Après avoir écarté la présidente de la Cour constitutionnelle qui lui tenait tête, Faustin Archange Touadéra a désormais la voie ouverte pour espérer s’éterniser au pouvoir. Ce, grâce à un référendum qui non seulement lui permettra de briguer un troisième mandat de sept ans, cette fois-ci, mais surtout de se présenter indéfiniment à chaque élection présidentielle. C’est ainsi qu’il a procédé samedi 15 juillet dernier à Bangui, au lancement de la campagne référendaire dont le vote est prévu pour le dimanche 30 juillet prochain.
Dans la capitale politique centrafricaine, cette campagne est particulièrement animée entre les partisans du «oui», du «non» et ceux qui appellent au boycott du scrutin. Malgré le boycott d’une partie de l’opposition, le Mouvement cœurs unis (MCU) du président Touadéra et ses alliés tiennent des meetings animés. Face à eux, deux partis de l’opposition: le Mouvement démocratique pour le renouveau centrafricain (MDREC) de Joseph Bendounga et l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) de Michel Amine. Les autres opposants réunis au sein du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), boycottent la campagne et le scrutin qu’ils qualifient de mascarade.
A Bangui, des centaines de partisans du MCU organisent des meetings dans les lieux publics et les carnavals dans les rues. Au bord des routes et sur des panneaux publicitaires, on lit des messages relatifs au référendum. «Nous, nous avons décidé de soutenir le Chef de l’Etat pour la simple raison qu’il y a des manquements dans la Constitution centrafricaine, et maintenant, il nous a donné le top pour la modification. Certainement ça va changer beaucoup de choses», a indiqué Romain, un partisan favorable au projet de la nouvelle Constitution. Mais pour Samuel Bissafi, directeur de cabinet du président de l’UNDP qui appelle à voter «non», «la position de l’UNDP, l’analyse de tout ce document pousse à dire «non». Non à une dérive dictatoriale qui va replonger le pays dans ce qu’on appelle le chaos». Dans certains quartiers de Bangui, les militants du BRDC maintiennent le mot d’ordre de boycott. Elisée confie: «Nous n’allons prendre part, ni à la campagne, ni au scrutin et tout ce que nous ferons après, c’est dire au peuple centrafricain de ne pas y participer».
La campagne pour le référendum lancée le 15 juillet prendra fin, vendredi 28 juillet et le dimanche 30 juillet interviendra le vote des électeurs.

Gaule D’AMBERT