Samedi 3 juillet 1982 –dimanche 3 juillet 2022
«La mèche qui fume s’enflammera-t-elle un jour pour éclairer la terre de Goma-tsétsé, où tant de missionnaires ont travaillé depuis 1908?»1

Chers frères et sœurs, prononcées dès l’arrivée de tata Nkounkou à Goma-tsétsé, ces paroles restent d’actualités. Evangélisée pendant trente ans (de 1908 à 1938), cette contrée est restée dix ans (de 1938 à 1948) sans prêtre jusqu’à l’arrivé de tata Nkounkou. Mgr Nkounkou au-delà des difficultés liées à son accueil, à son installation et à sa pastorale à Goma-tsétsé, il a réussi certes par la grâce de Dieu à «enflammer cette mèche qui fumait», mais aussi par la grâce de ceux qui l’affectionnaient et qui étaient très proches de lui; «Vous êtes venus me stimuler. Je vais continuer. Je vais travailler. Je crois que je ne reculerai plus devant les souffrances et les difficultés de mes ouailles. C’est ainsi que je vous prie, mes chers frères, de demander avec moi à Jésus, le grand prêtre qui voit tout, qu’il nous aide pour que nous arrivions à conduire son troupeau jusqu’à la Vie éternelle»2 Mgr Nkounkou avait fait de Goma-tsétsé un centre spirituel d’une attraction sans pareil. Ceux qui en faisaient la découverte ne voulaient même plus s’en détacher. Ils s’y rendaient constamment et permanemment. Il est arrivé que les dimanches, deux messes soient nécessaires en raison du nombre des chrétiens qui allaient crescendo: une à 6h30 et une autre à 8h30.
Mgr Nkounkou faisait donc partie : «de ces directeurs d’âme très attachants. Une fois qu’on l’a connu, on aimait le revoir. Et Mgr savait vous mettre à l’aise par ses points d’esprit. Il ne tarissait pas en humours et récits du passé où la mémoire des dates vous surprenait»3 La pastorale menée par Tata Nkounkou à Goma-tsétsé a ouvert ce village à certains horizons qui jusqu’ aujourd’hui, font que, Goma-tsétsé demeure une référence aussi bien sur le plan spirituel que sur le plan social. Il est spirituellement reconnu de partout comme une contrée qui abrite le Sanctuaire d’Afrique dédié à l’Archange Michel. Un sanctuaire naturel érigé sous les bois, dans une forêt jadis appelée la forêt hantée, où personne ne s’y rendait pour quoi que ce soit. On ne pouvait même pas manger tous les aliments naturels qui y poussaient par exemple les champignons… Mais depuis que cette forêt abrite la mission catholique, tous les aliments naturels sont consommés. Socialement, depuis 1948 (l’année où tata Nkounkou arrive à Goma-tsétsé) le secteur de Goma-tsétsé a connu grâce à Mgr Nkounkou la création d’une quinzaine d’écoles primaires dont les principales sont celles de: Goma-tsétsé, Mbanza-Nguéri, Kiélé-Ténard, Loumou, Djiri, Itatolo, Kibossi, Bantaba et Louwéto. Quelques années après l’indépendance, il fera ériger le premier collège d’enseignement général de Goma-tsétsé. Pasteur intrépide de l’époque, tata Roch Auguste Nkounkou, soucieux de l’éducation et de l’avenir des enfants, fera sortir beaucoup de jeunes de la caverne de l’ignorance à la lumière de l’intelligence humaine et divine. Si nos pères fondateurs (spirituels et politiques) avaient le «symbole» (objet que l’on portait au cou constitué d’une matière répugnante et/ou à odeur nauséabonde) pour stimuler les élèves à bien assimiler leur éducation et rêver d’un avenir meilleur; Tata Nkounkou quant à lui avait le «nsila nkuyu» (une petite chicote faite de la peau d’un Hippopotame séchée et tressée, qui laissait des démangeaisons sur le corps après un fouet). Sa rigueur en matière d’éducation a fait de lui le curé de la discipline. «Autant d’admirables réalisations que son cœur plein d’humilité, qualifiait de peu de choses. Néanmoins, pour ceux et celles qui savent apprécier les efforts des pionniers où des bâtisseurs modestes, ce sont ces choses-là qui lui ont valu à juste titre, au fil des années, une incontestable renommée à Goma-tsétsé.»4
Ceux qui ont bénéficié de sa présence et de ses compétences, après quelques années, ont exulté de joie en ces termes : «Monseigneur! Voici autour de votre auguste personne, vos anciens élèves qui au soir de leur vie, viennent manifester leur reconnaissance à l’auteur et l’artisan à qui ils doivent ce qu’ils sont. Chaînon important de leur éducation, vous avez marqué d’une pierre inaltérable la personnalité de chacun d’eux. Votre zèle dans cette éducation a d’autant plus édifié que tous, tant que nous sommes, avons suivi au cours de notre vie, votre exemple d’endurance et d’abnégation. Monseigneur, soyez en remercié et que le Ciel vous tende l’aile afin que vous continuiez à nous servir comme modèle. Notre joie est grande de vous retrouver et de nous retrouver. Grande aussi est notre fierté de vous savoir notre Maitre, celui qui a guidé nos premiers pas, celui que nous avons toujours consulté quand parfois le ciel de notre course était sombre. Nous vous en savons gré, Monseigneur, et trouvez ici, à travers mon humble propos, l’expression de gratitude de tous vos anciens élèves. Nous prions le Seigneur qu’il vous garde longtemps, nous permettant ainsi de venir boire de temps en temps – si pas souvent, à votre source limpide. C’est notre vœu le plus ardent.» 5
Cependant, après une exubérance d’évènements considérables et dévastateurs qu’a connu et secoué notre pays notamment le Pool (1998-2002-2016), Goma-tsétsé demeure de nos jours dans un éclairage scintillant et latent.
Célébrer le quarantième anniversaire du rappel à Dieu de Mgr Auguste Roch Nkounkou, père fondateur de la mission de Goma-tsétsé, c’est entrevoir et attiser cette flamme pour redonner au village et à la mission catholique de Goma-tsétsé un nouveau souffle de vie évangélique couronné d’Espérance après tant de perturbation et d’instabilité sociale.

