Eminent homme des lettres et de science, penseur, chercheur, universitaire de grande renommée, le professeur Dominique Ngoïe-Ngalla repose désormais à Madingou, dans le département de la Bouenza, la terre de ses origines où il a vu le jour vers 1943. Son inhumation lundi 9 août 2021 a été précédée de l’hommage académique par Mme Edith Delphine Emmanuel née Adouki, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique, samedi 7 août au Palais des congrès de Brazzaville, et de la messe des funérailles présidée au boulevard Denis Sassou-Nguesso à Madingou par Mgr Daniel Mizonzo, évêque de Nkayi. Parents, autorités, collègues de l’Université Marien Ngouabi, amis et connaissances ont tenu à lui rendre un dernier hommage.

Mme Edith Delphine Emmanuel
Mme Edith Delphine Emmanuel

Le professeur Dominique Ngoïe-Ngalla a été inhumé au village Youl Mouini, sur la terre qui l’a vu naître. Ainsi, définitivement, il a rejoint son pays natal, selon son ardent vœu. «Lorsque la nuit sera descendue sur ma paupière close à jamais et que ma carcasse humiliée demandera à retourner à ses origines, permets-moi O Dieu que je prenne mon repos parmi les ruines de Mandou déserté par ses fils oublieux», écrivait-il dans son testament inédit «Prière pour être enterré à Mandou» contenu dans «Nocturnes», son recueil de poèmes publié en 1977.
Natif de Kimvembe, village de son père mais fasciné par Mandou, celui de sa mère, Dominique Ngoïe-Ngalla «aima avec piété» et fierté sa patrie, même si, avec humilité et modestie il pense n’avoir rien fait pour elle. C’est ainsi que, après le rapatriement de sa dépouille au Congo vendredi 6 août, la patrie reconnaissante lui a rendu le lendemain un hommage académique présidé par la ministre de l’Enseignement superieur, en présence d’anciens ministres, des autorités et cadres des Universités Marien Ngouabi et Denis Sassou-Nguesso, de sa veuve et des enfants, des étudiants et de ceux qui l’ont connu et toujours côtoyé.
L’hommage au Palais des congrès a surtout été marqué par l’oraison funèbre prononcé par le professeur Omer Massoumou, doyen de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (FLASH) de l’Université Marien Ngouabi. Il a, retracé l’itinéraire scolaire et académique du professeur Ngoïe-Ngalla, sa vie et son œuvre. Pour faire ressortir quelques grands traits de l’existence de celui qu’il n’a cessé d’appeler «Ya Ngoïe», le professeur Massoumou a replongé dans quelques-unes de ses publications. «Aujourd’hui tu achèves ta longue marche et tu reviens au berceau de ta race. Oui, ici dans ce pays tout est bénédiction. De 1983 à 2020, tu as soulevé la poussière sous ta semelle tressaillante. Mais aujourd’hui, c’est nous, tressaillants, devant ce cercueil qui balbutions; nous cherchons les mots pour dire l’espace-temps de ta vie. Oui, tu l’as écrit: tout t’est pour toi bénédiction. Tu n’as pas mis ce verbe au passé, ce verbe est au présent de l’indicatif», a-t-il évoqué le chant poétique de l’illustre disparu: «La longue marche». Il a fait écho à l’acte posé par le président Denis Sassou-Nguesso qui a rendu possible cette cérémonie d’hommage de la nation, pour saluer «sa marche d’homme de science, de culture et sa mémoire». Le doyen de la FLASH a affirmé que «cette cérémonie est l’expression du grand respect que lui témoigne le gouvernement de la République».
Lors de la messe des funérailles à Madingou qui a eu pour point culminant l’homélie de Mgr Mizonzo, l’évêque de Nkayi qui a bien connu l’homme des lettres, est lui aussi revenu sur les grands traits de la vie de ce personnage qui pour les gens de tous âges forçait l’admiration.
Le professeur Ngoïe-Ngalla qui repose désormais là où il avait lui-même souhaite laisse une veuve et une progéniture constituée de Salomé, Cornelia, Philippe et Aurélie. Même retraité, le «Mandouan» tel qu’il se définissait lui-même, n’avait pas fini de suivre et encadrer des thèses de doctorat.

Aristide Ghislain NGOUMA
De retour de Madingou