L’Afrique a produit certains des meilleurs joueurs de football de la planète. Ces dernières années, la Coupe d’Afrique des Nations a été saluée pour son excellence sportive, et une équipe africaine, le Maroc, a récemment atteint la demi-finale de la Coupe du monde.
Malgré ces succès, le potentiel footballistique de notre continent ne s’est pas toujours traduit en croissance économique ou en une évolution de l’image de l’Afrique, au-delà des stéréotypes communs de conflits et de pauvreté.
Le partenariat récemment conclu entre le Rwanda et le FC Bayern Munich revêt donc une importance capitale pour le paysage sportif africain, d’autant plus que le football au Congo-Brazzaville se trouve actuellement à un moment prometteur, offrant de belles perspectives d’avenir.

Retombées économiques
Dans une région où la beauté naturelle et la richesse culturelle abondent, ce partenariat dépasse largement le cadre des terrains de football et fait écho à un discours de renouveau touchant l’ensemble du continent.
Pour commencer, les implications économiques de ce type de collaboration sont considérables. En 2019, à la suite d’un accord similaire entre le Rwanda et l’équipe anglaise d’Arsenal, les recettes touristiques du Rwanda ont atteint 498 millions de dollars, contre 425 millions de dollars l’année précédente. Mais le développement du pays ne se résume pas à des chiffres.
En effet, le véritable impact économique réside dans la manière dont ces revenus sont réinvestis dans les communautés. Une part importante des recettes touristiques (10%) est réinjectée dans les communautés locales, une démarche qui permet de les associer à la prospérité et à la protection de l’environnement, garantissant ainsi la pérennité de l’investissement.

Investir dans les joueurs locaux
En collaboration avec le ministère rwandais des Sports, le FC Bayern s’apprête à créer une académie de football pour former les talents locaux. Au cœur de cette initiative: un investissement dans la jeunesse qui, à travers des camps d’entraînement, offrira un environnement aux jeunes talents, qui pourront prospérer et s’y épanouir jusqu’à l’âge de 16 ans.
Cette démarche devrait aider le Rwanda à combler le fossé existant entre football professionnel et amateur, en offrant à nos jeunes une formation complète, ainsi que l’infrastructure nécessaire à l’épanouissement de leurs talents.
La mise en place d’un système plaçant des personnes compétentes et passionnées à des postes clés, tant pour les aspects techniques du football que pour la gestion des clubs et d’institutions telles que la Fédération nationale de football, est également indispensable.
Si les structures actuelles du football rwandais manquent encore de professionnalisme et de responsabilité, des partenariats avec des clubs de football réputés tels qu’Arsenal, le PSG et le Bayern de Munich peuvent ouvrir la voie à des améliorations.

L’essor du football africain
Et cet esprit n’est pas propre au Rwanda, puisqu’il se retrouve sur l’ensemble du continent.
Le football au Congo-Brazzaville est ainsi en train de vivre une véritable révolution grâce à d’importants investissements et au talent des joueurs. Plusieurs joueurs de la République du Congo ont connu un succès notable sur la scène internationale du football. Parmi eux, Thievy Bifouma s’est distingué en marquant un triplé mémorable contre le Ghana lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2015, un moment qui a marqué l’histoire du football congolais. Sagesse Babélé et Delvin Ndinga, avec leurs carrières en France et en Russie, ont également été des acteurs clés dans le succès international de la République du Congo.
Il est même possible que les jeunes talents ne doivent plus quitter le pays pour faire carrière dans un futur proche.
Le gouvernement congolais a en effet investi dans les infrastructures sportives à travers le pays depuis 2014, et continue de développer l’infrastructure du football qui offre aux jeunes talents congolais des installations de premier ordre pour développer leurs compétences, dans le but de promouvoir les talents, afin de porter le football africain sur l’échiquier mondial.

Dépasser les attentes
Dans les pays occidentaux, le partenariat entre le Rwanda et le Bayern a soulevé des questions sur la pertinence de ce type d’accord pour un pays en développement, dont certains estiment qu’il devrait investir dans des domaines plus essentiels.
Pourtant, l’histoire nous rappelle que le vrai développement économique est souvent le résultat d’initiatives audacieuses. Dans les années 1960 et 1970, la direction économique prise par les «tigres asiatiques» avait suscité le même émoi, ce qui ne les empêche pas d’être, aujourd’hui, des modèles de développement.
L’initiative pionnière du Rwanda témoigne du pouvoir de l’ambition, et fait du football, passion africaine, un moyen d’améliorer son avenir. Elle incarne la détermination du pays à remettre en question les idées préconçues qui ont longtemps tenu notre continent confiné, et souligne la nécessité d’être tournés vers l’avenir et de demeurer investis dans le potentiel de nos populations.
Alors, prenons part à l’aventure – que ce soit sur le terrain ou dans nos communautés – et faisons nôtre l’esprit d’innovation qui traverse tout le continent. Nous pourrons ainsi, pas à pas, créer un avenir où les exploits de nos joueurs, la beauté de nos paysages et la richesse de nos cultures s’associeront pour redéfinir le rôle de l’Afrique sur la scène mondiale.

Par Eric Eugène MURANGWA, MBE
Ancien footballeur international rwandais, survivant du génocide,
Fondateur et directeur général de la Fondation Ishami