On pensait que seule l’Afrique centrale accusait des problèmes d’alternance. Mais à la suite de l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat en Côte d’Ivoire, et de la désignation récente par le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG-Arc-En-Ciel) d’Alpha Condé pour un troisième mandat à la tête de la Guinée Conakry, l’on est tenté de dire que l’Afrique de l’ouest est loin d’être un exemple de démocratie. L’organisation panafricaine Tournons la Page dénonce le manque d’alternance que risque d’entraîner ces candidatures. Elle appelle au respect des constitutions et interpelle sur les précédents que créeraient ces énièmes mandats.

«Mon message est un message de détresse, parce que ce qui est en train de se passer en Côte d’Ivoire et en Guinée est un très mauvais signal non seulement pour l’alternance en Afrique francophone, mais aussi pour l’avenir de la démocratie dans cette partie d’Afrique de l’ouest qui était, pour le moment, considérée comme une zone épargnée par rapport à l’Afrique centrale…», a commenté Marc Ona Essangui, président du mouvement Tournons la page. Il a, en outre, souligné que l’Afrique de l’ouest, avec l’exemple de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, risque de connaître des lendemains difficiles.
A en croire certains politologues spécialistes de l’Afrique de l’ouest, le pouvoir aveugle. «Alpha Condé, l’opposant historique n’a été très démocrate qu’à l’opposition, pendant qu’il pouvait passer le temps dans une cellule individuelle, en en sortir par extrême indulgence du Président Lansana Konté. On pensait que cela changerait, s’il arrivait aux affaires. Il y est depuis 10 ans, il a tout fait pour modifier la constitution pour s’octroyer un troisième mandat», regrette un analyste. Avant d’ajouter que Ouattara «qui a subi les affres de l’ivoirité pendant Henri Konan Bédié, sous le prétexte du décès de son dauphin désigné Amadou Gon Coulibaly, trahit sa propre déclaration qui disait transmettre le pouvoir à une nouvelle génération.»
Un autre observateur parle de l’ancien opposant Me Abdoulaye Wade du Sénégal, à qui Abdou Diouf a cédé pacifiquement le pouvoir par les urnes. N’eût été la vigilance du peuple sénégalais qui l’a puni aux urnes, il serait encore au pouvoir. Puisqu’à la fin de son deuxième et dernier mandat, il avait réussi à modifier la constitution qui lui donnait l’autorisation de postuler à une énième candidature. Les exemples étant légion, l’Afrique centrale n’est finalement pas la seule région du monde où la démocratie est mise à mal. Il faut aussi compter avec l’Afrique l’ouest.

Gaule D’AMBERT