Le jeudi 2 mars 2023, à l’Université catholique d’Angers, en France, M. l’abbé Serge Babingui a soutenu une thèse en vue du grade de Docteur en théologie. Prêtre de l’archidiocèse de Brazzaville depuis le 7 juillet 2007, l’abbé Serge Babingui a exercé son ministère presbytéral pendant trois ans comme vicaire à la cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville, avant d’être envoyé en mission d’études en France. Arrivé à l’Institut catholique de Paris en septembre 2010, l’abbé Serge Babingui y a obtenu un Master en théologie fondamentale et dogmatique, un autre Master en théologie catéchétique et pratique, et enfin un Diplôme supérieur d’études théologiques. Tous ces travaux ont porté essentiellement sur la question du salut total de l’Homme, salut accompli par et en Jésus-Christ.
Pétri du souci de l’épanouissement intégral de l’Homme, c’est donc tout naturellement que l’abbé Serge Babingui a mené ses recherches doctorales sur la problématique du bien-être de l’Homme et de sa société. Comme nous pouvons aisément le constater, cette question du bien-être de l’Homme et de la société surplombe largement les seules compétences du théologien. Pour être à la hauteur d’une telle recherche, l’abbé Serge Babingui a dû porter trois casquettes de différentes couleurs. Il s’est positionné comme Historien, Politologue et Théologien, le choix de son thème et de son directeur de thèse en constitue la preuve.
Placée sous le thème: «Les Jésuites Henri de Lubac et Gaston Fessard: Approches comparées pour une théologie politique renouvelée», la soutenance de thèse de l’abbé Serge Babingui a été évaluée par un jury de haute facture intellectuelle composé de MM. Jean Serge Massamba (prêtre philosophe et sociologue politiste), Olivier Landron (historien politiste), Augustin-Germain Messemo Ateba (prêtre théologien) et Giulio De Ligio (philosophe politiste), respectivement président du jury, directeur de thèse, premier rapporteur, deuxième rapporteur. L’originalité de cette thèse réside dans le fait que l’impétrant a mené un travail de comparaison entre deux prêtres jésuites du XXe siècle en puisant principalement dans leur correspondance archivée de près de 960 lettres. Un travail inédit et avant-gardiste.
Après les présentations d’usage, l’impétrant a été sommé de rendre compte, en une vingtaine de minutes, de l’essentiel de sa thèse d’un volume de près de 700 pages. Afin de lever toute équivoque, celui-ci a, d’abord et avant tout, pris le soin de présenter le cadre de compréhension de la notion de «Théologie politique renouvelée». Celle-ci doit être entendue comme «capacité de s’adapter aux questions politiques et théologiques de l’actualité historique». Autrement dit, l’abbé Serge Babingui, à travers cette expression, a voulu montrer en quoi les travaux d’Henri de Lubac et de Gaston Fessard peuvent éclairer la théologie politique aujourd’hui, au regard des problèmes nouveaux qui se présentent à nos sociétés actuelles.
Pour ce faire, il a eu recours à la méthode historique, analytique et interprétative, organisant ainsi son travail en trois parties contenant dix chapitres en tout. La première partie, considérée à juste titre comme apéritif, met en lumière la biographie intellectuelle des Jésuites Henri de Lubac et Gaston Fessard, la présentation de leur correspondance de près de 960 lettres ainsi que la mise en relief des sujets et pensées politiques et théo-politiques contenus dans lesdites lettres. La deuxième partie porte sur l’analyse des écrits politiques et théologiques d’Henri de Lubac et Gaston Fessard, dans un contexte sociopolitique et historique marqué par les deux guerres mondiales. La troisième et dernière partie est une approche théologique des questions politiques chez Henri de Lubac et Gaston Fessard, avec comme socle de réflexion le Concile Vatican II et sa dimension politique ainsi que le contexte sociopolitique et historique des années 1970…
Ce travail est une recherche d’éléments tangibles, à la fois politiques et théologiques, contenus dans la correspondance entre Henri de Lubac et Gaston Fessard en vue de mieux cerner le sens de leur engagement dans l’aide qu’ils ont apportée à leurs contemporains en temps de crise. Il procède également de la volonté de recueillir dans cette correspondance des éléments qui pourraient aider à la résolution des questions sociopolitiques actuelles, après être éclairées par la Théologie politique, entendue comme approche chrétienne des questions politiques. Ces lignes procèdent enfin d’une conviction forte: les prises de position sur les questions sociopolitiques rejoignent, en tous points de vue, l’action même du Christ et de l’Église, car «les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur» (Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes, n°1.)
Cependant, selon l’abbé Serge Babingui, «pour aborder les questions politiques et théo-politiques dans le monde d’aujourd’hui, il nous faut nous armer de courage, d’audace et d’humilité». Somme toute, la pertinence, l’actualité et l’interdisciplinarité du sujet, la clarté de l’énoncé et la cohérence de la démarche ont convaincu le jury qui n’a pas hésité à décerner à l’impétrant la mention «Magna cum laude», c’est-à-dire «Avec grands éloges» ou «Grande distinction», ordonnant de ce fait la publication de la thèse. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter bon vent sur la route à notre nouveau docteur dans les différents apports heuristiques à l’Église et à la Nation congolaises.

Abbé Newman Suijès SAMBA DIA MBEMBA
(Prêtre de l’Archidiocèse de Brazzaville, En mission de Dieu et de l’Église en France).