Le football congolais est en deuil avec le décès, le 15 novembre 2023 à Paris, de l’ancien gardien de but international Paul Ntandou, dit ‘’Vieux Paul’’. Ce monstre sacré des bois a achevé son odyssée terrestre à 85 ans. Paul Ntandou compte parmi les plus célèbres gardiens de but de sa génération. Il n’avait, semble-t-il, d’égal qu’un certain Maxime Matsima ‘’Yachine’’, qui l’a précédé dans l’au-delà en janvier 2003.
‘’Vieux Paul’’, comme on aimait à l’appeler, a gardé les perches de Vaticano de la RDC (1955-1964), ensuite du CARA (1964-1968), puis des Diables-Noirs (1968-1972) et, enfin, d’Etoile du Congo (1973-1980). Il a fait preuve d’une étonnante longévité : 25 ans de carrière ! Très peu de joueurs en Afrique peuvent se targuer d’avoir joué aussi longtemps à un haut niveau.
Mais, Paul Ntandou a défrayé la chronique. Les deux Congo s’en disputaient la paternité. Etait-il Congolais belge ou français ? Parce que né le 9 août 1938 à Léopoldville (actuellement Kinshasa, en RDC), dans la zone de Ngiri Ngiri. Ses parents, Congolais (français), s’installèrent là-bas de bonne heure. L’expulsion massive et tragique des Congolais de Brazzaville du Congo-Kinshasa par le gouvernement Tshombé, en 1964, ramena sa famille au bercail. Alors, ses admirateurs congolais belges découvraient en lui, subitement, un citoyen du Congo-Brazzaville. Ils ignoraient que l’activité footballistique du jeune Paul Tandou avait commencé plus tôt à Boko (à quelque 150 Km au sud de Brazzaville), le village d’origine de son père. Celui-ci tenait absolument à le faire étudier dans son pays. C’est seulement en 1951 que l’adolescent était retourné à Léopoldville, après avoir abandonné ses études pour aider ses parents.
Excellent gardien de but, les circonstances de la vie ont fait que Paul Ntandou a été international et de la RDC et du Congo. Eh oui ! De 1955 à 1963, il a défendu une vingtaine de fois les bois des Lions (qui allaient devenir Léopards), participant ainsi aux Jeux de l’Amitié de Dakar, en 1963, sous les couleurs de la RDC. En 1964, revenu dans son pays d’origine et servi par une campagne médiatique favorable, CARA ne se fait pas tirer l’oreille. Les ‘’Rouge et noir’’ obtiennent sa signature. Une année après, ‘’Vieux Paul’’ aura la joie de remporter la médaille d’or des 1ers Jeux africains avec Congo-Sport (l’ancien nom de l’équipe nationale du Congo-Brazzaville).
En 1968, Paul Ntandou passe chez les Diables-Noirs où il est en concurrence avec Maxime Matsima. Avant le départ de ce dernier en Tunisie pour des études, les deux compères gardent en alternance les bois des ‘’Jaune et noir’’. Durant cette période, tous les deux feront aussi partie de l’équipe nationale et remporteront en 1972, au Cameroun, la 8e Coupe d’Afrique des nations.
Mais en août 1972, Paul Ntandou quitte Diables-Noirs. Tout simplement parce que les supporters lui font endosser la responsabilité entière de la défaite de leur équipe face au grand et encombrant rival, Etoile du Congo. Il rejoint finalement cette dernière équipe. Qui le prête un moment au CARA, le temps de disputer la Coupe d’Afrique des clubs champions qu’il remporte d’ailleurs, en 1974. En plus, il sera deux fois champion national avec l’Etoile du Congo.
Paul Ntandou vivait en France depuis 1998, aux côtés de sa nombreuse progéniture. Il y était allé, nos guerres fratricides l’ayant « chassé » de Brazzaville. La dernière fois qu’il est revenu au pays, c’était en 2015 à la faveur de l’organisation par Brazzaville des 11es Jeux africains. On peut estimer que sa carrière a été bien remplie.

Guy-Saturnin
MAHOUNGOU