Le président Faustin Archange Touadéra, qui, après le départ des forces françaises, avait signé en 2018 un accord militaire avec la Russie et fait appel au groupe Wagner, se tourne vers Washington pour diversifier ses partenaires militaires. Selon des sources, ce partenariat a été officialisé entre les deux parties.
Les autorités centrafricaines, qui faisaient jusqu’à présent appel à Moscou et au groupe paramilitaire russe Wagner pour le volet militaire, ont justifié le 24 décembre 2023, la conclusion d’un nouvel accord de sécurité signé avec les Américains. «La République centrafricaine est en train de faire un travail de diversification de ses relations», a déclaré le porte-parole de la Présidence centrafricaine, Albert Yaloke Mokpeme. Les Etats-Unis d’Amérique ont ainsi proposé à la Présidence centrafricaine de «former ses soldats, aussi bien sur le sol centrafricain que sur le sol américain», une offre que le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra dit avoir acceptée.
Cette déclaration de Bangui confirme les rumeurs qui ont circulé quelques jours auparavant. Ces rumeurs révélaient que des employés de la compagnie américaine de sécurité privée Bancroft seraient actuellement dans la capitale centrafricaine, pour préparer l’installation du groupe à long terme. «Nous sommes dans le cadre de la reconstruction de l’armée nationale. Dans le cadre de cette reconstruction, nous avons fait appel à des partenaires, parmi lesquels la Fédération de Russie, l’Angola, le Maroc, la Guinée, ainsi de suite», justifie le porte-parole de la Présidence centrafricaine. Il déclare que «tout ce qui peut nous aider à reconstruire notre avenir et à retrouver la pleine force de nos hommes armés et de sécurité, tout ce qui peut nous aider à le faire, nous travaillons avec eux».
Le projet d’un rapprochement entre Washington et Bangui était officieux depuis le début de l’année 2023. En février dernier, des révélations expliquaient que le président centrafricain avait reçu une proposition de l’administration américaine en marge du sommet Etats-Unis-Afrique mi-décembre 2022. Selon des informations, les Etats-Unis avaient donné à Bangui un délai de douze mois pour se séparer des forces russes, en échange de nouvelles modalités de partenariat dans le domaine sécuritaire.
Cette officialisation est perçue comme un retournement de la République centrafricaine, ancienne colonie française, qui, après le départ de l’opération française Sangaris en 2016, s’était tournée résolument vers la Russie pour le volet militaire. Un accord signé avec Moscou en 2018 prévoyait la fourniture d’armes et la formation d’officiers centrafricains dans les écoles militaires russes. Le président Touadéra avait ainsi fait appel au groupe Wagner dès 2017. En cinq ans, d’après certains, la société paramilitaire russe est passée de l’aide militaire à l’ingérence politique et au pillage économique, mettant la main sur les mines de diamants et d’or, ainsi que sur l’exploitation forestière et le commerce d’alcool.
Selon plusieurs sources, après la mort du patron de Wagner Evguéni Prigojine, un mouvement de départ dans les effectifs de Wagner était pressenti. Environ 400 hommes auraient quitté la RCA en juillet.
Azer ZATABULI
