
APRES LA DEFAITE DES DIABLES ROUGES CONTRE LE MALI : Hugues Ngouélondelé accuse

Le ministre de la Jeunesse, des Sports, de l’éducation civique, de l’emploi et de la formation qualifiante, Hugues Ngouélondelé, était face aux députés le 22 juin dernier à l’initiative de Guy Patrick Gondzia. C’était au cours d’une séance d’actualité qui a porté sur la contre-performance des Diables Rouges contre les Aigles du Mali et des incidents survenus après le match. Les travaux étaient présidés par Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale.
Député de Dongou, Guy Patrick Gondzia a exprimé au ministre des Sports le ras-le bol des Congolais face aux contre-performances de leur équipe nationale de football battue, une fois de plus, par les Aigles du Mali, le 18 juin dernier au stade Alphonse Massamba-Débat.
Cinq questions ont été posées à Hugues Ngouélondelé. Le match Congo-Mali comptant pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations Côte d’Ivoire 2024 a laissé une désillusion auprès de la population. Pour le ministre, tout est de la faute de la Fédération. Il a parlé des primes perçues par les joueurs évoluant à l’étranger convoqués en équipe nationale. «La prime de match gagné: 5000 euros; prime de match nul: 2500 euros et la prime de qualification: 10000 euros. Une prime de présence était également mise à leur disposition. Un constat réel révèle que cette prime n’a pas permis à notre sport d’être ni plus compétitif ni plus performant. Elle était perçue comme une incitation au moindre effort. C’est pourquoi le ministre en charge des Sports a procédé à sa suppression. Ce qui a suscité beaucoup de salive et de rumeurs», a-t-il admis.
Il a rassuré les députés que cette prime ne servait vraiment pas à primer l’effort. «Elle était évaluée à 2 millions de F.CFA. J’ai eu le temps d’observer pendant près de six ans que je suis à la tête de ce département. On recevait de l’Europe, 28 voire 30 joueurs. Parmi eux, deux ou trois seulement jouaient. Dès qu’ils sortaient de l’avion et installés à l’hôtel, il fallait payer la prime, sinon c’est la grogne. Le match fini, ceux qui n’ont pas joué, repartaient avec deux millions de F.CFA, en poche. Ebonga et ébonga té, toujours meilleur, était d’ailleurs leur devise. J’ai réfléchi et je me suis dit qu’il n’était plus question de payer cette prime pour ne pas encourager le désordre».
Il a fait savoir qu’à la Fécofoot, cette prime était appelée «Dîme». «Les joueurs qui en percevaient, devaient rétrocéder une partie de cet argent quelque part. C’est pour ça que ceux qui ont perdu cette part d’argent ont fait circuler les mauvais messages pour dire que les enfants ne reviennent plus jouer parce que cette prime a été supprimée. C’est faux. Contre le Mali, le chiffre de 18 joueurs qui étaient arrivés contre le Soudan du Sud, est descendu à 10 personne, la «Dîme» ne marchait plus», a-t-il déclaré.
Le ministre a indiqué que cette prime a été remplacée par des frais de mission, conformément aux dispositions réglementant les missions d’Etat en République du Congo, c’est-à-dire 120 000 F.CFA par jour, pour les professionnels. «Les joueurs locaux qui viennent soutenir ceux de la diaspora, n’ont pas droit à cette prime qui n’a jamais été instituée par un texte juridique. Vous êtes présents pour votre pays, on doit vous payer, pourquoi?»
Il a affirmé que les relations entre son ministère et la FÉCOFOOT sont très complexes. Par ailleurs, le ministre a expliqué que l’organisation du football au Congo est à la charge de la Fédération. «Le ministère ne s’ingère pas dans le classement. C’est même interdit par la FIFA. Nous, on observe. Quand ça ne marche pas, tout tombe sur le dos du ministère. Le Congo n’a plus gagné une compétition depuis 2007, ce n’est pas la faute de Ngouélondelé. Le problème est vraiment profond. Nous devons faire du football, un problème national», a-t-il estimé.
Il a regretté le manque de centres de formation de football. «Sans formation, nous ne pouvions pas avoir de bons résultats. Ne rêvons pas. Dans toute chose, il faut se former. Dites-moi, le nom d’un seul joueur congolais qui brille à l’étranger? Nous n’avons personne. Le championnat national est géré par la FÉCOFOOT. C’est là qu’on tire les locaux qui forment l’équipe nationale. Si ce championnat est mal géré ou ne marche, où trouverez-vous les joueurs? On fait venir 30 joueurs de l’étranger pour des mauvais résultats. J’ai dit à la Fédération de prendre toutes ses responsabilités», a signifié le ministre.
Hugues Ngouélondelé a informé que son département a engagé des réformes importantes à travers la loi portant code du sport en cours de promulgation. «Elle contient un certain nombre de dispositions dont la mise en œuvre contribuerait à rehausser le niveau de notre sport, toute disciplines confondues», a-t-il dit.
Au sujet de l’encadrement technique de l’équipe nationale, le ministre a parlé de la signature d’un avenant avec l’entraineur national dont le contrat est arrivé à son terme le 16 juin 2023, afin de lui permettre de poursuivre sa mission de qualification de l’équipe nationale.
S’agissant des dispositions sécuritaires, il a précisé que toutes les mesures ont été prises à l’intérieur comme à l’extérieur du stade lors du match Congo-Mali. «Malheureusement des actes d’incivisme et de vandalisme ont été enregistrés. A ce stade, une évaluation précise est en cours pour déterminer de manière exhaustive le coût des dégâts».
Clôturant la séance, Isidore Mvouba a appelé le ministre à ne pas être défaitiste. Il lui a demandé de clarifier les choses entre lui et la Fédération. Tout en épaulant l’idée de faire du football une affaire nationale, le président de l’Assemblée nationale a proposé d’aller plutôt vers l’organisation des états généraux du sport.
Cyr Armel YABBAT-NGO