Le Congo a célébré, le mardi 28 novembre 2023, le 65ème anniversaire de la proclamation de la République. En effet, le territoire du Moyen-Congo, sous colonisation française, est devenu République le 28 novembre 1958, deux mois après le référendum constitutionnel du 28 septembre 1958, où le Congo s’était illustré, à une écrasante majorité (99%), pour le «Oui» en faveur de la Communauté proposée par le président français, le général Charles De Gaulle. Le point central de cette solennité était le discours sur l’état de nation du Chef de l’Etat prononcé devant le Parlement réuni en congrès, au cours d’une séance présidée par Isidore Mvouba, président du congrès.

«Le civisme et la pérennité de la République». Tel est le thème choisi pour ce 65e anniversaire. Le Chef de l’Etat a débuté son message en rendant hommage aux 31 jeunes arrachés à l’affection de la vie, suite au drame survenu au stade d’Ornano, dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 novembre 2023. «Il nous faut analyser froidement les circonstances de cette effroyable tragédie afin de situer, pour l’histoire, toutes les responsabilités et, pour l’avenir, tirer les enseignements et les leçons utiles. Ce triste événement nous renvoie à la problématique cruciale de l’avenir de notre jeunesse», a-t-il déclaré. En leur mémoire, il a fait observer une minute de silence.
A la différence des éditions antérieures, la célébration de la Journée de la République, le 28 novembre de chaque année, se déroule désormais sur fond de message consacré à l’état de la Nation. «65 ans après sa proclamation et en dépit de toutes les difficultés et embûches rencontrées, les institutions de la République demeurent stables et fonctionnent normalement. La Nation congolaise se structure et se consolide au fil des jours», a affirmé le Chef de l’Etat qui a décliné la situation du pays au cours de cette année qui s’achève.
«Tout n’a pas été fait. Ne pas tout faire ne signifie nullement ne rien faire du tout. Le parfait n’existe pas. Il nous appartient de tirer toutes les leçons de nos insuffisances pour apporter les corrections qui s’imposent et imprimer les accélérations nécessaires afin d’être au diapason des attentes multiples et légitimes du peuple», a-t-il précisé, tout en saluant la résilience et l’esprit de sacrifice du peuple pour permettre au pays de créer «les conditions idoines d’une économie prospère et diversifiée».
Pour le Président de la République, il faut lutter contre les phénomènes qui sèment quotidiennement la désolation dans les familles. «Les violences commises par les jeunes sont certes répréhensibles car à chaque violation de la loi, correspondent un jugement et une sanction. Cependant, en la matière, la justice de la rue ne doit nullement prendre le pas sur le droit. Personne ne peut se muer en justicier et se rendre justice soi-même, au risque d’enfreindre les dispositions pertinentes, inhérentes aux droits de l’homme», a-t-il dit.
A travers cet appel à lutter contre le grand banditisme juvénile, il a également fustigé les violences faites aux femmes. «L’Etat tire sa force des rigueurs de la loi. Les dispositions doivent être prises pour que, sans atermoiements, s’applique la loi portant lutte contre les violences faites aux femmes en République du Congo», a déclaré Denis Sassou-Nguesso.
Il a évoqué les difficultés qui écument le domaine du sport, avec des performances mitigées pour lesquelles, a-t-il dit, «la responsabilité demeure largement partagée».
«La Paix reste un crédo intangible pour le Congo», a indiqué le Chef de l’Etat. Et d’ajouter: «Nul n’a le droit de la mettre en péril. Comme à l’accoutumée, J’y veillerai personnellement».
65 ans après l’avènement de la République, «des progrès sensibles ont été réalisés par notre pays dans plusieurs secteurs. Nous nous attelons à en consolider les acquis et à amplifier les bienfaits au profit de nos populations», a-t-il fait savoir.
Le Président de la République a aussi fustigé les actes de vandalisme perpétrés sur les infrastructures construites à grands frais: le stade de la Concorde, l’université de Kintélé, le système d’éclairage du viaduc.
Pour ce processus cumulatif de progrès et d’avancées significatives, qui ne peut être réalisé dans un contexte de destruction des édifices et autres ouvrages d’art, le Chef de l’Etat pense que «seuls le dévouement du citoyen pour la communauté nationale et l’abnégation pour le patrimoine commun peuvent encore faire prévaloir le respect de la chose publique. Les efforts de l’Etat pour la prospérité de la Nation et la transformation de notre pays en une société qui se modernise inexorablement doivent s’accompagner d’une véritable adaptation, d’un réel changement de mentalités, d’attitudes et de comportements de tous et de chacun». Il a appelé à un sursaut salvateur pour intensifier la lutte contre l’incivisme. «Il s’agit de reconfigurer et de réadapter la pratique usuelle et quotidienne du citoyen aux exigences actuelles de la société, tel qu’il doit assumer ses devoirs avant de réclamer ses droits. La conscience nationale s’en trouve interpelée», a-t-il conclu.

Cyr Armel YABBAT-NGO