiles et militaires ont pris part à la messe des funérailles. Au sein d’elles figuraient le général de brigade Guy Blanchard Okoï, chef d’Etat major général (CEMG) des Forces armées congolaises (FAC) et son épouse. Aussi, des religieux, religieuses de diverses congrégations et des laïcs venus de différentes paroisses de l’archidiocèses de Brazzaville au nombre desquels pouvaient être distingués des membres de la famille biologique de la défunte; ont été comptés parmi les participants à la messe animée par la chorale Mê Mvumbukidi de la paroisse Saint Jean Apôtre de Kinsoundi.
C’est le vicaire général de Brazzaville qui a prononcé l’homélie au cours de laquelle il a mis en exergue les traits fondamentaux de la personnalité de la défunte; le charisme carmélitain qui consiste à prier pour l’éclosion des vocations de tout genre, la paix dans le mone entier; le talent de couturière de celle qui avait rassemblé pour la dernière fois le peuple de Dieu en ces lieux pleins de souvenirs aussi bien heureux que douloureux. De même, l’abbé Vincent Massengo a rappelé aux participants à cette messe que l’aube qu’il portait en cette circonstance de deuil avait été cousue par la défunte à l’occasion de son ordination diaconale reçue à la Place mariale de la cathédrale Sacré-Coeur, le samedi 6 octobre 2006, des mains de Mgr Anatole Milandou, alors archevêque de Brazzaville. Le prédicateur a aussi interpellé les participants à se soucier de laisser un témoignage éloquent de leur laisser un témoignage éloquent de leur vie à la fin de leur pèlerinage terrestre à l’exemple de celle qui a quitté cette terre des hommes pour l’éternité.
Dans son mot de remerciements, la prieure générale du monastère éploré a exprimé sa gratitude à tous ceux et toutes celles qui leur ont témoigné leur proximité dans cette douloureuse épreuve qu’elles ont traversée depuis leur séjour au au CHU de Brazzaville jusqu’à ce jour des funérailles.
Peu avant le rite du dernier adieu exécuté par le célébrant principal, celui-ci a réitéré le sens de l’humour qui caractérisait celle qui s’était éteinte et qui aimait à dire de son vivant : «Le jour de ma mort, je me présenterai devant Jésus avec un sac de foufou et de l’oseille… afin de lui faire goûter des mets typiquement congolais». L’archevêque a aussi vanté le sens hautement humain de la défunte qui, pourtant sans connaïtre de maternité, s’est retrouvée avec plusieurs enfants autour d’elle, venus lui témoigner leur affection.
Après la messe, la procession de sortie marquée de la présence de la dépouille s’est achevée au Petit cimetière situé dans l’enceinte du monastère, où Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou a procédé à l’exécution du rite de bénédiction de la tombe dans laquelle repose désormais celle qui avait émis ses premiers vœux en 1982 et ses vœux définitifs en 1986, dans cet ordre des sœurs carmélites spécialisées, entre autres, dans la fabrication, la production et la diffusion des hosties de messe dans l’archidiocèse de Brazzaville et qui consacrent leur vie entière à prier pour que la paix règne et demeure dans le monde.
Gislain Wilfrid BOUMBA

Qui était Sœur Pauline
de Jésus Moutombo?
Pauline Moutombo (en religion Pauline de Jésus) est née à Linzolo, le 21 avril 1953 de feus Joseph Nkouka et Thérèse Biyendolo. Elle fait partie d’une fratrie de 6 sœurs (dont 3 déjà décédées) et de 2 frères. Sa paroisse d’origine est Saint Joseph de Linzolo et son village, Mvouanga.
La maison de papa Joseph Nkouka et maman Thérèse Biyendolo était toujours ouverte aux prêtres en mission dans les villages avoisinants. C’est ainsi qu’une photo de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus fut offerte un jour à la famille de sœur Pauline. Tous les soirs, la famille priait devant cette photo. De là naîtra dans le cœur de Pauline, le vif désir de consacrer sa vie au Seigneur dans la famille religieuse de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus qui était devenue son amie. Elle se demandait comment elle pouvait réaliser son rêve étant donné qu’il n’y avait pas encore des Carmélites au Congo et qu’elle n’avait pas eu la chance d’aller à l’école. En même temps, elle se disait que rien n’est impossible à Dieu. C’est effectivement lors de ses hospitalisations qu’elle rencontra pour la première fois sœurs Gisèle et Michèle qui venaient d’arriver au Congo pour la fondation de ce Carmel. Elle fut très heureuse de cette rencontre et après sa guérison, elle chercha à revoir les sœurs Carmélites qui discerneront en «Ya Pauline» une vraie vocation à la vie des Carmélites Deschaussées. Les sœurs l’aideront à apprendre à lire et à écrire en français. Elle suivra aussi des cours à l’Ecole spéciale des Filles de la charité à Moungali. «Ya Pauline» s’appliquera de toutes ses forces à tous ces apprentissages, si bien qu’elle arrivera à bien lire et à bien parler le français. Jusqu’à la fin de sa vie, est demeuré son entrain à toujours apprendre. Elle a eu la joie de faire sa profession temporaire dans l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel, le 21 novembre 1982 et la profession solennelle le 20 juillet 1986.
Sœur Pauline aimait son Seigneur Jésus et son Eglise. Elle disait toujours que sa vocation est de prier pour les prêtres et l’Eglise. Et cela lui tenait vraiment à cœur. Malgré ses limites et ses difficultés, elle a vécu parmi ses consœurs en vraie fille de Sainte Thérèse, semant l’amour, la joie et la paix autour d’elle. Elle avait un cœur large, était compatissante, humble, pleine de sagesse. Elle savait demander pardon quand elle avait causé de la peine à une sœur ou à la communauté. Elle animait bien les récréations communautaires avec son talent enjoué.