Après le rendez-vous manqué de Kinkala, le jeudi 8 juin dernier, le lancement du Programme désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) au profit des ex-combattants du département du Pool, l’heure est à l’atelier d’imprégnation sur ce processus au profit des communautés du Pool. Il a été organisé à Kinkala, du 13 au 15 septembre dernier, en partenariat avec le PNUD. Il s’était fixé comme objectifs de contribuer à l’appropriation de la démarche méthodologique de mise en œuvre du PDDR par toutes les parties prenantes, former les participants sur les standards du programme et leur présenter le contenu du programme en vue de son bon déroulement.

Les ex-combattants s’impatientent. Ils veulent le démarrage effectif du programme, le Pool étant désormais pacifié. Le Haut-commissariat à la réinsertion des ex-combattants (HCREC) a tenté de consolider cette paix à travers quelques programmes avec ses partenaires du PNUD, le Fonds japonais et l’USAID.

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Après l’ouverture de l’atelier d’imprégnation sur ce processus au profit des communautés du Pool

Mais pour que la paix soit effective dans le Pool, il faut qu’il y ait le démarrage du DDR. Il est vrai que le Congo a connu quelques difficultés à financer ce programme maintes fois repoussé et qui se fait toujours atteindre.
L’accord sur le projet «Consolidation de la paix et démarrage du processus DDR dans le département du Pool», a été signé avec le PNUD, en 2018. Il est d’un montant de 8.300.000.000 de francs CFA. Le Congo n’arrivait pas à honorer sa contrepartie qui s’élevait à 2 milliards de F.CFA pour le démarrage effectif du projet. Le reste des 6.300.000.000 de francs CFA devront être déboursés par les partenaires techniques et financiers.
D’où vient alors le blocage? Est-ce des engagements des uns et des autres protagonistes?. En vertu des accords de paix signés le 23 décembre 2017, le pasteur Ntumi s’était engagé à «faciliter le ramassage des armes détenues par les ex-combattants», et le Gouvernement à garantir «le processus de démobilisation, de réinsertion professionnelle, sociale et économique des ex-combattants après le ramassage des armes».
Ces appuis ne devaient pas être considérés comme une récompense destinée aux ex-combattants, ni comme un droit de ceux-ci, mais plutôt comme un mécanisme de protection de la société civile et de consolidation de la paix, en assurant la réinsertion économique des ex-combattants chômeurs, et en priorité ceux qui détiennent les armes et qui les remettraient volontairement.
En effet, si le Congo continue de connaître des troubles armés, c’est que des armes circulent encore dans le pays et que des anciens miliciens des guerres passées n’ont toujours pas été tous réinsérés dans la vie socio-économique.
Il existe encore des groupes résiduels d’ex-combattants n’ayant pas bénéficié de la réinsertion socio-économique, sans oublier les ex-combattants mal réinsérés.
Ce constat reste une réalité à ne pas négliger; ces ex-combattants constituent une réserve d’individus facilement mobilisables par des personnes susceptibles de trouver des prétextes pour perturber la paix.
Parallèlement à cette activité, il faut aussi prendre en considération les groupes résiduels d’ex-combattants auto démobilisés, démobilisés et qui, malheureusement pour de multiples raisons, n’ont pas été réinsérés socialement et économiquement dans l’exécution des précédents programmes. L’ensemble de ces groupes résiduels d’ex-combattants doit être pris en compte pour éviter de créer des tensions inutiles.
L’atelier de trois jours, organisé à Kinkala, constitue la première étape du plan semestriel conjoint initié par le HCREC et le PNUD dans la perspective du lancement effectif du DDR qui, selon les organisateurs, requiert une appropriation et une compréhension de toutes les communautés locales et les parties prenantes impliquées dans sa mise en œuvre.
Approche inclusive à travers un large éventail de partage qui permet de mettre toutes les parties prenantes au même niveau de compréhension, l’atelier avait pour vocation de préparer les conditions permissives à la bonne exécution du DDR. Plusieurs activités et actions seront menées sur le terrain, a-t-on appris, en attendant le début du DDR.
«L’engagement du PNUD pour accompagner ce programme reste sans faille», a précisé Adama Dian Barry, représentante du PNUD au Congo.
Au cours de cet atelier, les différentes parties prenantes ont réaffirmé leur engagement dans l’opérationnalisation du PDDR, dont la durée d’exécution est de quatre ans (2023-2026). Il a été élargi après un mémorandum d’entente à 160.000 bénéficiaires pour une base de 20.000 intégrant à la fois les ex-combattants, les membres associés et les communautés, afin de prendre en compte l’ensemble de la population affectée par ces conflits.

Cyr Armel
YABBAT-NGO