Rappelée à Dieu, à 48 ans dont 24 ans de mission en Centrafrique, au Togo et dans son propre pays, le Congo; le vendredi 2 février 2024, des suites d’un accident de circulation, en se rendant à Owando pour participer à la messe d’installation de l’actuel archevêque du lieu, entre Impfondo et Ouesso, après avoir bien quitté Dongou, dans le diocèse d’Impfondo, sa terre de mission, sœur Pauline Kiyala, ouverte, accueillante, très dévouée pour l’éducation des enfants et des jeunes à qui elle a transmis le goût de la vie et de l’apprentissage; membre de la Congrégation des sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé, a été inhumée, mardi 13 février 2024, à Voka, (dans le diocèse de Kinkala), où les religieuses de la Divine Providence de Ribeauvillé œuvrent pour l’éducation depuis 1957.

Après la messe des funérailles en la cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville, le cortège funèbre s’est dirigé vers la dernière demeure de la regrettée religieuse où elle repose désormais.
Présidée par Mgr Franck Daniel Nzika, évêque d’Impfondo, la messe a été concélébrée par NN.SS. Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain de Brazzaville, président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC); Urbain Ngassongo, évêque de Gamboma, vice-président de la CEC; Gélase Armel Kema, archevêque métropolitain d’Owando, administrateur apostolique de Ouesso; Toussaint Ngoma Foumanet, évêque de Dolisie; Victor Abagna Mossa, archevêque émérite d’Owando; et plusieurs prêtres dont les abbés Vivien Carol Etouolo, Célestin Ndajijimana, Vincent Massengo et Josias Oyombo Nkoli, respectivement, secrétaire général de la CEC, vicaires généraux d’Impfondo, de Brazzaville et d’Owando, etc.
Dans la foule des participants à la messe pouvaient être distingués des religieuses de diverses congrégations venues apporter soutien, réconfort et compassion à leurs consœurs de la congrégation éplorée, aux côtés des membres de la famille de la défunte religieuse et des fidèles laïcs venus de divers horizons dont ceux venus du diocèse d’Impfondo, où la défunte a exercé avec abnégation, zèle, enthousiasme et engagement pastoral conséquent sa mission, à la suite du Christ, auprès de ces enfants et jeunes désormais orphelins de leur formatrice et directrice d’école. Sur les visages des participants à la messe, se lisaient la douleur et le désarroi causés par cette perte tragique et inopinée d’un être cher qui laisse le souvenir d’une femme battante ayant relevé le niveau scolaire des élèves en collaboration avec les enseignants placés sous son autorité. Un être si cher qui a changé de manière surprenante le visage de l’Ecole Sainte Odile de Dongou; sur qui l’Eglise, sa famille biologique, sa congrégation religieuse et toute la société pouvaient encore compter.
Au début, sœur Adeline Roseline Goma, supérieure régionale des sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé, a dépeint les traits fondamentaux de la personnalité de la défunte, ce qu’elle a accompli de particulier et de surprenant dans ses différentes terres de mission.
Sœur Annette Mabanza, conseillère générale, déléguée de la supérieure générale des sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé, a lu le message de la congrégation adressé par Sr Monique, supérieure générale, à l’occasion des obsèques de sœur Pauline.
Sœur Florine Okoumou a lu la biographie de celle qui rassemblait pour la dernière fois le peuple de Dieu en cette cathédrale.
Au cours de son homélie, l’abbé Mifrad Josaphat Ittady Mafimba, curé de la paroisse Saint Jean-Baptiste de Bétou, dans le diocèse d’Impfondo, a relaté les circonstances qui ont précédé le déroulement de l’accident. Il a rappelé aux participants à la messe, qu’au moment de l’embarquement, il était assis à proximité du chauffeur, la religieuse est venue lui dire de se déplacer afin qu’elle s’y installe, car c’était sa place. Le prêtre a obéi, est allé s’asseoir à une autre place derrière. Cependant, au cours de l’accident, c’est la religieuse à qui il avait concédé la place, qui décède. Ce témoignage émouvant a ébloui les participants à la messe qui avaient fini par comprendre que la défunte avait l’intuition que son jour était arrivé. «Oui, une vie s’en va, elle s’est éteinte sous nos yeux, nous en avons été témoins. La vie, on le sait, est un don de Dieu. Or, le don se reçoit et par ce fait, procure la joie. Mais, voilà qu’ici le don a été transformé et passe de la joie à la douleur.», a déclaré le prédicateur.
Peu avant la prière du dernier adieu prononcée par l’archevêque de Brazzaville, M. Alain Christian Mananga, secrétaire général de l’Association Kiminou œuvrant dans le domaine de l’éducation scolaire, a lu le mot d’usage en cette douloureuse circonstance.
Dans son intervention, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou a déploré le fait qu’au moment où une personne est en train de rendre l’âme, au lieu de lui venir en aide, afin de l’aider à survivre, les gens se mettent plutôt à faire des photos qu’ils vont ensuite balancer sur la toile. Il a dénoncé et condamné cette pratique devenue populaire.
Intervenant en dernier lieu, Mgr Franck Daniel Nzika a remercié toutes les autorités et toutes les personnes de bonne volonté qui ont apporté leur aide jusqu’à ce que le corps de la défunte soit acheminé à Brazzaville. Il a particulièrement remercié le maire de Pokola qui avait mis à leur disposition son véhicule pour exécuter toutes les courses relatives au rapatriement de la dépouille mortelle vers Brazzaville.

