Le renommé céramiste et décorateur Albert Massamba, alias Hirondelle, s’est éteint le 9 mai 2024, au CHUB , à l’âge de 91 ans, suite à une longue maladie. Il laisse une œuvre artistique abondante dans ses domaines de prédilection : la céramique et la décoration.

Né en 1933 à Ngabanoué dans le département du Pool, Albert Massamba débute ses études à Kinkala où il obtient son Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE). A Brazzaville où il vient poursuivre ses études, il entre à l’école des arts de l’Afrique Equatoriale Française (AEF) dans laquelle il se forme à coté des Camerounais, des Centrafricains, des Gabonais, des Tchadiens et des Congolais jusqu’en 1960. A cette date le Congo accède à l’indépendance et l’école ferme ses portes. C’est ainsi qu’avec d’autres congolais apprenants à ladite école, ils créent la Coopérative d’art et d’artisanat et sollicitent son officialisation auprès de l’Etat. Mais en vain. Faute de soutien financier, cette structure cesse donc d’exister.
En 1966, Albert Massamba, obtient une bourse pour une formation dans une usine textile en République Populaire de Chine. De retour dans son pays en 1967, il est recruté à l’usine textile de Kinsoundi en qualité de technicien décorateur et est affecté au service de fabrication des maquettes des pagnes, des tee-shirts et des serviettes. En temps libre il donne des cours de dessin bénévoles aux jeunes à l’école des arts au Centre culturel de Bacongo. A la fermeture de l’usine textile de Kinsoundi, en 1977, il continue de former les jeunes et fabrique des objets d’art personnels. En 1980, au cours d’une exposition, le ministre de la culture et des arts, émerveillé par ses œuvres, l’intègre à la Manufacture des arts et de l’artisanat où il est nommé, deux ans après, chef des travaux pratiques, responsabilité qu’il assumera jusqu’en 1990. Admis à la retraite, il monte son propre atelier à son domicile de la rue Owando à Ouenzé. Là, il fabrique et vend des objets d’art variés d’argile cuite, merveilleusement décorés. Il y travaille pendant de longues années jusqu’au jour où il perd la vue.
Albert Massamba est auteur de plusieurs œuvres. En 1984, il a peint la fresque de la grande salle du Palais des Congrès. En 1989, il a décoré le siège de l’OUA à Addis Abeba en Ethiopie et l’année suivante, la salle de l’immeuble d’Hydro-Congo. Au CEG Tchimpa Vita, il a monté un monument dénommé la Ronde. En 1994, il a réalisé la fresque du square de Gaulle devant le lycée Savorgnan de Brazza, symbolisant la libération de la France. La même année, il a décoré le monument d’orientation à la case de Gaulle. Il a orné également plusieurs immeubles administratifs de la place.
Il a participé à plusieurs expositions, entre autres, à la Foire internationale de Pointe-Noire, en 1993, et à celle organisée par l’Association démocratique des Français de l’étranger au Centre culturel français , en 1996. La même année, il a participé au salon «Femme et Municipalité» à Brazzaville et en 1997, à la Semaine de l’art et de l’artisanat. Quant aux prix et distinctions, Il a reçu, en 1967, le 2è prix à l’exposition d’arts plastiques organisée par l’Ambassade des Etats-Unis et également le 2è prix à l’exposition de l’artisanat organisée par Lions Club. En 1990, il est distingué de la Médaille du Dévouement Congolais.
Les œuvres d’Albert Massamba ont traversé les frontières et sont connues hors de son pays. En 1981, il est invité à la 10è exposition du travail (groupe des Métiers d’Art) de Paris où il obtient la médaille d’or. En 1986, il participe à la Foire internationale de Libreville et en 1995, c’est le salon international de l’artisanat de Ouagadougou qui l’accueille.
Par son sens créatif profond, le naturel extrême ainsi que l’originalité de ses œuvres, Albert Massamba occupe incontestablement une place de choix parmi les artisans congolais qui ont apporté une contribution régénératrice à la culture de leur pays.

Eugène GAMPAKA