«Intelligence artificielle et sagesse du cœur: pour une communication pleinement humaine». C’est le thème qu’a choisi cette année le Pape François pour la 58e Journée mondiale des communications sociales, célébrée chaque année au mois de mai. Cet événement est le rendez-vous par excellence pour les médias d’Eglise notamment catholiques, de dresser un bilan annuel et se positionner, surtout à l’ère du numérique où les médias sociaux semblent prendre de l’ascendant.

Décryptant le contenu du thème qu’il a proposé cette année aux professionnels des médias catholiques pour la célébration de la 58e Journée mondiale des communications sociales, le Souverain pontife a, dans son message, dévoilé les motivations du choix de cette problématique. «Dans cette époque qui risque d’être riche en technique et pauvre en humanité, notre réflexion ne peut partir que du cœur de l’homme. Ce n’est qu’en nous dotant d’un regard spirituel, en retrouvant une sagesse du cœur, que nous pouvons lire et interpréter la nouveauté de notre temps et redécouvrir la voie d’une communication pleinement humaine».
Le Saint-Père précise: «le cœur, entendu bibliquement comme le siège de la liberté et des décisions les plus importantes de la vie, est un symbole d’intégrité, d’unité, mais il évoque aussi les affections, les désirs, les rêves, et il est surtout le lieu intérieur de la rencontre avec Dieu. La sagesse du cœur est donc cette vertu qui nous permet de tisser ensemble le tout et les parties, les décisions et leurs conséquences, les hauteurs et les fragilités, le passé et l’avenir, le je et le nous».
Concernant le bon ou mauvais usage qui caractérisent bien souvent les utilisateurs des médiaux sociaux, le Pape François fait constater: «Les systèmes d’intelligence artificielle peuvent contribuer au processus de libération de l’ignorance et faciliter l’échange d’informations entre les différents peuples et générations. Ils peuvent, par exemple, rendre accessible et compréhensible un énorme patrimoine de connaissances écrit dans le passé ou permettre aux gens de communiquer dans des langues qui leur sont inconnues. Mais ils peuvent aussi être des instruments de “pollution cognitive”, d’altération de la réalité par des récits partiellement ou totalement faux qui sont crus. La simulation, qui est à la base de ces programmes, peut être utile dans certains domaines spécifiques, mais elle devient perverse lorsqu’elle fausse le rapport à l’autre et à la réalité».
Lors du 50e annniversaire du Comité épiscopal panafricain des communications sociales (CEPACS) en novembre 2023 à Lagos, au Nigeria, le Dr Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication, venu de Rome avait annoncé le thème de cette Journée, et avait rappelé le bien-fondé d’une communication authentique au sein de l’Eglise, dans le contexte de synodalité. «Le secret de la communication n’est pas la technique mais l’amour. Nous pourrions penser que la communication dépend des médias, en tant que simple transmission de nouvelles, de connaissances, de notions, d’émotions. Certes, la communication, c’est aussi cela. Mais si nous regardons la racine latine du mot “communication”, nous voyons qu’elle combine deux autres mots: cum, ensemble, et munus, don. Cela nous indique que la communication est avant tout un don mutuel de nous-mêmes, un don qui provient de la relation que nous établissons avec l’autre. Si nous remontons aux premiers chrétiens, nous redécouvrons que c’est là leur première source de communication. Ils étaient reconnus par l’amour». «La communication martelait le patron du dicastère de la Communication, ne se résume pas à des “communiqués de presse”. Il s’agit d’établir des relations sincères, profondes et stables».
A travers ce thème, le Pape présente les deux facettes des des médias sociaux et leur ambivalence, lesquels représentent à la fois une opportunité et un risque.

Aristide Ghislain
NGOUMA