Nous abordons la nouvelle année avec beaucoup de réponses désormais dans les cases à cocher. Le Congo est en ordre de bataille pour les prochaines échéances et les prochains grands défis. Ordre de bataille ? Manière de dire. Une version moins belliciste serait : ordre de marche. Mais les deux supposent un idéal entraînant vers une direction ; une tension vers un objectif dans l’atteinte duquel nous serions tous unis.
Ordre de bataille ou ordre de marche, le Congo sait désormais que son économie a démontré des faiblesses qui vont handicaper ses aspirations pour longtemps. Quelque rhétorique que l’on y mette, il est désormais patent que nous avons des faiblesses structurelles ; une partie de la communauté internationale fait la moue à l’évocation du nom de notre pays. Nous avons signé à grand-peine un accord de facilitation de crédit avec le FMI mais le reste suit mal.
Le principal parti du pays, le plus ancien, le plus ancré dans les rouages de pouvoir et de gestion, le PCT, a désormais son secrétaire général. Pendant des mois, les supputations avançaient à ce poste tantôt l’un, tantôt l’autre. C’était un ballon d’essai. Les choses sont désormais en ordre au PCT, avec un cacique à sa tête pour épauler les choix du futur. Les participants au 5è Congrès se sont séparés avec un seul nom de candidat à la bouche. Plébiscité. Ovationné. Scandé, pas murmuré.
Ordre de marche aussi dans l’opposition, mais toujours dans la fragmentation de toujours qui fragilise sa soif d’alternance. Il faut prolonger le mandat du président actuel de deux ans, dit-on. Pas question, répond-on vigoureusement (y compris dans les rangs du PCT d’ailleurs) : il faut plutôt œuvrer aux meilleures conditions de préparation de l’élection de 2021 ! Curieux ! Cette proposition range désormais la majorité chez les légalistes : la Constitution et rien qu’elle !
Nous autres de la communication sommes également en ordre de marche pour affronter les défis futurs. Notre Conseil de la liberté de communication s’est rénové et donne à entendre qu’il va œuvrer à conforter la liberté d’expression. Chiche ! Il y a loin de la coupe aux lèvres. Si jamais corporation a su dorer les apparences de la réalité, c’est bien chez les hommes et les femmes des médias ! Toutes les performances économiques ou politiques du Congo, nous avons toujours su les présenter avec exagération. Qu’est-ce qui va changer aujourd’hui, nous posons la question et vous présenterons la réponse dans les jours qui viennent.
Droits de l’homme, lutte contre la corruption, dialogue institutionnalisé, reconnaissance de l’opposition, instruments de gestion des finances publiques, règles d’orthodoxie économique, paix dans le Pool sont désormais en place. Il reste à faire mouvoir le tout dans le sens d’une synergie bénéfique à tous. Il reste à produire cet élan qu’il faut à une nation pour qu’elle ne se divise pas en privilégiés et en démunis ; en hommes et femmes de feintes, toujours soucieux de postures dans le sens du vent. Nous entrons dans la décennie des défis : faire comme on a toujours fait n’y sera d’aucune efficacité.

Albert S. MIANZOUKOUTA