Le commissaire général du Comité ad hoc de suivi des recommandations du dialogue national de Sibiti 2015, Dominique Basseyla, a organisé le 23 juin dernier un point de presse. Pour parler des valeurs du dialogue et du partage, conformément à sa mission de suivi-évaluation de la mise en œuvre des recommandations de ce dialogue qui a balisé le chemin et jeté les bases du référendum constitutionnel qui a conduit au changement de Constitution en 2002.

La première recommandation issue du dialogue de Sibiti fait état de l’institutionnalisation des valeurs du dialogue et du partage. Dominique Basseyla a rappelé le cadre juridique. Pour lui, le dialogue est essentiellement politique. «Le dialogue n’est donc pas un remède qui traite et règle tous les problèmes de la nation, d’autant plus que dans notre société, le dialogue est permanent», a-t-il affirmé.
Le commissaire général du Comité ad hoc a tenté de ramener à l’ordre certains leaders de l’opposition. «Il faut donc qu’on évite désormais de rentrer dans la confusion et la contradiction. Le Congo est gouverné sur la base des textes que nous nous sommes donnés. C’est pourquoi un parti politique, un groupement de partis politiques ou un groupe d’individus ne peut exiger la tenue d’un dialogue national inclusif, qui ne serait que le fruit d’une opération erronée et provocatrice», a déclaré Dominique Basseyla.
Contrairement aux dires de ces opposants qui affirment que le Congo «subit sans répit une crise aigüe, persistante et multidimensionnelle», le commissaire général du Comité ad hoc a dit que le Congo est actuellement une référence et un modèle de stabilité sur le plan institutionnel, politique et économique. «Certains hommes politiques affirment que la situation est alarmante, et ne rien faire serait synonyme de non-assistance à peuple en danger», a regretté Dominique Basseyla qui s’en est pris à ces opposants.
«En s’exprimant ainsi: est-ce une méconnaissance des profondes transformations multisectorielles qui s’opèrent dans le pays? Est-ce un déni de connaissance du contexte politique d’ensemble d’aujourd’hui? Est-ce vouloir faire consciemment ou inconsciemment le jeu de l’étranger qui ne rêve que de changements brutaux et sanglants en Afrique et au Congo? Est-ce répondre aux attentes de ceux qui dans la perspective de l’élection présidentielle de 2026, s’activent dans leurs pensées et dans leurs têtes, en échafaudant des stratégies suicidaires de prise du pouvoir?», s’est-il interrogé.
Dominique Basseyla a indiqué que le temps de la prise du pouvoir au Congo par les coups de canon ou la violence armée est révolu. «Tout Congolais peut exprimer une ambition fort légitime de vouloir accéder à la magistrature suprême. Mais, il ne faut jamais forcer le destin», a-t-il fait savoir.
Il a parlé de la redéfinition du statut de l’opposant politique par une loi organique déterminant son organisation, sa composition et son fonctionnement et sur les mesures d’apaisement de la situation politique.
Parlant du partage qui, selon lui, est un vecteur de solidarité, Dominique Basseyla pense que la démocratie congolaise ne devrait plus comporter des contraintes qui ne favorisent pas la solidarité et le partage. «Il y a donc nécessité d’abattre ces murs par la recomposition du paysage politique congolais plutôt que d’organiser ou d’avoir un paysage politique éclaté en une multitude de formations politiques cloisonnées par des mystiques idéologiques venues d’ailleurs».
La nouvelle architecture politique, a-t-il suggéré, «pourrait se présenter de la manière de trois grands ensembles politiques, trois groupements de partis politiques auxquels pourraient adhérer les partis politiques soit selon leur idéologie, soit sur de simples déclarations d’intention ou même sur la base des pactes de confiance».
Le Comité ad hoc de suivi s’est également appesanti sur la question de la paix, en appelant les Congolais à se rapprocher par le biais de la connaissance et de la pratique du dialogue. «Les Congolais ne doivent pas se laisser tenter par les aventuriers de la politique qui croient qu’ils ont un destin national à assurer. Nous rappelons qu’ils doivent intérioriser la nature consubstantielle du pouvoir politique au Congo», a conseillé Dominique Basseyla à ces opposants.
Et d’ajouter: «Unis, nous allons vaincre les divisions, étouffer toutes les haines, éloigner les ressentiments et barrer la route à toute aventure politique. Unis, nous serons invincibles. Nous devons par conséquent nous serrer autour de la République. Ainsi, la paix et le vivre-ensemble seront restaurés de façon pérenne au Congo. Ainsi compris, le dialogue et le partage seront véritablement les valeurs qui vont réguler la vie politique et institutionnelle de notre pays».

Cyr Armel YABBAT-NGO