L’inévitable est arrivé: l’Argentin Diego Armando Maradona, l’un des joueurs les plus charismatiques, les plus prolixes mais aussi les plus fantasques de l’histoire du football, a été foudroyé mercredi 25 novembre 2020 à son domicile de la périphérie de Buenos-Aires, par une attaque cardiaque, l’attaque cardiaque de trop! Lui qui miraculeusement survécu à une intervention chirurgicale complexe pour un hématome au crâne, en début novembre, a quitté ce monde alors qu’il était en voie de guérison.

Diego celebrant un but en demi finale de Coupe du monde 1986
Diego célébrant un but en demi-finale de Coupe du monde 1986

Le célèbre numéro 10 (notamment à Boca Junior, au FC Barcelonne de 1982 à 1984, au SC Naples de 1984 à 1991, et avec la sélection d’Argentine), dont les dribbles et les frappes enrobées du gauche ont tenu la planète foot en haleine dans les années 1980, s’en est allé à soixante ans (né le 30 octobre 1960 à Lanaü), laissant des souvenirs impérissables et des traces indélébiles chez tous les mordus du ballon rond. Et comme il fallait s’y attendre, sa disparition a entrainé un déluge d’éloges et de tristesse chez lui en Argentine, où un deuil national de trois jours a été décrété, et partout ailleurs dans le monde. En Afrique
Les archives ont été ressorties en cette douloureuse circonstance, et les images d’un Maradona étincelant au Mondial mexicain de 1986 ont tourné en boucle. Une compétition qu’il avait survolée sous nos petits yeux rivés devant le poste téléviseur. Qui ne se souvient du match des quarts de finale Argentine-Angleterre disputé le 22 juin 1986 ! Un match gravé dans l’histoire. Il fut l’auteur, ce jour-là, de la célèbre «main de dieu», ainsi que du «but du siècle» (au terme d’un slalom génial, en passant en revue la moitié de l’équipe anglaise depuis le rond central). Une rencontre qui aura contribué à écrire la légende du ‘’Pibe de Oro’’ (le gamin en or). Qui n’a pas hurlé de joie ou bondit de son fauteuil quand, après son doublé face à la Belgique en demi-finale, il amena l’Argentine au pinacle (finale) presque à lui tout seul. Diego était sur un nuage. Il avait à peine 25 ans.
Le côté sombre de Diego, c’est sa personnalité controversée, avec des excès en tous genres et multipliant des dérapages en dehors des terrains. Diego, c’était aussi le protégé de la mafia napolitaine, le cocaïnomane incurable (consommateur d’alcool et de drogue dure alors qu’il était encore au sommet de son art). Il faut avouer que Maradona ne fut pas un enfant de chœur ni un modèle de vertu, loin de là. Il a frôlé plus d’une fois la mort, notamment en 2004 après une crise cardiovasculaire, et en 2007 suite à une crise aigue d’hépatite. Il a survécu à toutes ces épreuves comme à tous ses déboires avec la justice italienne qui lui reprochait ses liens avérés ou fantasmés avec la mafia camorrienne. ‘’La Semaine Africaine’’, votre journal, avait consacré des dizaines de colonnes à l’actualité tant joyeuse que tumultueuse du prodige argentin, avec des titres percutants, en versant parfois dans l’ironie. En voulez-vous? ‘’Conquérir Naples et mourir’’, ‘‘Diego, l’incorrigible!’’, ‘’Diego, le braconnier de luxe’’, ‘’Les dieux sont allemands, Diego au pays des pleurs!’’, ‘’Maradona sanctionné pour dopage’’, ‘’Diego, ange ou démon?’’, etc.
Maradona restera, en définitive, comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football. Peut-être le plus grand joueur après le roi Pelé, mais devant une belle brochette comprenant notamment Johan Cruyff (Pays-Bas), Michel Platini (France), Alfredo Di Stefano (Argentine), Franz Beckenbauer (Allemagne), Van Basten (Pays-Bas), Zidane (France). Et le duo formé par Lionel Messi (Argentine) et Cristiano Ronaldo (Portugal) quand ceux-ci auront achevé leur fabuleuse carrière. C’était ni plus ni moins un génie du ballon à l’inspiration insolente; un sacré orfèvre.
Dors en paix, Diego!

Guy-Saturnin MAHOUNGOU