Les partisans du pouvoir ont manifesté samedi 22 octobre dernier à Bangui, en faveur d’un référendum constitutionnel qui permettrait au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat à la tête de la République centrafricaine. Cette journée de manifestation, qui a vu plusieurs milliers de personnes défiler dans les rues de Bangui, intervient en plein bras de fer entre les autorités centrafricaines et la plus haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle.

«Oui au référendum et aux réformes institutionnelles», pouvait-on lire sur les banderoles et pancartes des manifestants, réunis à l’initiative du Front républicain, une organisation politique proche du pouvoir présidée par Héritier Doneng.
«Vous savez, le référendum, c’est une bataille par les urnes, dit celui-ci. Il y a deux camps. Il y a les conservateurs et les progressistes. Moi je suis progressiste, je veux le progrès. Je veux des innovations. Je veux des réformes. Et de l’autre côté, il y a des conservateurs qui veulent bien que cette ancienne Constitution soit maintenue. C’est aux urnes de nous départager.»
Les partisans du président Faustin Archange Touadéra lui demandent d’organiser un référendum dans un délai de 30 jours, et d’abroger le décret entérinant la désignation des membres de la Cour constitutionnelle. Le chef de l’État a fait une brève apparition lors de la manifestation de samedi. Il a fait savoir à ses partisans qu’il les avait «entendus». «Je vous prie de patienter, je reviendrai vers vous dans un bref délai», a-t-il ajouté avant de s’éclipser.
Fin août 2022, le chef de l’État avait créé par décret un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Une telle modification de la loi fondamentale, si elle avait lieu, pourrait lui permettre de briguer un troisième mandat. Ce dernier ne s’est encore jamais prononcé sur le sujet.
Le 23 septembre, après une saisine de l’opposition, la Cour constitutionnelle a annulé ces décrets. Depuis, la présidente de la juridiction, Danièle Darlan, est dans le viseur des autorités.
Le bras de fer continue entre le pouvoir et la présidente de la Cour constitutionnelle. Les autorités de Bangui estiment qu’elle ne peut plus siéger à la Cour, du fait de sa prochaine mise à la retraite de la fonction publique. Une bataille juridique qui dépasse désormais les frontières centrafricaines.
La Conférence des juridictions constitutionnelles africaines (CJCA) a rappelé l’inamovibilité des juges de la Cour constitutionnelle de Centrafrique. La CJCA fait également part de son «soutien indéfectible» aux juges constitutionnels «et à leur tête, la Professeure Danièle Darlan».
Les soutiens du président avaient déjà manifesté leur soutien au projet de réforme constitutionnel le 6 août 2022.

Gaule D’AMBERT