C’est un écrivain congolais, auteur d’une bibliographie fournie, mais pas assez connu du public. Gilbert Kiyindou fut un ardent défenseur de la femme africaine qu’il mettait souvent en exergue dans un certain nombre de ses œuvres. Il avait aussi de la passion pour la poésie, et pour tout ce qui touche au lyrisme. Il se tourna par la suite vers le théâtre, rédigea sa première pièce en 1969, et connut la gloire dans ce domaine en 1978. La mort l’a malheureusement fauché le 26 février 2020 à Brazzaville à l’âge de 69 ans, des suites d’une longue et pénible maladie. Il a été inhumé le 16 mars dernier au cimetière de Loukanga II, pratiquement dans l’anonymat.

Qui est donc Gilbert Kiyindou?

Né le 15 juin 1951 à Brazzaville, il suivit ses études primaires et secondaires à l’école Saint-Michel (actuelle Pierre Ntsiété) de Ouenzé et au lycée Chaminade (Ex-Drapeau-rouge). Bien vite naquit en lui une grande passion pour la littérature et l’histoire. Jusqu’en classe de 3è, il fut hanté par l’ambition de réaliser son rêve d’écrivain. Ses devoirs de français émerveillèrent tant ses collègues et ses professeurs que ce succès contribua à stimuler sa volonté.
Il décida alors de se consacrer à la littérature en poursuivant ses études à l’Université. Malheureusement des circonstances indépendantes de sa volonté donnèrent à son destin une autre orientation. Il n’eut pas la chance de poursuivre ses études. L’année 1969-1970 fut pour lui une année de calvaire, au cours de laquelle, il connut la saveur amère du chômage. Son bagage intellectuel étant insuffisant, il ne put satisfaire son ambition. Néanmoins, en 1969, il présentait une de ses œuvres au Concours du meilleur conte congolais organisé par le Centre culturel français. Son œuvre fut e de succès. Au cours de l’année 1970-1971, il affronta le Concours de l’Ecole nationale d’administration où, pendant deux ans, il suivit des études juridiques sanctionnées en 1972 par un diplôme et le grade de greffier.
Indigné par ce que le congolais submergé, altéré par la culture française, rejetait avec mépris dans les gouffres de l’oubli, l’héritage ancestral (contes, proverbes, jeux, danses, instruments de musique…), il recueillit dans un cahier les derniers vestiges de la culture congolaise, si florissante et si merveilleuse. Dans le souci de faire connaître à ses compatriotes leurs fantastiques contes en voie de disparition, il adressa une demande à l’Office de radio et de télévision française (ORTF) en vue de publier ses œuvres. Mais cette dernière lui proposa de les lire uniquement à la radio. Il refusa cette proposition qui n’assurait pas du tout l’immortalisation de ses contes. Par eux, il espérait prouver aux littéraires que son pays avait aussi sa culture, mais qui sommeillait dans le cerveau des griots, qu’il fallait faire revivre ces contes par des écrits. Il était écœuré par le fait que de tous les contes vendus dans les librairies, le Congo-Brazzaville n’a jamais eu sa place, toujours occupée par le Sénégal, Madagascar, etc. « Pourquoi le Congo-Brazzaville ne participerait-il pas à cette révolution culturelle en transformant en écrits ce don oratoire si caractéristique », se demandait-il.
Il commença à composer des poèmes. Gilbert Kiyindou assuma aussi les fonctions de greffier aux Tribunaux de grande instance de Dolisie, d’Impfondo, mais aussi de Brazzaville où il a évolué en qualité de greffier principal au service contentieux du Secrétariat général près la Présidence du Comité central du Parti congolais du travail. De même, il a travaillé en qualité de chef de division des relations extérieures à la permanence de l’Union nationale des écrivains et artistes congolais (UNEAC). Il a aussi travaillé au Tribunal de Bacongo-Makélékélé où il a fini par prendre sa retraite en 2016.

Alain-Patrick MASSAMBA