Alors qu’il reste entendu que celui qui termine sa formation au Grand séminaire devrait être généralement bien préparé au ministère presbytéral, l’expérience révèle qu’il y a parmi nous certains qui souffrent d’une formation squelettique voire inexistante avec pour conaséquence négative un comportement fantasque.

Ainsi avons-nous voulu faire l’exégèse élémentaire du canon 279 du Code de droit canonique de 1983 qui traite de la formation permanente de prêtres et bien sûr en interrogeant «Pastores Dabo Vobis», le «Directoire pour le ministère et vie des prêtres» les «Documents conciliaires», le «Ministère et vie des prêtres au Congo Brazzaville».
Cette formation se fait après un certain temps passé dans le ministère. Appliqué à notre continent, ce canon est très actuel, et pourrait répondre aux attentes de nos Eglises particulières.
Parlant des prêtres, et peu importe la formation douteuse reçue, il est très souhaitable qu’une certaine formation leur soit donnée pendant l’exercice de leur ministère pastoral. De toute façon, sa mission exige une connaissance approfondie de la doctrine de l’Eglise, des Saintes Ecritures et des sciences connexes et même profanes.
De ce fait, loin d’être seulement un droit des prêtres, la formation permanente est d’abord un besoin de l’Eglise d’Afrique et en particulier de celle de notre archidiocèse afin de remédier à certaines bavures cognitives et assurer aux prêtres surtout déphasés une formation adaptée aux besoins réels et toujours croissants de l’Afrique en général et de notre archidiocèse en particulier.
Le retour organisé de ce duo de l’intelligentsia de notre archidiocèse: Abbé Paulin Poucouta et Mgr Louis Portella Mbuyu pour un planning d’une formation continue et spécialisée des prêtres de notre archidiocèse s’avère urgent et nécessaire, compte tenu des multiples besoins de l’apostolat à l’heure actuelle.
Par ailleurs, l’initiation au ministère presbytéral qui doit être revue dans les Grands séminaires et la formation permanente, doivent tenir compte du fait que le prêtre est ministre du culte, docteur de la loi et pasteur de son peuple.
La formation permanente n’est pas une répétition de celle qui a été acquise au séminaire et qu’il s’agirait simplement de revoir ou d’élargir par de nouvelles applications.
Tout en s’enracinant dans la formation reçue au séminaire, elle exige adaptations, mises à jour et rectifications, sans pour autant opérer des ruptures ou des solutions de continuité. La formation permanente des clercs ou prêtres est plus un devoir qu’un droit des prêtres.
Si on s’en tient à l’esprit du code actuel, elle est un droit-devoir de la part de l’Eglise et du ministre concerné. Dans l’Eglise mission, la formation permanente du prêtre est non seulement une condition nécessaire, mais aussi un moyen indispensable pour raviver constamment le sens de la mission et en garantir une réalisation fidèle et glorieuse. Elle n’a de sens que si elle est conçue comme service en vue de l’efficacité ministérielle.
Le prêtre devra faire montre de sa capacité à maîtriser les sciences théologiques, canoniques et même profanes, en ayant la facilité de dialoguer, communiquer et surtout d’instruire ses contemporains. «Etant donné qu’actuellement, la culture humaine et même les sciences sacrées progressent et se renouvellent, les prêtres sont appelés à perfectionner leurs connaissances religieuses et humaines de façon adaptée et ininterrompue; on fera tout le nécessaire pour mettre à leur disposition ce dont ils ont besoin: on organisera, suivant les situations locales, des sessions ou des congrès, on fondera des centres d’études pastorales, on créera des bibliothèques, on confiera à des hommes compétents l’organisation du travail de réflexion comme ce duo capable d’extirper en nous chaque cellule de ce cancer de la médiocrité qui va jusqu’à une certaine méconnaissance du béaba, rudiment du droit canonique à la portée de tous et devient comme congénitale et contagieuse. Pour que la formation permanente des prêtres soit complète, elle doit être restructurée de manière à ne pas être quelque chose de ponctuel mais plutôt un projet bien élaboré qui se déroule par étape selon des modalités précises».
Sur ce, on tâcherait de mettre en place un système d’encadrement des prêtres et de leur formation post-séminaire. La formation permanente des prêtres inclut bien tous les aspects de la vie sacerdotale.
