Placé sous le thème: “L’oeuvre de Henri Djombo et les enjeux des sociétés contemporaines”, le Colloque international littéraire consacré à l’écrivain Henri Djombo a eu lieu du 29 au 30 mai 2024 à l’amphithéâtre Jean Baptiste Tati Loutard de Brazzaville. Organisé par la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (FLASH) de l’Université Marien Ngouabi et placé sous la coordination du Pr Evariste Dupond Boboto, doyen de cette faculté, ce colloque a eu le mérite de voir la communauté universitaire vénérée l’auteur à titre anthume. Il a accouché des recommandations, au nombre desquelles, celle exhortant les pouvoirs publics à inscrire dans les programmes d’éducation et de formation en Afrique en général et en République du Congo, les oeuvres de l’auteur, vu la pertinence, la qualité et les thématiques abordées. De même, l’INRAP a été invité à s’approprier les actes du colloque pour des fins didactiques et pédagogiques.

Ce colloque a connu la participation des chercheurs, universitaires, étudiants et hommes de lettres venus de différents horizons. Il a donné l’occasion aux participants de décortiquer les multiples facettes de l’écrivain dont l’oeuvre occupe une place essentielle au regard des pertinentes thématiques qu’elle aborde. Les spécialistes de différentes disciplines ont mis en relief la richesse de cette peuvre en rapport avec des enjeux des sociétés contemporaines.

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L’écrivain Henri Djombo

Prenant la parole, le Pr Edouard Ngamoutsika, président du comité d’organisation a affirmé qu’un colloque en hommage à Henri Djombo est très symbolique. La littéraure devient chez lui un lieu de réflexion profonde sur la condition humaine, la marche et le développement socioéconomique des pays africains.
Les conférences thématiques ont été inaugurées par le Pr André Patient Bokiba. Il s’est attelé à parler du paratexte et particulièrement des oeuvres d’Henri Djombo. Selon lui, ces titres ne sont pas anodins; on y décèle les indices de sa pensée. Ils ont pour mission de maintenir en éveil, soumettre la conscience humaine…
Le Pr Céline Dolissane Ebossé s’est servie de la théorie de l’épistomologie de la complexité d’Edgard Morin pour étudier la complexité de l’existence humaine chez Henri Djombo. Elle souligne les interconnexions entre l’homme et tout ce qui l’entoure. En adoptant un plan ternaire, la critique a d’abord identifié les éléments de la nature dans l’oeuvre de Djombo…
Le Pr Omer Massoumou a commenté sur le parti-pris culturel dans l’oeuvre d’Henri Djombo. Revisitant les postures théoriques de Maxile Cervulle et Nelly Guemener, il a relevé dans l’oeuvre de Djombo les marqueurs manifestes des Bantu culturel studies perceptibles à partir de la représentation des réalités coloniales et postcoloniales.
Dans le même registre, une cinquantaine de communications ont été faites et débattues en ateliers. Elles se sont inscrites dans les différents axes de réflexion du colloque et regroupées dans les quatre centres d’intérêt suivants: ”Activités politiques dans l’oeuvre d’Henri Djombo”; ”Henri Djombo: littérature et défis économiques”; ”Ecologie, savoirs endogènes et développement chez Henri Djombo”; ”Langue, littérature et expressions de la vision du monde de l’auteur”.
Pour ce qui est de l’actualité politique dans l’oeuvre de Djombo, il en ressort qu’il déploie une écriture qui s’inscrit dans une dynamique de modernité. Celle-ci se lit dans une hybridation des genres littéraires, comme l’a montré Bienvenu Boudimbou, dont la communicationa, porté sur le thème”Intergénéricité et communication publique dans ”Ce que dira de nous demain”.
La problématique de la démocratie, par exemple, est au coeur de son roman ”L’avenir est dans ma tête”. Analysant son ouvrage, Rosin Francis Emerson Loemba a souligné que la démocratie s’y déploie dans un contexte à la fois traditionnelle et moderne.
S’agissant du sujet ”Henri Djombo: littérature et défis économiques”. Il a été relevé que la littérature offrait à Henri Djombo un espace de réflexion qui lui permet de traiter des questions économiques qui constituent un véritable défi dans les pays africains…
Auteur d’une oeuvre abondante, dont six romans, huit pièces de théâtre, un essai et un entretien, Henri Djombo s’est dit honoré et ému. Il a salué et pris acte des conclusions de ce colloque historique. ”L’émotion étant humaine, je peux avoué tout de même, l’appréhension qui ma animé sur l’issue de cette rencontre. Elle a ressemblé à un examen de passage. Oui, j’ai été comme pris d’une sorte de doute, de ce doute qu’on éprouve lorsqu’on se trouve sur le plateau d’une clinique pour subir un examen d’imagerie médicale, dans l’incertitude du résultat attendu. A présent, je suis délivré du doute. Je me réjouis du succès de vos travaux et des délibérations qui en résultent”.
Pour le Pr Mukala Kadima Nzuji, principal éditeur des oeuvres d’Henri Djombo, ”cette messe intellectuelle est le couronnement du parcours de cet ancien ministre d’Etat. L’Université qui est le temple du savoir le reconnaît, lui donne la place qui lui revient”.
Au terme du colloque, le doyen de la FLASH a loué l’implication des exposants dans leurs communications. Ils ont produit des communications de haute facture qui seront traduites en actes du colloque, a fait savoir, le Pr Evariste Dupond Boboto.
Les autres temps forts du colloque ont été marqués par l’intermède théâtral fait par le comédien Fortuné Bateza, sur l’introduction à l’oeuvre littéraire d’Henri Djombo; la visite du vernissage de l’exposition ”HD, peintre de paroles, peintures en HD” de Rémy Mongo Etsion et la mise en place de la pièce ”Le cri de la forêt” d’Henri Djpmbo par le théâtre de l’environnement.

Alain-Patrick MASSAMBA