Publiée aux éditions Edilivre à Paris, la nouvelle pièce de théâtre de Leslynna Bery que j’ai eu l’honneur de prefacer, est une fresque émouvante tissée sur un sujet humanitaire, la lutte contre la drépanocytose et l’ignorance endogène liée à cette pathologie génétique. «Au festin de la lecture, on ne mange pas tous les livres avec le même appétit, au même rythme: avec celui-ci, on pignoche et celui-là, on l’engloutit», déclare Bernard Pivot. Je crois que cette nouvelle pièce de l’écrivaine Leslynna Bery fera partie de la seconde catégorie d’ouvrages, adulés même par les moins intéressés à la lecture.

C’est que l’histoire triplement captivante de ce livre nous est présentée à travers un emballage qui en fait désirer le contenu. La rapidité de l’action scénique inhérente n’atténue point la beauté du texte, mais elle marque plutôt l’expressivité d’une écriture alerte et bien maîtrisée.

La couverture de la pièce de théâtre
La couverture de la pièce de théâtre

La suavité de la trame transparaît à travers sa triple fonction, certainement voulue ainsi par l’auteure. En effet, ce texte est, à la fois, instructif, édifiant et d’une beauté sobre qui ne cache pas sa finalité humanitaire. Il n’y a qu’à le dévorer pour s’en convaincre; car, assurément, on ne verrait pas le temps passer.
La question cruciale de la drépanocytose et des thématiques connexes qu’on y rencontre est vivement interpellatrice et actuelle; on a l’impression de vivre chaque intrigue comme un témoin passif, certes, mais surtout résolument engagé à être l’un des combattants de la douleur. Une contagion de douleur(s) causée(s) par la superstition, une foi naïve et l’ignorance tout court.
L’importance de cette pièce de théâtre réside dans sa visée éducative à l’image de celles produites par les pionniers de l’art dramatique au Congo-Brazzaville, et peut-être dans toute l’Afrique, à l’orée des indépendances. À cette période, la pratique théâtrale naissant dans les contextes scolaires était un moyen de sensibilisation contre différents maux et travers, et de prolongement de la morale sociale… sorte d’éducation diffuse servant comme second pilier pédagogique.
Ici également, la qualité littéraire de l’ensemble du texte, à travers ses didascalies, ses dialogues, l’agencement des scènes, le suspense narratif et la chute similaire aux nouvelles, accroche le lecteur et prédispose en même temps une représentation scénique vivante et poignante, et une adaptation filmique, pourquoi pas?
Leslynna Bery révèle une fois de plus son génie et son expérience de metteuse en scène couplés à sa veste d’écrivaine, avec la même veine visible chez ses précurseurs comme Sony Labou Tansi, Sylvain Bemba, Dieudonné Niangouna, Jean Marie Bamokena, Florent Sogni Zaou, Yvon Lewa-Let Mandah. Une telle écriture mérite une certaine attention de la part des parents, des pédagogues et de la société en général, parce que véhiculant avec maestria un message d’intérêt public. Bon vent à ce vade-mecum de promotion des valeurs de la vie, de la dignité humaine et du vivre-ensemble dans les familles et dans la société !
Née à Brazzaville, en République du Congo, Leslynna Bery est diplômée supérieure en gestion de ressources humaines de l’université du Ghana, promotrice culturelle et artiste pluridisciplinaire. Elle a auparavant publié deux autres livres à effet de fiction chez le même éditeur.

Abbé Aubin Banzouzi