Le sport congolais aura traversé l’année 2023 en zone de turbulences. Ministère de tutelle, fédérations nationales et clubs, tous sont responsables d’une année… chaotique. Vivement la prochaine!

Si on demande aux Congolais de dresser le bilan de l’année qui vient de s’achever, bon nombre diront qu’il est négatif. L’objectif de la Fédération congolaise de football (FECOFOOT), par exemple, était la qualification des Diables-Rouges pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 2024. Au finish, comme depuis 2017, c’est à la télé que l’équipe nationale A regardera l’édition qui se déroulera en ce début d’année en Côte d’Ivoire. «Un échec traumatisant de trop !», avait titré La Semaine Africaine (n°4195 du vendredi 15 septembre 2023) .

Les Diables Rouges dames rentrent les mains vides
Les Diables-Rouges dames

Les Diables-Rouges A’ avaient obtenu leur ticket pour le Championnat d’Afrique des nations (compétition réservée aux joueurs évoluant dans les championnats de leur pays) organisé au Maroc (13 janvier-4 février), début 2023. Mais les poulains de l’entraîneur Elie Ngoya, qui avait promis monts et merveilles avant l’expédition nord-africaine, n’ont pu dépasser le premier tour, terminant même derniers de leur groupe et surtout 17e sur 18 équipes au classement définitif de la compétition !
Pis, zéro pointé pour les Diables-Rouges U-23 du coach Cyril Donga, rentrés au pays avec une décevante performance (3 matches, trois défaites et dernier du groupe A) à la CAN de leur catégorie, au Maroc (24 juin-8 juillet 2023).
Maigre consolation : les équipes jeunes, celles des U-17 et U-20. Bien qu’éliminés respectivement au premier tour en Algérie (29 avril-19 mai) et en quart de finale en Egypte (19 février-11 mars), elles ont fait honneur au pays en séduisant maints spécialistes, malgré une préparation qui ne fut pas des plus optimales.
Restent les Diables-Noirs : qualifiés pour la première fois de leur histoire pour la phase de groupes de la Coupe de la Confédération, ils ont échoué à atteindre les quarts de finale.
L’année 2023 a été aussi un échec pour le handball congolais, notamment la participation des Diables-Rouges dames au tournoi de qualification pour les Jeux Olympiques à Luanda. Pas à la hauteur de l’exigence de haut niveau, le Congo a été dernier. Cet échec confirme son incapacité à mettre en place un projet à moyen et long terme, avec une responsabilité partagée entre la Fédération et la tutelle.
Dans ces circonstances, il était illusoire de s’attendre à mieux au Championnat du monde féminin (29 novembre-12 décembre) organisé conjointement par le Danemark, la Norvège et la Suède: le Congo, dernier de son groupe, a été déversé dans la Coupe du Président, tout juste pour se consoler.
Quant aux clubs, DGSP et BMC ont sauvé les meubles en décrochant chacun la médaille de bronze à la Coupe d’Afrique des clubs champions à domicile (28 septembre-7 octobre à Brazzaville).
Visiblement, il n’y a guère que pour le football et le handball que le ministère de tutelle délie les cordons de sa bourse. Les autres fédérations, le cas du karaté et du volley-ball, étranglées par l’absence d’argent, ont déclaré forfait aux championnats d’Afrique. Des dirigeants, comme ceux de la Fédération des sports de boule et de la boxe ont dû mette la main à la poche pour honorer leurs engagements continentaux.
La Fédération congolaise de football, en bisbille avec le ministère de tutelle, aurait pris aussi en charge elle-même, les déplacements et d’autres charges (hébergement, restauration, primes, etc.) liées à la participation des sélections nationales féminines aux éliminatoires de la CAN seniors et de la CAN U-20.
On croit savoir que dans son projet de société, le président de la République a dit son ambition de faire du Congo une grande nation sportive sans distinction de disciplines. Cela veut dire que tous les sports doivent être traités sur un pied d’égalité. «Seulement voilà, pourquoi, quand il s’agit des disciplines sportives autres que le football et le handball, la tutelle fait-elle grise mine? Autrement, nous sommes exclus», se plaint un dirigeant de fédération. «Il faut mettre fin à cette injustice», plaide un observateur. «La culture de l’amateurisme et du bénévolat imprègne encore fortement le ministère de tutelle», note-t-il, ensuite, faisant allusion à la décision de suppression unilatérale de la prime de présence versée aux joueurs des sélections nationales par le patron du sport congolais. «Que cela plaise ou non, ce temps est révolu», conclut-il.

Franck SOUAPIBOU