Bientôt quarante ans, et alors !

Lors de ses 40 ans de sacerdoce célébrés à Goma-tsétsé le 22 juin 1978, et autour de ses nombreux cadets prêtres, Mgr Nkounkou s’exprimait en ces termes: «C’est la trente unième année que je passe ici à Goma-tsétsé. Je suis ignorant de ce qui se passe, de la nouveauté, de tout. De temps en temps des confrères viennent me voir. Mais aujourd’hui c’est une joie. Voyez-vous, quand les vieux parents voient leurs enfants devenus de grands hommes, qui font de bonnes choses, ils s’en réjouissent. Et cette année voilà que je fête mes 40 ans de vie sacerdotale au milieu de mes frères que j’ai vu naître et qui sont devenus des prêtres.»
Le quarantième anniversaire du rappel à Dieu de Tata Nkounkou que nous (la Confrérie Auguste Roch Nkounkou) souhaitons vivre et célébrer à Goma-tsétsé le dimanche 3 juillet 2022 au cours d’une messe, solennellement, sera une pincée de ferment qui fera lever la terre de Goma-tsétsé. Nourri par la foi en la résurrection, nous certifions et croyons que de là-haut, dans le ciel, comme le jour de ses 40 ans de vie sacerdotale en juin 1978, Tata Nkounkou se réjouira, et les anges avec lui, de voir ses 40 ans de vie dans la gloire du Père se célébrer majestueusement dans sa très chère mission, qu’il a tant aimée. Lui le doyen du clergé de Brazzaville avec l’abbé Eugene Nkakou.
Tout au long de cette année jubilaire consacrée à la mémoire de Mgr Auguste Roch Nkounkou (de juillet 2021 à juillet 2022), ayant tous, frères et sœurs, une pensée pieuse pour notre vénéré pasteur, doyen du clergé du vicariat apostolique de Brazzaville, père fondateur de la mission catholique de Goma-tsétsé, Sanctuaire d’Afrique dédié à l’Archange Michel.

N.B: Nous restons ouverts à toutes vos contributions et suggestions en vue de rehausser et d’enrichir de souvenirs émouvants l’auguste personne de Tata Nkounkou à l’orée de ses 40 ans du rappel à Dieu.

Abbé Hennick MVILA
Aumônier diocésain de la Confrérie Auguste Roch NKOUNKOU
Email : mvilahennick@gmail.Com; Tel : 05.655.87.56 / 05.354.97.13

Notes

1 Philipe Bikoumou, Mgr A. R. Nkounkou, p. 30.
2 Extrait du discours de Mgr à l’endroit de ses cadets prêtres lors de ses quarante ans en juin 1978.
3 L’abbé Emmanuel Vindou, Semaine Africaine du 26 août au 1er sept 1982, p. 15.
4 Guy Menga, Auguste Nkounkou : curé de Goma-tsétsé, publication-OPMANK, pp 7-8.
5 Extrait du discours de ses anciens élèves lors des 43 ans de vie de prêtrise de Tata Nkounkou le 7 juin 1981.