Comédienne et metteuse en scène, directrice artistique du Festival Mantsina sur scène et directrice artistique de ‘’Gare aux pieds nus fabrique culturelle’’ qui se trouve à Sadelmi, un quartier de Brazzaville, Sylvie Diklopomos, ne cesse de marquer le monde culturel national et même international, par son talent et son savoir-faire. Le Festival Mantsina est l’un des miroirs du travail qu’elle ne cesse de réaliser. Interview.

°Que peut-on savoir du Festival Mantsina sur scène?
**C’est un festival international.Au mois de décembre de l’an dernier, il était dans sa 19e édition, avec pour thème:’’Aller au-delà’’. Au menu, il y avait des conférences, des ateliers de formation en jeux d’acteurs et écritures, de mise en scène, de slam, de spectacles, de théâtre d’ici et d’ailleurs.

*Combien de troupes y avaient pris part ?
**Il y a eu une dizaine de compagnies, des compagnies locales et internationales. Nous avions reçu des pays comme la Suisse, la France, la Guyanne, le Cameroun, la RDC et le Congo pays hôte. La 19e édition était exceptionnelle.

*Quelle place devrait-on accorder à la culture au Congo ?
**Un pays sans culture est un pays mort. Il faudrait qu’on arrive à intéresser la jeunesse à la culture parce qu’elle permet d’enrayer la violence qui sévit dans les milieux des jeunes. En mettant des espaces culturels dans chaque quartier, je pense que les jeunes ne seront plus disposés à tenir des matchettes, leurs têtes seront disposées à la création et à la réflexion.

*En quoi faisant concrètement?
**Le théâtre, l’écriture ou le slam, et bien d’autres disciplines artistiques vont les occuper. Et Mantsina sur scène programme ces disciplines. Voilà pourquoi, bien qu’au départ n’étant qu’ un festival international de théâtre, et n’ayant pas assez de vitrines, Mantsina sur scène programme aussi d’autres disciplines pour montrer ce que font artistiquement nos jeunes, nos compagnies .

*Comment voudriez-vous que la culture soit soutenue?
**Nous n’avons pas assez de subventions dans ce domaine, vraiment, c’est très très regrettable qu’on ne mette pas en avant la culture. Un pays ne se développe pas par sa politique, mais par sa politique culturelle. Quand le pays a une forte politique culturelle, il va de l’avant. Dans d’autres pays africains, comme le Sénégal par exemple, la culture est mise en avant. Nous souhaitons que le Congo également mette la culture en avant, comme ça le pays va se développer. Mais, c’est nous les culturels, les artistes, qui faisons rayonner en bien, je dis bien «en bien», le Congo à l’extérieur. Il est temps que les pouvoirs publics, que notre gouvernement prenne conscience de l’importance de la culture.

*Seriez-vous partisane de la création d’une école de théâtre au Congo?
**Bien-sûr! Ailleurs, le théâtre, c’est depuis des siècles qu’ils en ont à l’école, à l’université, et encore, il y a trois ans seulement qu’on a créee un département art à l’université Marien Ngouabi. Cela prouve que nous sommes en retard, alors qu’ailleurs c’est depuis toujours qu’il y a des thèses de doctorat qui se font en théâtre. Il y a maintenant un département art, un pacours art à l’universté Marien Ngouabi, eh bien! il faudrait le soutenir. Il faut aussi soutenir la création artistique, soutenir les arts. Je pense bien qu’on dit que le Président de la République est garant des arts et des lettres. Mais, nous voulons bien que ça soit dans les actes, les actions, que les artistes sentent qu’au Congo, le président est garant des arts et des lettres. Nous voulons véritablement que le Gouvernement soutienne la culture.

Propos recueillis par
Alain-Patrick
MASSAMBA