Un homme a été tué dimanche 24 mars dernier par des douaniers après un refus d’obtempérer. Cela a suscité des émeutes qui ont éclaté à Bongor, dans le Sud-ouest du pays. Des dizaines de proches de la victime et de nombreux jeunes de quartiers fous de rage se sont attaqués au bureau de la douane de la localité, ainsi qu’à des véhicules se trouvant sur place.

Tout a été incendié. Les émeutiers se sont ensuite attaqués au camp de la gendarmerie, où s’étaient réfugiés les douaniers. Très en colère, ils se sont mobilisés après cette mort. La victime était un commerçant de la ville de Bongor.
La scène a débuté lorsque les douaniers ont voulu contrôler l’homme qui a refusé d’obtempérer. Ils se sont lancés dans une course à travers les rues de la ville. Ils ont renversé l’homme un peu plus loin, puis une altercation s’en est suivie, durant laquelle le commerçant, soupçonné de fraude, a été tué de deux balles, d’après l’administration.
Une seconde victime, un curieux qui venait s’enquérir de ce qui était en train de se passer, a été tué aussi par une balle, regrette le secrétaire général de la province, Gaspard Ndjingar, alors que, onze civils sont également blessés, selon des témoins.
Pour l’anthropologue Remadji Hoïnathy, de telles explosions de violence se sont multipliées au Tchad, parce que les douaniers, comme les forces de l’ordre et de sécurité, ont «tendance à faire un usage excessif de la force et en toute impunité». Conséquence: «les gens pensent qu’ils n’ont d’autre alternative que de se faire justice», explique-t-il.
Ces scènes résultent de l’injustice, des frustrations de toutes sortes ou encore du manque de perspectives d’avenir pour les jeunes. «La société tchadienne est aujourd’hui un baril de poudre prêt à exploser», confirme le sociologue Félix Mbete. «Les gens ne voient plus l’Etat comme protecteur, mais comme un oppresseur. Ils s’en prennent à tous ses symboles».
Comme toujours, pour calmer la situation devant de tels cas, des pourparlers sur la question des compensations à verser aux familles des victimes étaient en cours jusqu’à lundi à Bongor, selon ces familiales et l’administration.

Gaule D’AMBERT