La Banque mondiale a publié en mars dernier son Mémorandum économique sur la République du Congo intitulé: «La voie vers la prospérité pour la République du Congo: mettre en place les fondations de la diversification économique». Dans l’interview qu’il a accordée à «La Semaine Africaine», l’économiste principal de cette institution bancaire, Vincent de Paul Tsoungui Belinga, dit ce qu’il faut en retenir.

*L’histoire de l’économie congolaise a démontré que le développement de la production pétrolière a provoqué des effets déséquilibrés. Ainsi, vous estimez que la diversification économique s’impose. Que faut-il faire concrètement pour atteindre cet objectif?
** Ce rapport qui vient en appui à la volonté du Gouvernement de diversifier l’économie exprimée à travers le Plan National de Développement 2022-2026, souligne que, pour inverser les récents revers économiques que la République du Congo a connus et lui permettre de se mettre sur la voie d’une prospérité durable, le pays doit impérativement diversifier ses actifs de sorte à être moins dépendant du pétrole, en mettant l’accent sur la mise en place d’institutions plus solides pour améliorer le climat des affaires, l’accumulation du capital humain et physique, et une exploitation plus équilibrée de ses ressources naturelles.
Il est heureux de constater que le Gouvernement a entrepris ou envisage d’entreprendre quelques réformes et initiatives avec, pour certaines, l’appui des partenaires au développement. Je citerai notamment la création du guichet unique pour la création des entreprises, la mise en place d’un cadre de dialogue et de concertation entre le secteur public et privé, la digitalisation en cours pour les déclarations fiscales et le paiement des impôts, l’adoption d’une nouvelle loi anti-corruption et le décret sur les conflits d’intérêt, l’adoption de lois sur le crédit-bail et l’affacturage, la réforme en cours sur les inspections auprès des entreprises privées, l’apurement progressif des arriérés domestiques. Cependant, beaucoup reste à faire, notamment en matière de mise en œuvre des réformes.

*Vous avez dit, dans votre analyse, que le modèle de développement actuel ne génère presque pas de croissance économique durable et des emplois productifs à l’avenir. Que proposez-vous pour corriger cette tendance?
**Le Mémorandum Economique propose en détails des pistes de politiques publiques susceptibles de stimuler la croissance future de manière durable et de contribuer à la création d’emplois productifs, en appui au nouveau Plan national de développement (PND) 2022-2026. Il s’agit entre autres de supprimer les obstacles à la concurrence en limitant le pouvoir de marché des entreprises publiques par exemple, en encourageant la participation du secteur privé dans les secteurs de l’électricité et des télécommunications et en modernisant les lois sur la concurrence et les capacités de contrôle; accélérer la transformation numérique en créant un environnement propice à la participation du secteur privé en facilitant l’adoption des technologies numériques et en développant les compétences dans ce domaine; assurer un approvisionnement fiable en électricité en rétablissant la rentabilité du secteur, en renforçant la réglementation et en investissant dans les réseaux de transport et de distribution; renforcer la compétitivité et la diversification commerciales en réduisant les droits de douane, en réexaminant les mesures non tarifaires, en concluant les négociations commerciales régionales et en renforçant les marchés locaux; améliorer l’efficacité du système logistique en examinant de près les contrats de partenariat public-privé et en adoptant un système informatique unifié pour le commerce maritime; soutenir le développement de l’écotourisme en réglementant et en finançant la protection du patrimoine naturel, en renforçant les organismes de réglementation et de contrôle et en développant les infrastructures de transport et les efforts de marketing. (A suivre)

Propos recueillis par
Philippe BANZ