C’est toute la planète qui va s’illuminer cette semaine avec notre Congo au centre. Notre « petit Congo », comme aimait à nous taquiner Patrice Lumumba, n’est pas habitué aux grands événements planétaires qui le placent au centre de l’actualité. Pourtant, ce Sommet des trois grands bassins forestiers du monde (Bassin du Congo, Amazonie et Bornéo Mékong) qui va tenir à Brazzaville ses trois jours de travaux, n’est pas un événement de propagande.
Nous sommes à la croisée de destins du monde qui, si on n’y réfléchit pas bien, pourraient nous faire basculer vers un inconnu de menaces gigantesques. Les forêts s’effilochent sous les coupes répétées de ceux qui ne voient dans l’arbre qu’une source de profit en argent. Nos océans se gonflent et rongent le littoral. Les pluies qui nous tombent dessus sont drues et déchainées. Le soleil de midi « cogne fort », même si c’est d’habitude ainsi.
Tout ce que nous connaissions en matière de climat a tendance à dépasser les bornes. Et, croire que de tels événements extrêmes n’arrivent qu’aux extrémités de la terre, c’est oublier que pour les autres l’extrémité de la terre, c’est chez nous ! Et puis, faut-il tant d’insistance pour nous rendre compte que même chez nous, la terre se dérobe littéralement sous nos pieds à vue d’oeil ? Au passage du Mayombe, on se rend compte que la forêt, épaisse naguère, a tendance à se clairsemer d’année en année.
A Pointe-Noire, même le cimetière de Loango, au bord de la mer, commence à disparaître par pans entiers. Sans parler des quartiers de Brazzaville qui s’enfoncent sous les tonnes de sable des érosions. C’est pour faire face à tout cela que se tient le sommet des trois bassins à Brazzaville. Car la forêt, sa préservation, sont les premières grandes parades contre tous ces dégât actuels ou futurs. La ministre Arlette Soudan Nonault qui a dédié ce sommet à Dieu ne s’est trompée ni d’arme ni de tuteur : Dieu nous a fait maitres et gardiens de la planète, pas destructeurs de son œuvre. Notre «maison commune» mérite bien d’être préservée car nous n’avons pas de planète de repli.

Albert S. MIANZOUKOUTA