Face à la progression de la pandémie de COVID-19, les deux chambres du Parlement ont procédé le 4 janvier dernier à la prorogation de l’état d’urgence sanitaire en République du Congo, pour une période de vingt jours supplémentaires, conformément à la Constitution.

Cette prorogation intervient après avis du Comité des experts et au terme de l’évolution des mesures prises par le Gouvernement devant l’avancée de la COVID-19.
Pour cela, une nouvelle prorogation de l’état d’urgence sanitaire en vigueur et qui arrivait à terme le 6 janvier 2021, a été jugée indispensable.
La crise liée à la pandémie de la COVID-19 est loin d’être résorbée dans le pays. Pour continuer à lutter contre la maladie, le chef de l’Etat a sollicité du Parlement l’autorisation de proroger pour la quinzième fois l’état d’urgence de vingt jours, déclaré le 30 mars dernier.

L’augmentation des cas inquiète les parlementaires
La situation épidémiologique au Congo fait ressortir un rebond de l’épidémie, confirmé en novembre et au début du mois de décembre. Selon le dernier rapport de la coordination nationale, l’«épidémie de la COVID-19 a repris sa circulation dans le pays de façon plus intense».
En octobre, l’épidémie était à son creux avec un taux de positivité de 3%. Il est passé à 5,5% en novembre. Pendant les dix premiers jours du mois de décembre, ce taux a dépassé les 8%. La ville de Pointe-Noire est, depuis trois mois, le principal foyer de contamination de la COVID-19. Bien plus préoccupant, le nombre de cas actifs et celui des décès ont fortement augmenté dans le pays au mois de décembre.

Ecoles, principaux foyers de contamination
Selon les données du ministère de la Santé, «le virus continue de circuler dans le milieu scolaire. Plusieurs écoles publiques et privées (Lumumba, Saint-Exupéry, école américaine, Remo, Thomas Sankara à Brazzaville; 15 août 1963, Jean Tchimbakala, Tchiamba, et Mvoumvou à Pointe-Noire) constituent des foyers de contamination».
Pour le Gouvernement, le rebond constaté au cours du dernier trimestre de 2020 s’est davantage confirmé un peu partout dans le pays. Cela s’est exprimé par l’augmentation du nombre de cas.
Au 1er janvier 2012, le Congo a enregistré 1162 cas actifs. A la même date, 29 nouveaux cas ont été signalés dans le département de Brazzaville. 182 patients sont hospitalisés dans les sites officiels de prise en charge, 6 sont sous oxygène et 108 ont trouvé la mort. «Ce sont des informations qui nous montrent à quel point nous sommes tenus d’assurer davantage les dispositions de garantie pour continuer à mettre en œuvre de façon beaucoup plus assidue les mesures qui ont déjà prouvé leur efficacité dans notre pays. Le cadre idéal de mise en œuvre de ces mesures, c’est bien entendu l’état d’urgence sanitaire», a expliqué Aimé Ange Wilfrid Bininga.
La sénatrice Odette Massoussa a demandé au Gouvernement de faire une grande campagne de communication à travers des tribunes télévisées pour conscientiser la population sur le danger de la maladie.
«Le Gouvernement devrait être attentif à cette situation particulière. Si nous reprenons le 11 janvier les activités scolaires sans que les précautions ne soient prises en amont, nous risqueront d’aller nos enfants vers un risque», s’est exprimé un sénateur.
Pour Zely Izoungou, cette question doit regarder avec beaucoup de sérieux. «Si on cite quelques établissements, c’est parce que ce sont ceux-là qui ont été visités. Il peut y en avoir aussi bien d’autres?», a-t-il dit.

Des agents de santé véreux à l’aéroport de Pointe-Noire

Peu avant le vote du projet de loi, quelques sénateurs ont manifesté leurs inquiétudes face au danger qui pointe à l’horizon. Jean-Marie Andziba Epouma a interpellé le Gouvernement à la veille de la période électorale.
Pour sa part, Gabriel Zambila a révélé ce qui a plus étonné les sénateurs. «Nous avons constaté à l’aéroport de Pointe-Noire, des citoyens qui reviennent de l’étranger où l’épidémie fait rage avec un test qui date de 72 heures donc valable. A l’aéroport, on leur demande de cacher leurs tests et on leur fait faire des nouveaux tests similaires moyennant une somme de 50000 F.Cfa sans reçu. Sans même donner les résultats, ces passagers passent les frontières. C’est grave. On n’est étonné de voir une recrudescence de la maladie. Ces agents de santé prennent de l’argent de façon indue des citoyens. Les frontières doivent être strictes en matière de contrôle de test. Celui qui n’a pas son test doit être placé en quarantaine», a-t-il déclaré.
Force est de constater que cette disposition est loin d’être appliquée. Les hôtels consignés pour la mise en quarantaine ont rouvert leurs portes aux clients faute de mesures d’accompagnement.
L’un des sénateurs a confirmé les révélations de Gabriel Zambila. «J’ai la preuve: ce constat est réel. Je suis rentré de Paris et j’ai été victime de ces abus. J’ai la preuve parce que j’ai exigé on les suivant dans les couloirs, un reçu qui ne porte ni nom ni cachet que j’ai gardé. J’ai payé 35.000 F.Cfa. On m’a juste prélevé la salive. Le Gouvernement devrait redoubler de vigilance pour mettre de l’ordre à ce niveau. Ceux qui rentrent de l’étranger ne sont pas placés en quarantaine».
Le ministre a pris acte de cette information. «Il s’agit là de révélations graves. Il n’y a pas de place à l’affaiblissement. La rigueur des dispositions légales et réglementaires doit s’appliquer à l’aéroport de Pointe-Noire», a promis Aimé Ange Wilfrid Bininga.
Le président du Sénat a aussi marqué son indignation. «C’est dommage: on ne peut pas se permettre de voir des citoyens faire de tels abus. Les tests sont réalisés, les résultats ne sont pas donnés et l’argent va où?. Ces agents privilégient beaucoup plus leurs intérêts au détriment de la santé des citoyens. Ceci n’est pas tolérable et c’est gravissime! Le Gouvernement doit prendre toutes ses responsabilités», a soutenu Pierre Ngolo.

Cyr Armel YABBAT-NGO