Un film révolutionnaire retraçant l’histoire du Congo de 1966 à 1991 a été projeté samedi 10 juin, dans la salle de cinéma canal Olympia, à Poto-Poto, à Brazzaville. Le 10 juin est la date marquant la réconciliation nationale. Ce film, réalisé par un jeune cinéaste congolais, Hassim Tall Boukambou, petit-fils de feu Julien Boukambou, ancien syndicaliste, vise à faire comprendre l’histoire du pays en exploitant plusieurs supports.

Il s’est appesanti particulièrement sur les témoignages de quelques acteurs politiques vivants qui ont vécu la révolution, les vidéos et les images photographiques de plusieurs personnalités politiques de l’époque. L’histoire transmise est focalisée sur celle de la jeunesse de cette époque qui tenaient à un changement qualitatif pour le développement du pays, même au prix du sang.
Le film fait partie du dernier volet d’une trilogie des films révolutionnaires qui retracent les 110 ans de l’histoire du Congo partant de la précoloniale, pendant la colonisation et après l’indépendance. Le documentaire a permis de se remémorer du passé révolutionnaire. La salle a été pris d’assaut par un public cosmopolite, composé des hommes politiques, des responsables des Organisations non gouvernementales et de nombreuses personnes friandes de découvrir les différentes péripéties de la Révolution congolaise, les jeunes, les adultes et les plus âgés.

L’affiche du film d’Hassim Tall Boukambou
L’affiche du film d’Hassim Tall Boukambou

A la fin de la projection, des spectateurs ont donné leur appréciation sur le contenu et la qualité du film. Clément Mierassa, homme politique, ancien ministre, a dit: «Je suis satisfait de revivre cette histoire. Mais, il faut qu’on assume en tant qu’homme politique. Pour ce qui est de ma part politique, j’assume mes responsabilités».
Maxime Ndebeka, ancien ministre de la culture et homme politique s’est exprimé en donnant son point de vue. «C’est l’histoire de notre pays. Ce document est très important parce que les choses vont vites. Si, on n’a pas de mémoire, on va se perdre. Je suis bouleversé parce que c’est la qualité quand même d’une jeunesse qu’on avait, qui était engagée à cette époque. Les cadres qui étaient là montraient leur engagement, l’éthique qu’ils avaient. Aujourd’hui, mon inquiétude c’est la situation de la jeunesse qui me semble n’a pas la même éthique, le même engagement et le même amour. Cette jeunesse d’en temps prenait un chemin avec sincérité. Maintenant, je suis inquiet pour l’avenir de notre pays par rapport à la formation des jeunes aujourd’hui. Ils veulent aller vite vers les biens pour soi que pour l’ensemble du pays».
Alain Akouala Atipault, ancien ministre a donné son appréciation du film. «Sur ce film, j’ai déjà vu les précédents et j’ai amené mes enfants ici puisque je trouve que c’est important de leur faire connaitre l’histoire du pays. Ce film nous permet d’avoir un recul et de revisiter les labyrinthes de notre histoire avec ses aspects positifs et négatifs. Mais, cette histoire nous a quand même construit nous de notre génération surtout à partir des années 63, 64, 65. Il faut saluer le jeune qui a fait ce film et l’encourager parce que nous devons arriver à regarder notre histoire de manière dépassionnée, nous devons la regarder pour en tirer des leçons pour qu’on ne puisse pas produire les mêmes erreurs».
Trésor Nzila Kendet, directeur exécutif du centre d’actions pour le développement (CAD), une organisation de défense et de promotion des droits humains, a donné son avis. «Je suis content d’avoir pris part à cette soirée. Le film est instructif, il est intéressant, mais, couvre encore beaucoup d’ombres. Le film en lui-même ne dit pas toute la vérité. Il y a des pages qui n’ont pas été élucidées, je comprends le contexte. Le Congo est un pays répressif, donc il y a certaines choses qu’on ne peut pas dire. Il y a beaucoup d’hésitations dans le film en face d’une séquence à une autre. Il y a les problèmes de transition, il y a des histoires un peu flou. On ne veut pas dire la vérité clairement, je comprends la peur. Il faut encourager l’initiative. Je fais appel à d’autres cinéastes de faire de même et de dire la vérité. Lorsqu’on s’engage à défendre la nation on ne porte pas les gans».

Philippe BANZ