Il s’agit entre autres d’approfondir le contact permanent avec le Christ en cherchant à se réaliser dans la quotidienneté de la vie. Un premier aspect de cet approfondissement concerne la dimension humaine de la formation sacerdotale. Le prêtre doit grandir dans le contact quotidien avec les autres et dans le partage de leur vie de chaque jour. Le prêtre enrichit son expérience humaine qu’il rend plus authentique et transparente dans un amour croissant et ardent pour l’homme. La formation permanente, étant aussi un moyen de ressourcement indispensable à la vie des prêtres, devrait faciliter la communication fraternelle entre ministres sacrés autour de l’évêque. N’est-il pas vrai qu’elle facilite l’attachement à l’Eglise et aux obligations de la vie sacerdotale? On comprendrait, dès lors la pertinence de cette formation post-séminaire dans la vie des prêtres. Ce renouveau sacerdotal est rendu possible par la vie spirituelle. Celle-ci est une exigence de la vie nouvelle et évangélique. Seule une vie spirituelle entretenue et soutenue pourrait rendre possible la communication sacerdotale.
De toute façon, le prêtre est le premier artisan de sa formation post-séminaire en s’impliquant pour sa pleine réalisation, en vue de l’efficacité pastorale.
Ce faisant, le canon 279 paragraphes 1-3, détermine les différentes possibilités pour s’assurer de la formation permanente comme moyen de ressourcement et de réhabilitation.
Plus que tout autre personne, le législateur cherche à tout prix à protéger le prêtre du danger de la routine ou de l’habitude. Il sait pertinemment que le danger de l’habitude, la fatigue physique due au surmenage auquel les prêtres sont soumis surtout aujourd’hui à cause des activités pastorales, la fatigue psychologique elle-même souvent causée par la lutte continue contre l’incompréhension, les préjugés, l’opposition des forces organiques et puissantes veulent donner l’impression que le prêtre aujourd’hui appartient à une minorité culturellement obsolète. La formation permanente aiderait le prêtre à surmonter la tentation de ramener son ministère à un activisme qui serait une fin en soi, de l’occuper de façon impersonnelle à toutes sortes de choses, spirituelles ou sacrées soient-elles, ou encore de le réduire à un fonctionnariat au service de l’organisation ecclésiastique.
Pour porter un remède à ces problèmes suscités par le ministère des prêtres, le législateur canonique n’entend pas imposer des règles universelles aux conférences d’évêques en matière de la formation permanente. Il propose des pistes pour une meilleure adaptation de la situation.
D’où, l’importance de nos différentes contributions dans la commission de la formation permanente pour susciter des interpellations.
Sur ce, la formation reçue au séminaire souvent mal gérée ou vécue, nécessite un renouvellement et un accompagnement des prêtres pour être plus utiles à la vie de l’Eglise. Le législateur vise en premier lieu la formation doctrinale efficace et la connaissance des sciences sacrées.
Loin d’être un avantage ou un privilège, la formation permanente est d’abord une mission de l’Eglise et un besoin.
Toutefois, l’épiscopat tâchera de mettre au clair les règles pour remédier au fameux problème des séjours prolongés des prêtres en Europe pour raison d’études ou de santé. Ces règles permettront aussi aux prêtres de se préparer en fonction des responsabilités futures et des besoins de l’Eglise particulière. Il doit y avoir une certaine coopération entre Eglises particulières quant à l’encadrement des prêtres aux études.
Le canon 274 met des moyens nécessaires à la disposition des prêtres pour recevoir une formation adéquate ou s’auto-former intellectuellement, spirituellement et moralement. Ce problème se pose tellement avec acuité qu’il mérite l’intervention de l’autorité compétente pour protéger ce droit-devoir de toute altération née des difficultés de tout genre que connaît l’Eglise du Congo.
Comme mission de l’Eglise, la formation permanente des prêtres devrait avoir un mandat bien déterminé. Par des conférences, ateliers, sessions, les prêtres s’adonneront à ces activités pour répondre adéquatement aux besoins toujours croissants de la communauté chrétienne. Toutefois, les prêtres qui sont envoyés aux études tâcheront de demeurer dans la communion avec l’Eglise. Tout doit concourir au bien de l’Eglise. Ainsi la formation permanente des prêtres n’est pas seulement un droit des ministres mais aussi une obligation de l’accomplir licitement selon les dispositions de la législation ecclésiale.
En somme, la formation permanente telle que formulée par l’Eglise catholique est un droit et un devoir de tout prêtre compte tenu des exigences personnelles et pastorales. C’est aussi un devoir pour l’archevêque et les ordinaires religieux. Toutefois, l’envoi aux études comporte un mandat dont les termes sont à respecter. Ce droit, sauf s’il y a nécessité, ne doit pas endommager la vie et l’organisation pastorale du diocèse compte tenu de certaines irrégularités: abus de confiance, favoritisme, etc.

Abbé Christian Noël
DEMBI KOELA

Juriste et islamologue,
Membre de la Commission formation permanente des états généraux (Archidiocèse de Pointe-Noire).