Célébrée le 23 juin de chaque année à travers le monde, la Journée internationale des veuves, en raison de la pandémie de COVID-19, a été commémorée au Congo en différé le 1er juillet à Brazzaville, par le consortium des associations contre la maltraitance des veuves. La cérémonie a été patronnée par Mme Antoinette Dinga Dzondo, ministre des Affaires sociales, en présence des représentants des Agences du système des Nations unies au Congo et des veuves.
Deux communications ont été présentées à cette occasion. La première sur «La mort et les rites de veuvage au Congo-Brazzaville» développée par le docteur en anthropologie Lia Christophe Mondjock, de la faculté des Lettres, arts et sciences humaines de l’Université Marien Ngouabi, et la seconde sur les «Droits des veuves», par Mme Virginie N’dessabeka, directrice générale du Centre de recherche, d’information et de documentation sur la femme.
L’anthropologue a édifié l’assistance sur les généralités de la mort: la mort à travers les religions et les cultures; la mort comme catastrophe générale; le caractère «collant» du mort, les rites et interdits comme alternatives. Il s’est ensuite penché sur les notions de succession et de l’héritage, avec un accent sur le mariage lévirat et mariage sororal.
Selon les rites, il est interdit à la veuve de regarder les gens dans les yeux, de sortir la nuit toute seule; elle doit toujours être accompagnée d’une ancienne veuve. Obligation lui est faite de manger à des heures précises et de toujours avoir un couteau à portée de main, etc.
Les notions de lévirat (du latin levir: beau-frère) appelé parfois «héritage des veuves», est la pratique pour un homme d’épouser la veuve de son frère défunt. Le sororat étant le procédé inverse, c’est-à-dire le fait pour une femme célibataire d’épouser le mari de sa sœur défunte.
Pour le Dr Lia, les rites funéraires, en particulier, ceux du veuvage méritent d’être repensés à la lumière des nouvelles connaissances et au regard de toutes les dérives actuelles auxquelles nous sommes tous témoins. Mais, le travail de relecture de cet héritage ancestral ne peut être bien mené que dans le respect réciproque de nos valeurs ancestrales et des exigences de la vie moderne.
Mme N’dessabeka a éclairé les femmes sur certaines terminologies. Elle a fait savoir que les prescriptions de l’article 127 du Code de la famille précise que n’est pas veuve celle qui n’a pas contracté au préalable un mariage à l’état civil. Et, a défini les typologies des droits des femmes: droit au veuvage (Code de la famille) droits successoraux (Code de la famille) et le droit à la pension (Code de la famille et Code de sécurité sociale).
La veuve, a-t-elle souligné, ne peut être considérée comme un bien faisant partie du patrimoine du défunt: on n’hérite pas d’une veuve. Le deuil est facultatif et il ne peut excéder une durée d’un an. N’est pas astreint au port du deuil l’épouse en séparation de corps d’avec le défunt. Les rites coutumiers de deuil sont volontaires; on ne peut les imposer à la veuve. Tout rite de deuil qui constitue des sévices est réprimé par le Code pénal. La veuve n’est pas tenue d’accepter le lévirat, etc.
Les participantes ont étalé, après les exposés, leurs préoccupations. Elles, qui font partie des millions de veuves dans le monde, revendiquent une égalité des droits après la perte de leur mari. Un événement qui peut entraîner une pauvreté persistante pour les femmes et leurs familles. Eu égard à leurs inquiétudes, elles ont été orientées vers les services adéquats pour des réponses précises à leur situation.
L’agence onusienne qui traite des questions de femmes, «ONU Femmes», s’est engagée à collaborer avec les États membres et la société civile pour faire respecter les droits des veuves. Une façon de fédérer les synergies, pour que toutes veuves puissent se construire une nouvelle vie après la perte de leurs époux.
Pour accompagner le consortium, le ministère des Affaires sociales a fait un don de vivres et de non vivres.
La rencontre a été close par la projection d’un documentaire sur le veuvage titré «Sauvons la veuve des pratiques dégradantes».

Esperancia MBOSSA-OKANDZE