Ce qui se passe actuellement à Brazzaville et à Pointe-Noire, est indicible. Le transport est difficile, l’électricité est un calvaire, l’eau, n’en parlons pas, les routes se dégradent, l’insalubrité est totale. Le coût de la vie devient cher, l’hôpital est malade et l’école un vrai cauchemar au même titre que l’insécurité. Les Congolais ne savent plus à quel saint se vouer.

Partout dans les deux villes, c’est le mécontentement et les plaintes. La situation est très critique. Vivre à Brazzaville comme à Pointe-Noire devient un véritable casse-tête. Pour ne citer que ces deux villes où la circulation est devenue un véritable parcours du combattant surtout lorsqu’il pleut.
Les Brazzavillois et les Ponténégrins sont obligés de patauger dans la marre. Les avenues et ruelles manquent de canalisations qui auraient permis d’éviter leur dégradation. Là où il y a les caniveaux, ils se bouchent et disparaissent au vu et au su des pouvoirs publics.
Les nids de poules font le quotidien des automobilistes qui ont perdu la notion des feux rouges, parce que ceux-ci ne fonctionnement pratiquement jamais, occasionnant de nombreux accidents dans les carrefours et aucune autorité ne s’en préoccupe.
Les marchés sont devenus des poubelles qui cohabitent avec la boue. A côté, les vendeurs étalent les produits alimentaires. Ceux qui vendent n’ont aucun souci de la santé de leurs compatriotes. Les aliments de première nécessité sont soit étalés sur la boue, soit sur des tables de fortune à quelques centimètres des marres d’eau. Nos marchés appartiennent à la mairie, alors, que font les hommes de la «Maison en marbre» et leurs acolytes qui sillonnent les marchés? Averda seule ne peut pas être à la hauteur de la tâche.
Les problèmes liés à la croissance de Brazzaville, notamment, ceux de l’environnement et de l’aménagement urbain continuent de se poser aux autorités politiques et administratives en termes de défis à surmonter. Ces problèmes doivent maintenant être abordés avec une certaine urgence. Car la gravité de la situation est telle qu’on ne peut plus continuer à se croiser les bras.
A ce lot quotidien des problèmes et des Brazzavillois et Ponténégrins, s’ajoutent les pénuries récurrentes d’eau, d’électricité et parfois du ciment et du carburant qui agacent la population. De longues files d’attente sont observées devant les stations-service et des quartiers entiers sont plongés dans le noir. Les bidons jaunes ont refait surface.
La pénurie d’eau à Brazzaville et à Pointe-Noire, est une réalité incontournable. Face à la pénurie croissante et profitant des opportunités offertes par le Code de l’eau d’avril 2003 qui libéralise le secteur, des privés utilisent des camions-citernes pour livrer de l’eau aux citoyens qui ont les moyens de la payer. Les autres se tournent vers des particuliers qui ont créé des forages à leur domicile et vendent le précieux liquide aux populations toujours plus nombreuses dans le besoin. Des jours, mois, voire des années durant, certains robinets n’ont plus versé une seule goutte d’eau. On dit que l’eau, c’est la vie: priver les milliers de Congolais de cette ressource naturelle n’est-il pas une violation de leurs droits fondamentaux?
Par ailleurs, les coupures d’électricité et le phénomène des délestages intempestifs sont devenus monnaie courante. Des quartiers entiers sont plongés dans l’obscurité. Les conséquences sont importantes: l’électroménager tombe en panne, les provisions pourrissent, la vie économique tourne au ralenti. La situation devient infernale.
Courant 2000, le Congo avait décidé d’investir dans les infrastructures de production d’énergie. Le projet du boulevard énergétique, lancé en 2009 par le Chef de l’Etat, visait à résoudre le problème de la dépendance énergétique du pays vis-à-vis de la RDC.
Dans cette perspective, plusieurs infrastructures ont été réalisées afin d’atteindre cet objectif. Mais, l’accès à l’énergie demeure extrêmement préoccupant, voire pire qu’avant la mise en œuvre de ces projets, en particulier dans les deux grandes villes: Brazzaville et Pointe-Noire qui subissent des périodes régulières de délestage.
La qualité et les coupures à répétition d’électricité causent d’énormes problèmes aux populations. Une situation qui n’arrange guère les détenteurs des unités de production.
En effet, les deux sociétés ne parviennent pas à délivrer, aux plans de la qualité et de la quantité, le service public pour lequel elles ont été instituées. On pensait qu’avec la création de La Congolaise des eaux (LCDE) et d’énergie électrique du Congo (E2C), les choses allaient s’améliorer. Fausse illusion. On a déshabillé Pierre pour habiller Paul.
Les performances techniques, commerciales et managériales des deux entreprises ne se sont guère améliorées. Aucune justification n’est donnée à la population qui demeure dubitative et s’interroge sur le pourquoi de ces pénuries récurrentes qui affectent leurs quotidiens et les affaires.
On ne peut plus faire des provisions dans les ménages. Les Congolais sont condamnés à vivre au jour le jour. Les tenanciers des chambres froides subissent des pertes énormes. Le Gouvernement ne semble pas s’en préoccuper. Le pays vit un véritable calvaire auquel s’ajoutent le non-paiement des bourses des étudiants, les pensions de retraite et les droits des sociétés liquidées. Les ronds-points et trottoirs qui ne sont pas entretenus et envahis par les herbes, ainsi que les espaces publics. Les bacs mal disposés d’Averda qui rendent les avenues impropres.
Devenue une tradition au niveau national, la salubrité, le premier samedi du mois, n’est plus observée dans les administrations.
Pour permettre à ce que l’énergie soit abondante et stable, Anatole Collinet Makosso a déclaré le 27 mai 2022 que le secteur des infrastructures de base, identifié comme le secteur bénéficiaire de la croissance qui sera engendrée par la politique de diversification de l’économie, nécessite d’importants investissements pour permettre au Gouvernement de réussir le défi du transport et de la distribution de l’électricité et de l’eau potable au service des citoyens. «L’énergie et l’électricité doivent être stables et au service de tous. Nous réussirons à relever ce défi» promettait-il au cours de la conférence des présidents des deux chambres du Parlement.

