La région de l’Ouham-Pendé, située au Nord-ouest de la Centrafrique, souffre de la fermeture des frontières avec le Tchad et le Cameroun, ses principales voies d’approvisionnement pour les denrées et les produits manufacturés. Avec l’intensification des combats entre groupes rebelles et forces pro-gouvernementales ainsi que la militarisation de la zone frontalière, les camions de marchandises restent à l’arrêt. Dans la ville de Paoua, la hausse des prix se fait déjà ressentir.

Les vendeurs s’alarment et connaissent des ruptures de stocks, la situation paralyse l’économie de la région. «Au marché de Paoua l’inquiétude règne», déplore un vendeur. Djamal Fidèle Morbeyangua, secrétaire général des commerçants affirme, pour sa part qu’«au Cameroun, parfois sur la route, on te fait mal, on brûle ta moto, et cela fait que l’on a peur. On cherche à traverser par le Tchad, mais la frontière est fermée et on ne peut pas passer avec les véhicules. Donc les prix augmentent, c’est la loi de l’offre et de la demande».
Les informations provenant de la frontière sont parcellaires et contradictoires. L’on parle de tranchées, de ponts détruits. Mahamat Attahir, gérant des establishments WEST, est sans nouvelles de sa marchandise: «J’attends du riz, de l’huile, du sel, du savon, du café… Tant que les camions restent à la frontière, les prix vont continuer d’augmenter et si ça continue, les gens ne pourront plus rien acheter. Par exemple, le café était à 200 francs Cfa, maintenant il coûte 300 francs Cfa, le savon est passé de 175 à 200 francs Cfa».
«Il nous reste du stock pour une semaine seulement», affirme Abbas Mahamat, délégué des commerçants de Paoua. En cas de pénurie, c’est toute la région qui sera touchée: «Les véhicules ne rentrent plus et ne sortent plus. Il y a des commerçants venus de Bossangoa ou de Bozoum pour venir vider les stocks de Paoua. Et quand les stocks seront vides, qu’est-ce que nous ferons?», s’interroge-t-il.
Maouha Coulibaly, responsable du Programme alimentaire mondial à Paoua, lui, estime: «La RCA est un pays enclavé et tout vient de l’extérieur. Or, avec une population très pauvre, cela devient difficile, car les prix augmentent sur les marchés. Toutes ces zones sont vulnérables, car elles sont éloignées de la capitale Bangui, qui alimente désormais le marché de Paoua».
Le Programme alimentaire mondial fait désormais transiter l’aide alimentaire par la ville de Bouar, plus au Sud, ou par Bangui, la capitale à deux jours de route.

Gaule D’AMBERT