Gislain Wilfrid BOUMBA

Qui était Sr Pauline Kiyala?
Fille de feu René Mountata et de Martine Bouwayi, Pauline Kiyala est née le 9 avril 1976 à Loudima. Elle est huitième d’une famille de dix enfants.
Sœur Pauline fait sa profession religieuse le 26 août 2000 dans la congrégation des sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé. Elle commence sa mission à Bangui, en Centrafrique. Par l’instruction et l’éducation, elle s’investit et met son talent au service des enfants en tant qu’enseignante à l’école primaire chez les Spiritaines. Elle poursuit ensuite cette mission à l’école primaire SOS à Kara, au Togo de 2004 à 2011. Lors d’un échange, elle a dit: «Par l’instruction et l’éducation, j’ai essayé de rendre la jeunesse honnête, respectueuse et vraie, responsable et fière de sa dignité humaine.» Suite à un appel de l’évêque de Kara, elle prend aussi un engagement à l’Organisation de la charité pour un développement intégral (OCDI) pour être proche des plus défavorisés. A Kara, elle est également responsable du Foyer des filles et assumera pendant un temps la mission de responsable de communauté. En 2021, elle est envoyée à Dongou, pour vivre avec une autre sœur de la congrégation, une expérience féconde de communauté intercongrégation avec deux sœurs de la Divine Providence de Saint Jean de Bassel. Dans une région où l’éducation est un véritable défi à relever, elle cherche à créer des outils pédagogiques plus adaptés aux enfants accueillis: «La charité se fait inventive» a-t-elle dit tout récemment. Sœur Pauline a été appelée au service de la congrégation comme conseillère régionale de la région Afrique en 2021. Appel qu’elle a assuré avec disponibilité, courage et confiance. Bangui, Kara, Dongou… les différents envois et la vie en intercongrégation ont façonné en sœur Pauline, une disponibilité et une ouverture au-delà des frontières. Le sourire laissé par Sr Pauline se fait aujourd’hui comme appel discret à nous donner, à ne pas craindre d’aller ailleurs, vers le pays que le Seigneur nous montrera. . .
L’évangile de la fête de la Présentation de Jésus est une invitation à reconnaître la venue parfois surprenante de Jésus dans notre vie. Pour Sr Pauline, la rencontre avec son Seigneur s’est faite sur la route . . . Remettons Sr Pauline entre les mains de Dieu Providence. Que tout ce qui lui a été donné de vivre, à la suite du père Kremp (N.d.l.r: fondateur de la congrégation éplorée) et toutes nos devancières se trouve accompli dans la Pâques du Christ. Lumière et paix à Sr Pauline.

…Ils ont dit:…

Abbé Cyrille Ghislain Bossouba, prêtre du diocèse d’Impfondo, l’un des rescapés de l’accident: «Il y a deux événements dans cet accident: nous qui avons survécu, nous pouvons dire que nous sommes la merveille. Nous pouvons dire que le temps n’était pas encore arrivé. Le temps de rencontrer le Seigneur n’était pas encore arrivé. Mais la religieuse, son heure de la rencontre était arrivée. C’est le même jour, dans la journée des consacrés, elle s’est consacrée une fois de plus à Dieu pour lui montrer le chemin à suivre. Ce qui m’a le plus marqué, c’est son témoignage de vie. Je le dis souvent le plus bel héritage que nous pouvons laisser aux autres, c’est notre témoignage de vie. Nous avons entendu un aspect, là où elle est passée, elle a laissé son sourire. Ce sourire-là nous fera penser tout ce qu’elle a été pour nous. Nous qui sommes restés, ne soyons pas naïfs. Chacun de nous va repartir vers Dieu, mais comment et quand ? Nous ne le savons pas. Soyons prêts, convertissons-nous. Que la mort de Sr Pauline nous interpelle tous afin que nous puissions aussi laisser un héritage. Un héritage de notre témoignage de vie tel que nous l’avons écouté au cours de cette messe des funérailles de Sr Pauline. J’ai assez de souvenirs sur la vie de Sr Pauline. Le plus beau souvenir que je garde d’elle, parce que je suis en même temps, Directeur diocésain de l’école catholique (DDEC) d’Impfondo, on a travaillé ensemble: c’est la réalisation du bâtiment, tel qu’on l’a dit. Elle avait un souci, pour l’éducation, pour les enfants. Elle a laissé un joli bâtiment avec des salles de classe et moi-même, j’ai pensé faire la proposition à l’évêque de le débaptiser: «Sœur Pauline». Elle avait encore beaucoup de projets, elle est partie avec, mais nous allons continuer. Il y a beaucoup de choses qu’elle nous laisse, mais le bâtiment, aussi longtemps que je le verrai, je verrai l’image de Sr Pauline.»

Propos recueillis par
Jean Claude NKODIA de Radio Maria émettant de Kinshasa
et Gislain Wilfrid BOUMBA.