Les populations appelées à plus de patience

Pour les techniciens de LCDE, la pénurie d’eau courante à Brazzaville est due aux coupures intempestives d’électricité, malgré la disponibilité des produits chimiques pour assurer la potabilité de l’eau. Ils l’ont fait savoir au Premier ministre, le 29 mars dernier lors de sa visite à la Direction départementale de La congolaise des eaux et au Centre d’exploitation de Mbouono d’E²c, où il est allé s’enquérir de la situation des coupures d’électricité et de pénurie d’eau.
Jean-Bruno Danga Adou, directeur général de la société électrique du Congo, a expliqué les difficultés que connaissent les réseaux qui alimentent la capitale en électricité. «Avec la chaleur caniculaire qu’on connaît actuellement, il arrive que les lignes lâchent», a-t-il expliqué, tout en exprimant la nécessité de la construction d’une deuxième ligne THT de transport d’électricité, entre Brazzaville et Pointe-Noire.
Le Premier ministre a appelé les populations à plus de patience. Il les a rassurées qu’elles ne sont pas seules devant ces difficultés: «Le Gouvernement n’est pas indifférent, il travaille, les cadres de ces sociétés sont à la manœuvre pour essayer de trouver des solutions».
A en croire les explications du directeur général de l’E2C, la fin des délestages n’est pas pour maintenant tant qu’il n’y aura pas cette deuxième ligne THT. Les Brazzavillois doivent dorénavant intégrer les délestages dans leur mode de vie. «Nous travaillons à ce que nous ayons cette deuxième ligne qui relie Pointe-Noire à Brazzaville… Le Gouvernement n’est pas indifférent, il travaille, les cadres de ces sociétés sont à la manœuvre pour essayer de trouver des solutions», a rassuré Anatole Collinet Makosso.
Sur une demande énergétique de 230 mégawatts, Brazzaville, actuellement, n’en reçoit que 170. Il y a donc un déficit de 60 mégawatts à combler. En cause, l’obsolescence des sources de production, notamment les barrages hydroélectriques «et la limitation à 50 mégavars de la puissance réactive en réseau interconnecté avec la RD Congo au niveau du poste THT de Kinsuka», a expliqué le directeur de la production et du transport d’E²C, Armel Ibara Mbibi.

KAUD