La mort de l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) qu’il dirigeait depuis 1994, a été saluée dans son pays et à travers le monde. Considéré comme un monument de la politique ivoirienne, il est décédé mardi 1er août 2023 dans la capitale économique Abidjan, à l’âge de 89 ans. Dans son fief Daoukro, capitale de la région de l’Iffou, dans le Centre-est de la Côte d’Ivoire, Bédié laisse une empreinte indélébile. Un deuil national de 10 jours a été décrété.

Baobad de la scène politique ivoirienne, Henri Konan Bédié «HKB» est décédé à la suite d’un malaise. Homme attaché à sa culture et à ses racines baoulées, il était aussi connu comme l’héritier de Félix Houphouët-Boigny son mentor à qui il avait succédé à la tête du pays. Son décès a suscité la désolation au sein du PDCI; après l’annonce du décès, le siège local du parti a fermé ses portes, tous les cadres se sont rendus à Abidjan. Ils ont désigné Alphonse Cowppli-Bonny Kwassi comme président par intérim. Un choix pour maintenir la cohésion, avant que s’ouvre l’inévitable bataille de succession.
Originaire du village voisin de Prepressou, à huit kilomètres de Daoukro, l’enterrement du sphinx de cette localité devrait avoir lieu dans le caveau familial situé au sein de la toute nouvelle église Sainte-Anne-de-Prepressou, dont la construction a été financée par lui. Les travaux de ce lieu qui accueillira bientôt HKB pour sa dernière demeure se sont terminés en 2021.
Né le 5 mai 1934, Henri Konan Bédié est Docteur en droit. Il est le premier ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Etats-Unis d’Amérique de 1961 à 1966. Ministre des Finances (1966-1976) puis, après un séjour à la Banque mondiale, président de l’Assemblée nationale (1980-1993), il succède, à ce titre, au feu président Félix Houphouët-Boigny, décédé en 1993. Confirmé dans ses fonctions par une élection en 1995, Bédié développe le concept d’«ivoirité», une doctrine prétendant protéger l’identité et la cohésion nationales mais qui est en réalité forgée pour contrecarrer l’ex-Premier ministre d’Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara, son rival dans l’accession au pouvoir. Le 24 décembre 1999, Konan Bédié est renversé par le putsch du général Robert Gueï. Après deux années d’exil en France, il rentre dans son pays pour participer au Forum pour la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Avec la mort de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, survient l’épilogue d’une carrière politique bien remplie, qui l’a vu occuper les fonctions d’ambassadeur, de maire, de ministre, de président de l’Assemblée nationale et, surtout, de chef de l’Etat.
Réconcilié avec le préisdent Alassane Ouattara puis avec l’autre ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo ses deux adversaires politiques, celui qui a dirigé la Côte d’Ivoire de 1993 à 1999 s’en va alors que son pays poursuit son processus de réconciliation nationale.
Pendant dix jours, les drapeaux sont en berne en Côte d’Ivoire. A Daoukro où Bédié résidait principalement, on peut lire sur un large écriteau gravé sur le portrait du sphinx: «Merci pour tout».

Aristide Ghislain NGOUMA