Contrairement à ce que nous avons publié à la Une de notre édition n°4198, en version papier, du vendredi 6 octobre 2023, samedi 30 septembre 2023, à la place Saint-Pierre de Rome, le Pape François, qui à 86 ans est dans la dixième année de sa papauté et compte laisser une empreinte durable au Vatican, a présidé son 9e consistoire ordinaire au cours duquel vingt et un nouveaux cardinaux ont été créés, et non dix, issus de quatre continents, dont la majorité seront appelés à élire un jour son successeur. Parmi eux, trois sont originaires du continent africain.

Fidèles chrétiens, familles, différentes délégations venus des quatre coins du monde entier, près de douze mille personnes ont pris part à la cérémonie solennelle du 9e consistoire ordinaire du pontificat de François depuis son élection en mars 2013. Le samedi 30 septembre, vingt nouveaux cardinaux présents issus de quatre continents, ont reçu leur barrette des mains du Saint-Père, qui dans son homélie a tout d’abord relevé «une surprise» dans le récit de la Pentecôte, dans laquelle il dit avoir reconnu avec joie l’humour de l’EspritSaint. Elle consiste «dans le fait que normalement, nous, pasteurs, lorsque nous lisons le récit de la Pentecôte, nous nous identifions aux Apôtres».
Dans son homélie, le successeur de Pierre a mis en lumière le récit de la Pentecôte du Livre des Actes des Apôtres, invitant les nouveaux cardinaux à ressembler à «un orchestre représentant la symphonie et la synodalité de l’Église».
À tous ces nouveaux cardinaux et fidèles présents, le Pape François a rappelé que «nous sommes en effet des évangélisateurs dans la mesure où nous gardons dans notre cœur l’émerveillement et la gratitude d’avoir été évangélisés; ou plutôt d’être évangélisés, parce qu’en réalité il s’agit d’un don toujours actuel qui demande à être continuellement renouvelé dans la mémoire et dans la foi».
La Pentecôte – comme le Baptême – n’appartient pas au passé, c’est un acte créateur que Dieu renouvelle continuellement, a-t-il précisé. «L’Église – et chacun de ses membres – vit de ce mystère toujours actuel. Elle ne vit pas de “rente”, encore moins d’un patrimoine archéologique aussi précieux et noble soit-il».
S’adressant directement aux cardinaux, le pape a affirmé: «vous, nouveaux cardinaux, vous êtes venus de différentes parties du monde, et le même Esprit qui féconda l’évangélisation de vos peuples renouvelle maintenant en vous votre vocation et votre mission dans l’Église et pour l’Église».
Le Saint-Père a relevé: «qu’il nous est bon de nous reconnaître dans l’image de l’orchestre, pour apprendre davantage à être Église symphonique et synodale. Je la propose en particulier à vous, membres du Collège cardinalice, dans la consolante confiance que nous avons pour maître l’Esprit-Saint: le maître intérieur de chacun et le maître du cheminement commun». Il «crée la variété et l’unité, il est l’harmonie même. Nous nous confions à sa conduite douce et forte, et à la protection prévenante de la Vierge Marie», a conclu le Pape François.
Rôle des cardinaux
Lors d’un consistoire, les futurs cardinaux s’agenouillent traditionnellement un par un devant le pape, qui place alors sur leur tête la barrette (calotte carrée) rouge. Le pape leur remet également un anneau cardinalice. Ils sont ensuite présentés au public.
Vêtus d’une soutane rouge, ils sont les principaux conseillers et administrateurs du pape. Ils ont pour mission de l’assister dans le gouvernement central de l’Église. Certains vivent à Rome et ont des fonctions au sein de la curie (le «gouvernement» du Vatican), mais la plupart exercent leur ministère dans leur diocèse d’origine. En 2013, le jésuite argentin avait créé un «Conseil des cardinaux», surnommé «C9», composé de neuf membres visant à l’aider à gouverner et réformer la curie.
Ceux qui sont âgés de moins de quatre-vingts ans peuvent participer au conclave, le vote pour désigner le futur pape. Dix-huit des vingt et un nouveaux cardinaux remplissent ce critère. Cette répartition pourrait peser sur la majorité des deux tiers nécessaire pour élire un nouveau pape en augmentant la probabilité qu’il partage la vision du Pape François, attaché à une Église au service et décentrée d’elle-même. Cependant, l’élection d’un pape est toujours imprévisible et cette tendance est à nuancer, certains cardinaux nommés par le Pape François ne partageant pas toujours ses positions, voire ayant ouvertement pris position contre lui, à l’image du conservateur allemand Gerhard Müller.

Profil des cardinaux nouvellement créés

Le profil des vingt et un récents cardinaux est révélateur de la mondialisation de l’Église. Certains d’entre eux viennent des régions où l’Église est en expansion. Trois cardinaux sont originaires d’Amérique latine, deux viennent d’Asie et trois du continent africain. Il s’agit de Mgr Stephen Brislim, archevêque du Cap en Afrique du Sud, de Mgr Stephen Mulla, archevêque de Juba, au Soudan du Sud, et de Mgr Protase Rugambwa, archevêque coadjuteur de Tabora, dans le nord-ouest de la Tanzanie.
Deux Français font également partie de la liste des vingt et un cardinaux créés récemment. Il y a NN.SS. François Bustillo, archevêque d’Ajaccio, âgé de 54 ans et Christophe Pierre, un Breton de 77 ans, nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) aux États-Unis depuis 2016 après avoir été notamment représentant du Vatican en Haïti, en Ouganda et au Mexique. Ce dernier est également l’un des deux diplomates qui est devenu cardinal le 30 septembre. Le second diplomate est Mgr Agostino Marchetto. Âgé de 82 ans, il ne pourra pas voter ou être élu en cas de conclave.

Gislain Wilfrid BOUMBA